À Bas L’Ennui ! Passez un bon été avec la sélection de Sharksymphonie !

En cette belle saison d’été, il est enfin temps de profiter de vacances bien méritées à la plage, ou à la montagne, ou enfermé chez soi comme moi tel un confiné printanier. Il faut trouver de quoi tuer le temps, nous allons donc regarder une série de notre enfance ou bien lire un livre qui prend la poussière depuis son achat, il y a 5 ans de cela. Ou alors vous faites aussi partie de ces gens qui ont accumulé plein d’œuvres à lire, à regarder, à jouer, et qui pourtant s'affalent dans leur siège en s’exclamant « Diantre, que je m’ennuie, n’ai-je donc point quelque chose qui pourrait me distraire un tant soit peu ? ». Aujourd’hui, je viens vous dire, via ces lignes fort bien écrites, que l’équipe du Porte-Voix a justement des œuvres à vous recommander pour le temps qu'il reste de ces grandes vacances et je vous présente donc ma petite sélection estival. 

Space Dandy

Nous allons commencer tranquillement par un anime de comédie et de science fiction par le studio Bones sorti en 2014 et disponible sur Wakamin, je parle de Space Dandy. Nous suivons ici les aventures (ou mésaventures) de l’équipage de l’Aloha composé de Dandy qui est un … dandy, de Meow, un alien qui ressemble plus ou moins à un chat et de QT le petit robot. Et il n’y a guère plus à dire au niveau du synopsis, la série ne possède une histoire continue qui se tient d’un fil, chaque épisode a sa narration, les personnages peuvent mourir, être happés dans un trou noir, être perdus dans un espace-temps différent ou même atteindre le divin l’épisode suivant, ce sera toujours la même équipe de bras cassés. Le vrai intérêt de Space Dandy sont les petites histoires qui composent la série, qui arrivent à brasser plusieurs genres différents, ce qui fait qu'aucun épisode ne ressemble au précédent. Nous avons une série Z de zombie profondément stupide comme un road-trip sentimental très feel-good. Nous pouvons passer d’épisodes avec un humour profondément puéril à d’autres beaucoup plus poétique et le tout avec les mêmes personnages principaux, ces changements de ton sont en partie dû au fait qu’il y ai un scénariste différent par histoire, ce qui fait aussi varier la qualité de l’écriture. Néanmoins, Space Dandy est une expérience rafraîchissante et est en soit un voyage à travers différents univers artistiques où le/la spectateur-trice attend impatiemment la surprise que sera l’épisode suivant.

Persona 4 The Golden 

Mince alors ! Je parle encore d’un Persona dans une liste ! Toujours est-il que si j’en parle aujourd’hui, c’est en partie parce qu'il est sorti sur PC, le libérant de fait d’une PSVita enterré sans cérémonie et aussi parce que j’associe le jeu à l’été. En partie parce que c’est la saison où je l’ai découvert, mais aussi et surtout grâce à son aspect profondément feel good qui le démarque du reste de la série. Nous suivons ici un protagoniste qui débarque dans une petite ville perdue dans la campagne japonaise afin d’y passer une année, il s’y fait des amis avec qui il va essayer de résoudre une affaire de meurtre lié à un monde parallèle dans lequel ils peuvent utiliser les pouvoirs de leur Persona. Ce qui rend Persona 4 très agréable, c’est en grande partie son ambiance : si le départ de l’histoire n’est pas très joyeux, le gros de l’histoire s’inspire énormément des Buddy Movie et des histoires d’enquêtes comme Détective Conan. Nous sommes donc bien loin du fatalisme pesant du troisième opus ou des nombreux moments oppressants du cinquième épisode. L’aventure est bien plus légère, ce qui nous permet de profiter de l’ambiance de la campagne japonaise. De plus, l’histoire, basée sur l’acceptation de soi et de réussir à avancer en acceptant les autres, fait chaud au cœur malgré quelques sorties plus que moyennes. Qui plus est, Persona 4 est une bonne introduction à la série des Shin Megami Tensei, le jeu n’étant pas spécialement dur sans pour autant donner la victoire gratuitement aux joueur-euses. Maintenant qu’il est disponible sur PC, je ne peux que vous le conseiller. 

Chûnibyoû Demo Koi Ga Shitai
(Love, Chunibyo & Other Delusions!) 1ère saison

Là encore, je ne parle pas de quelque chose de récent. Il s’agit d’un anime du studio Kyoto Animation diffusé en 2011. L’histoire se concentre sur la relation entre un jeune garçon débarquant tout juste au lycée, cachant aux yeux de tous qu’il fut un Chunibyo, et d’une de ses camarades de classes, qui en est encore une et sait que lui l’était. Avant toute chose, définissons ce qu’est un «  Chunibyo », et pour ce faire, je me permets de citer ce qui est marqué au dos de l’exécrable version Blu-ray française de la série : « Trouble illusoire qui touche les adolescents à l’imagination débordante pour les transporter dans un univers fictif où leurs rêves deviennent réalités. » En somme, il s’agit de jeunes se prenant pour des personnages de manga. Si ce postulat de base n’est pas des plus alléchant, il cache cependant une comédie romantique d’une qualité rare. Drôle et touchante, elle se tourne principalement sur à la fois la capacité de rêver tout en grandissant, et celle d’affronter la réalité. L’héroïne, Rikka, est attachante de ce point de vue, si elle est plongée dans ce monde illusoire, ce n’est pas par pur plaisir, mais parce qu'elle est devenue incapable d’affronter la réalité. Nous comprenons donc que, en soit, le Chunibyo n’est pas qu’un amusement, mais vient d’un décalage énorme entre la vie d’enfant et ce qu’attendent les adultes et la société de ces derniers et tout naturellement, iels préfèrent se réfugier dans la fiction. Nous avons donc affaire ici à une œuvre de Kyoani de grande qualité qu’il est bon de découvrir ou de redécouvrir. 

Bloodstained Ritual Of the Night

Une autre manière de passer l’été est aussi de ressasser certains souvenirs, c’est pourquoi je propose à certains gamers de jouer à une véritable madeleine de Proust sortie en 2019. Oui, cela peut paraître étrange, mais c’est parce qu’il s’agit ici d’un jeu de Koji Igarashi, un des concepteurs de Symphony of the night, qui est une véritable suite spirituelle du légendaire Castlevania de la PlayStation. Bon, avant de parler des qualités de jeu, autant crever l'abcès : il est loin d’être moche, mais il n’est pas beau non plus et la direction artistique s’apparente plus à un patchwork douteux qu'à quelque chose de construit. Malgré ce gros défaut, nous nous retrouvons comme à la maison. Michiru Yamane nous refait des merveilles musicales à l’ancienne, quitte à parodier son propre style par moments et, manette en mains, nous remontons plusieurs années en arrière. Le jeu est parfaitement calibré pour ceux qui aiment les vieilleries, le château est un labyrinthe dangereux comme nous les aimons et notre héroïne, Myriam, est à la fois d’une lourdeur et d’une précision fort appréciable. Bon, j’exagère un peu, elle n’est pas aussi raide que Alucard, le jeu est plus proche de Order of Eclesia (sortie en 2008 sur DS), elle a donc une certaine agilité. Le jeu est une vrai petite pépite nous rappelant ces moments passé sur les vieux metroidvania, pour la simple et bonne raison qu’il en est un. C’est donc un jeu que je recommande chaudement, mais il faut accepter de jouer à un titre qui sent le vieux et qui est dur. 

Le Vent Se Lève

Pour conclure cette courte liste, je reviens à la charge non pas avec mon Ghibli favori, mais avec celui qui m’a le plus marqué. Sorti en 2013, Le vent se lève (Kaze Tachinu) est une biographie romancée de Jirô Horikoshi, le créateur, entre autres, du Mitsubishi A6M dit “le chasseur Zéro”, réalisée par Miyazaki. Il s’agit à la fois d’un film très poétique et réaliste, nous assistons aux rêves d’un jeune ingénieur se confronte à la réalité de la guerre. Il doit non pas faire les machines volantes dont il rêve mais des engins de mort, ce qui est notamment montré via des rêves qu’a Jirô. Mais ce film est avant tout une reconstitution de ce qu’est le Japon avant et pendant la guerre. Nous voyons, par exemple, une représentation du terrible tremblement de terre de Tokyo de 1923, qui a dévasté la ville et dont sa reconstruction est devenue la base de la Tokyo moderne, nous avons aussi une vue sur la pauvreté massive qui sévissait à l’époque et qui a été aggravée par la crise de 1929. Mais Miyazaki ne montre pas que ça. Son film permet de voir aussi comment cette guerre a fonctionné, l’armée, les média et l’industrie ont marché main dans la main et dans cette optique là, certaines personnes comme Jirô Horikoshi se sont vu accoler l’image de savant-héros et ce parfois contre leur gré. La pensée individuelle est balayée d’un revers de main par le consciencium idéologique promut par les autorités et les puissants aux Japon, il n’y avait pas de place pour une quelconque opposition et de toute façon elle ne pouvait fuir. Ainsi, le Jirô du film n’a pas de mot à dire sur ses créations, il ne peut qu'assister impuissants aux événements et à la manière dont on s’en sert. Le film est, je trouve, un excellent regard sur la guerre Asie-pacifique du point de vue japonais. Le propos ne place pas le Japon en victime, mais explique que c’est un peuple appauvri, manipulé et contrôlé par ses autorités, qui subit les événements. C’est la fois une belle œuvre et une qui permet au spectateur-ices occidentaux-ales de découvrir autrement ce morceau de l’Histoire japonaise. 

Sur ce, cette sélection d’œuvres pour l’été 2020 touche à sa fin. Pour moi, cette saison est aussi le temps pour l’introspection et de pêcher au fond de ma mémoire ce qui m’avait touché et plu. C’est pour cela qu’il n’y a rien de réellement nouveau, nous touchons ici à un passé récent et chaleureux. C’est aussi une bonne chose de revenir sur ce que nous avons vu des années auparavant, avec l’expérience et les savoirs gagnés entre temps nous arrivons parfois à une compréhension nouvelle de ces œuvres ou tout simplement nous nous rappelons juste pourquoi cela nous a plu. J’espère en tout cas que vous passez un bon été, et cultivez vous ! 

Sharksymphonie
Article corrigé par Mahikan

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