Mes Personnages de Fiction Favoris – Éd. 2020 – Hel

« Salutation », comme disent certains robots roux portant des noms de pièces de monnaie.
La légende raconte qu’il y a quelques semaines, quelque part, quelqu’un a suggéré l’idée de présenter quelque-uns des personnages que nous préférons, quel que soit le type d’œuvre. Étant dans une démarche de procrastination intense à propos d’autres types de rédactions présentes dans ma tout-doux liste (oui, ma liste est en authentique poil de Jackalope 1. La direction tient à certifier qu’aucun animal mythologique n’a été maltraité lors de la réalisation de cet article. Tous nos articles en poil de Jackalope proviennent de trouvailles en forêt lors des périodes de mue ), j’ai donc décidé de proposer ma modeste participation, n’ayant pas eu l’occasion de m’essayer à cet exercice par le passé.
Je ne suis pas, de base, quelqu’un qui hiérarchise les personnes ou les personnages. La personne que j’aime vous confirmera que je peux appeler cinq personnages différents d’une même série « mon bébé » parce que j’adore tel aspect de sa personnalité, tel arc de son développement, telle réaction à tel moment, etc. Comment décider alors de quelles œuvres et de quels personnages parler ? Je pense que c’est un doux mélange entre ma capacité à m’identifier à elleux et leurs principes - mes principes étant basiquement la chose la plus fiable chez moi.
Sans plus attendre, je vous propose donc de passer aux dix personnages dont je souhaite vous parler aujourd’hui !

L’Impératrice – Elizabeth Mably (Freezing)

Je tiens à souligner ici que je commence par la série la plus cursed (d’habitude on laisse le domaine du cursed à Sharksymphonie). Freezing n’est… Pas un anime que je recommanderai. Pas parce que l’histoire n’est pas intéressante : l’univers créé a beaucoup de potentiel. Plutôt à cause de son fan service indécent, de son écriture très stéréotypée des personnages féminins (qui sont pourtant très nombreux afin d’alimenter le fan service) et de certains thèmes très mal abordés (inceste et harcèlement scolaire notamment).
Pourtant, dans cet océan de médiocrité, une perle rare scintille. Cette perle, c’est Elizabeth Mably, Pandora de 3e année à West Genetics.

Pour pouvoir parler d’elle plus librement, je vais vous résumer un peu l’anime : Freezing se passe dans le futur. La Terre est régulièrement attaquée par des entités extra-terrestres (les Nova), et le seul moyen de lutter contre ces dernières est d’utiliser des jeunes filles compatibles génétiquement avec des implants (les Stigmates) issus des Nova, qui leur donnent des pouvoirs sur-humains leur permettant de combattre les Nova. Ces jeunes filles, les Pandora, sont formées au combat et se lient avec un ou plusieurs jeunes garçons, les Limiteurs, qui vont les soutenir pendant le combat, notamment grâce à une compétence appelée Freezing (dont on ne parle quasiment jamais MAIS c’est le titre du manga et de l’anime, donc autant le mentionner). Dans la seconde série, Freezing Vibration (qui, à ma connaissance et contrairement à ce qu’on pourrait penser, n’est PAS sponsorisée par une marque de jouets pour adultes), un nouveau groupe de jeunes filles, incompatibles génétiquement avec les Stigmates, sont entraînées avec des Stigmates artificiels (et sous fond d’expérimentation humaine) pour obtenir certains des pouvoirs des Pandora et ainsi contribuer à la lutte contre les Nova malgré leur incompatibilité génétique. Ces jeunes filles sont appelées E-Pandora.
Les présentations étant faites, laissez-moi parler d’Elizabeth.
Elizabeth est très peu mise en scène dans la première série, où elle se contente surtout de contempler de haut tout ce qui se produit autours des personnages principaux tout en se baignant nue dans une piscine vide. Elle a son instant badass dans la fin de la série, mais cela s’arrête grosso-modo à ça. C’est donc une très agréable surprise que de la voir dans Freezing Vibration, où elle joue un rôle beaucoup plus important.
En effet, Elizabeth est une meneuse dotée d’un sang-froid, d’une analyse et d’une bienveillance très appréciable. Là où d’autres Pandora tracent une limite nette entre leur statut et les E-Pandora, Elizabeth les considère dès le premier épisode comme dignes du titre de Pandora (et du statut social qu’elles pourraient revendiquer par la suite) car, même incompatibles avec les Stigmates, elles ont fait le choix d’accepter de mettre leur vie en jeu pour l’humanité tout comme les Pandora compatibles. Plutôt que de profiter d’une occasion de diviser les guerrières, elle fait donc le choix de tenter d’unir ces deux groupes, choix qu’elle renouvelle au fil de la saison, par des décisions aussi banales que de s’asseoir aux côtés de E-Pandora pour déjeuner tout comme en s’engageant devant elles à faire de son mieux pour les rendre plus fortes.
Élevée par une famille noble, elle a reçu de son père la notion de « Noblesse Oblige », qu’elle s’est appropriée. La notion présentée par l’anime est très différente de celle utilisée en Occident, et traite plutôt de la responsabilité, en tant que personne bénéficiant d’un statut social élevé, vis-à-vis de celleux en-dessous de soi. Elizabeth, en tant que Pandora et en tant qu’héritière, considère qu’elle a donc un devoir d’autant plus fort vis-à-vis des autres Pandora (notamment les E-Pandora, qui pour certaines ont vécu dans une grande précarité), et considère son devoir de Noblesse Oblige comme « Le courage de ne pas avoir peur de se blesser pour protéger ceux qui sont plus faibles que soi ». Loin de l’hypocrisie, elle met les actes au service de ses paroles en utilisant l’influence de sa famille pour défendre les autres, quitte à en subir de graves conséquences.
En général, les média proposent deux types de meneureuses. Il y a celleux qui le sont parce que leur situation sociale les a placé là, et que donc iels seraient par essence compétent’e’s pour ce rôle (par exemple Simba dans Le Roi Lion) et celleux qui, par leurs compétences uniques (et pas forcément liées au fait de savoir mener autrui), seraient par magie éligibles au sacro-saint rôle de chef’fe. Ces deux types peuvent parfois fusionner, ce qui donne par exemple le très pertinent (non) choix de placer Harold au rôle de chef dans Dragons 2 sous prétexte qu’il est le fils du chef, qu’il s’y connaît en dragons (*a toujours pas trouvé le rapport*) et, probablement, parce que c’est lui qu’il a le plus gros engin (je parle bien évidemment du fait que Krokmou devienne le plus puissant dragon du coin). Bref, ici la situation est bien différente : Elizabeth, par sa naissance et le fonctionnement actuel de la société, hérite d’un statut social élevé, mais plutôt que de se contenter de ses privilèges tout en cultivant son incompétence, elle choisit de mettre son énergie, sa génétique et lesdits privilèges au service d’autrui – l’humanité en devenant une Pandora et toute personne vulnérable qu’elle pourrait aider en tant qu’héritière des Mably.

En bref, je n’irai pas jusqu’à dire que Freezing est un bon anime pour autant ni qu’il est probable qu’Elizabeth ne vienne avec nous à la prochaine manif anticapitaliste, mais elle a le cœur et la détermination d’une bonne meneuse - celles qu’on écoute parce qu’on sait que leurs intentions sont bonnes et qu’elles combattront à nos côtés -, et elle mérite donc une place dans mon cœur ET dans cet article !

Le Lion Stratège – Tyrion Lannister (A Song of Ice and Fire)

Je pense qu’au vu du succès qu’a eu la série adaptée de ce roman, A Game of Thrones, je n’ai pas besoin de faire une présentation précise de l’univers que George R. R. Martin a si minutieusement créé. Je ne parlerai par ailleurs que du personnage du livre, celui-ci m’ayant bien plus captivé que la série dont j’ai, au final, décroché assez vite.

Tyrion est le plus jeune fils de la branche principale de la puissante famille Lannister et, malheureusement pour lui, il commence avec de sérieux malus de base dans la société comme dans la famille. En effet, il semblerait que, dans les 7 Royaumes, naître nain aux yeux vairons ne soit pas particulièrement bien vu et que le fait que sa propre mère contribue personnellement aux statistiques sur la mortalité périnatale en le mettant au monde ne soit pas ultra apprécié chez les Lannister. Notre personnage se retrouve donc dans une situation ambiguë où il fait à la fois partie d’une famille (très) riche et puissante et est profondément haï par sa grande sœur et son père (grosse ambiance aux repas de famille). Il ne manque toutefois pas de talent pour s’adapter puisqu’il devient un excellent stratège et maîtrise parfaitement l’art de la parole – qu’elle serve à diriger les Clans des Montagnes ou à mettre sa sœur en rage (ce qui, d’après son expérience, tend à la rendre moins bonne stratège).
Aussi intelligent soit-il, je ne vais pas vous mentir, je m’en contrecarre un petit peu. Des personnages intelligents, il en existe des milliers, et si c’était le seul point entrant en ligne de compte j’aurais aussi vite fait de vous parler d’Ulysse, dont les aventures ont bercé mon enfance. Ce que j’aime le plus chez Tyrion c’est que contrairement à une majeure partie des personnages, il essaye réellement de construire quelque chose de bénéfique pour toustes. Cela se voit notamment lorsqu’il fait un détour par Winterfell pour proposer à Bran un type de selle adaptée à son handicap afin de lui permettre de remonter à cheval ou, lorsque nommé Main du Roi, il choisit d’utiliser ce pouvoir pas uniquement pour son propre intérêt mais également pour rendre la Justice, en essayant notamment de freiner son neveu et d’éviter la prise de décisions violentes envers le peuple. En cela, le personnage devient bien plus intéressant, car il n’est pas uniquement un stratège agissant pour ses intérêts propres mais un personnage qui doit composer en permanence entre son intérêt personnel et celui d’autrui. Ce n’est pas le seul personnage à vivre ce type de situation : Jon, Daenerys et Ser Davos en sont d’autres exemples, mais Tyrion, à l’heure actuelle tout du moins, en est l’exemple le plus poussé.

L’enseignant tentaculaire – Professeur Koro (Assassination Classroom)

Il faut que je le dise : j’adore Assassination Classroom. Certes, cette série a de gros défauts, comme son écriture des personnages féminins absolument catastrophique, la misogynie qui l’accompagne et certaines maladresses concernant le domaine pédagogique. Mais cet anime dégage tellement de bienveillance dans ce domaine que je ne peux que l’apprécier – et écouter certaines des musiques de la bande son, qui sont de petites perles à elles seules.

Même si c’est déjà très évident dans les premiers épisodes, la suite ne fait que confirmer que l’objectif de Koro est avant-tout de veiller sur ses élèves et de leur apporter le soutien dont iels ont besoin. Et il le fait – à quelques exceptions près – terriblement bien. Auprès des étudiant’e’s, il veille à se rendre disponible et à leur écoute, il se renseigne sur les sujets qui les passionnent, adapte sa stratégie pédagogique en fonction de leur niveau, leurs forces et leurs faiblesse. Il leur propose également des objectifs au fur et à mesure de l’année pour les stimuler sans les mettre directement face à un mur ainsi que des temps plus légers leur permettant de se reposer et d’apprendre dans d’autres conditions. Auprès du reste de l’équipe pédagogique, il défend ses élèves quitte à affronter sa propre hiérarchie, en se mettant lui-même en danger mais surtout en misant sur les réelles capacités de ses étudiant’e’s, démontrant donc qu’il ne s’agit pas juste de ses principes mais d’une réalité : les enfants jugés « cancres » peuvent tout aussi bien être des élèves moyen’ne’s, bon’ne’s voire excellent’e’s lorsqu’iels sont dans un milieu scolaire bienveillant et stimulant, dans un lieu privilégiant la coopération à la compétition, et où les enseignant’e’s prennent le temps de se cloner – euh, de se pencher sur leur table pour leur expliquer les choses.

Alors certes, on a ici affaire à une créature se déplaçant à Mach 20, capable de vous faire une manucure complète pendant que vous essayez de l’assassiner, mais les grands principes pédagogiques que Koro-sensei met en œuvre sont, à quelques extrapolations fantaisistes près, les mêmes que ceux qu’une classe nécessite pour fonctionner (mais forcément vu qu’en France on supprime de plus en plus de profs et de budget ça risque pas d’aider les enseignant’e’s à mieux accompagner leurs élèves MAIS BON). Il n’est pas toujours parfaitement bien écrit (en plus de son obsession un peu trop marquée aux poitrines féminines, à une occasion il en vient à la punition corporelle suite à une grosse erreur des enfants), mais la série a l’avantage d’être assez grand public (c’est à la base un shōnen, c’est-à-dire un manga ciblant les collégiens) et, si certaines scènes me donnent certes envie d’insulter l’auteur en malgache, le personnage est quant à lui suffisamment intéressant pour nous donner envie de le suivre sur le chemin de l’école, comme l’écrivait un jour Ipemf.

Le Roi Juste – T’Challa (Marvel Cinematic Universe)

J’ai déjà beaucoup parlé de T’Challa dans notre premier podcast du Mégaphone, mais comme j’aime bien radoter je vais en reparler ici, avec des spoilers pour les personnes qui n’ont pas vu les films du MCU où il apparaît (c’est-à-dire Captain America : Civil War, Black Panther, Avengers : Infinity war et Avengers : Endgame)

T’Challa apparaît pour la première fois en tant que prince héritier d’un royaume africain fictif : le Wakanda. Malheureusement pour lui, cette première apparition est aussi la dernière de son père, T’Chaka, qui décède dans un attentat. Notre prince hérite alors d’un double rôle : celui de Roi du Wakanda mais également celui de Black Panther, le nom d’un super-héros dont les capacités physiques sont décuplées et qui a le devoir de protéger le Wakanda. Si sa première volonté semble être de venger son père, une fois confronté au véritable tueur il refuse de se livrer à une violence colérique ou une vengeance cruelle comme celles auxquelles le cinéma hollywoodien nous a habitués, en empêchant le régicide de se donner la mort et le livre à la justice.
C’est ce qui va, pour moi, caractériser ce personnage, même dans les films suivants : le fait d’être à la tête d’un pays ne fait pas de lui un homme qui refuse de respecter les lois ou qui s’autorise à être injuste. Dans Black Panther, découvrant qu’il a un cousin qui a été abandonné aux État-Unis et dont l’existence a été tue, il accepte un duel avec ce dernier pour le titre de Roi du Wakanda. Les raisons ne sont jamais formulées ouvertement, mais pour moi c’est clairement dans le but de réparer ces injustices. De même, il se refuse à tuer M’Baku, le chef des Jabari, lors de leur combat, incitant ce dernier à déclarer forfait.

T’Challa est un roi capable de montrer sa supériorité sans en oublier son humanité, de vaincre sans tuer, d’apporter la justice plutôt que la vengeance. De par son rôle de Black Panther, il ne reste pas un dirigeant manipulant des pions dans son château, loin de tout danger, mais part en première ligne pour vaincre les plus grandes menaces qui planent sur son peuple. En bref, il fait partie de ces modèles de meneureuses qu’il faudrait selon moi représenter davantage (et sa relation avec sa petite sœur est tout simplement excellente, j’adore ces deux-là).

L’infirmière la plus badass de l’Amérique – Penelope Alvarez (One Day at a Time)

Penelope Alvarez est le noyau central de la série One Day at a Time. Infirmière qui a servi dans la guerre en Irak, elle est mère célibataire de deux enfants et demi (le demi restant étant constitué de son propriétaire) qu’elle essaye d’élever de son mieux avec l’aide de sa mère, une fière Cubaine à tendances égocentriques.

Cette série, malgré quelques maladresses, est très bien écrite, notamment au niveau de ses personnages. Penelope en est un exemple parfait car elle est complexe sans être incompréhensible, bienveillante être une sainte, drôle être réduite à une clown, badass sans être une représentation misogyne.
Elle est dépressive et handicapée par des douleurs chroniques liée à un accident en Irak, ce qui lui permet d’aborder la question des syndromes post-traumatiques et de l’ingérence des Etat-Unis concernant les ancien’ne’s combatant’e’s retournæs sur le territoire. En tant que femme racisée, elle est confrontée au racisme et au sexisme, aux injonctions au mariage et à la maternité. En tant que mère, elle doit s’interroger sur les choix à prendre : jusqu’où protéger, quand punir, comment prendre en compte le besoin de reconnaissance sociale, les orientations amoureuses et la vie sexuelle de ses enfants. Et une fois tout cela géré, elle doit encore affronter ses propres contradictions et ses propres peurs internes, trouver ce dont elle a besoin ou envie, exister.
Et, spoiler alert, si ça marche aussi bien… C’est parce qu’elle a cette bienveillance interne, qui équilibre naturellement les choses. Elle ne sait pas tout, elle fait des erreurs, mais elle est capable d’aller voir autrui pour poser des questions, essayer de comprendre, revoir son jugement et s’adapter.

Il est difficile de parler en exemples concrets sans partir dans le spoil (et Dieu sait que j’ai envie de parler en exemples concrets), mais cette série est une véritable pépite, abordant des sujets importants avec une douceur et un humour parfaitement bien dosæs, et je ne souhaite pas vous en dire trop pour vous laisser le plaisir de découvrir les multiples facettes de ce personnage qui illumine tant cette série.

L’homme qui danse sur la glace – Yuri Katsuki (Yuri!!! on Ice)

J’en ai bien évidemment parlé dans mon article : j’adore la série Yuri!!! on Ice. Et si chaque personnage a une personnalité unique et bien plus travaillée que ce qu’on pourrait penser à premier coup d’œil, mon chouchou est et restera toujours Yuri Katsuki, le personnage principal.

Nous sommes désormais à la seconde moitié de cette liste, et je pense que ces 5 derniers personnages sont des celleux qui revêtent, en plus de leurs multiples qualités objectivables, une importance émotionnelle très forte. Pour Yuri, il y a beaucoup, non, énormément de ça.
Yuri!!! on Ice commence par la Finale du Grand Prix, à laquelle Yuri vient de se ramasser. Le patinage artistique est sa passion depuis l’enfance et il vient de se planter lamentablement à cette compétition internationale de haut niveau. La cause ? Un manque terrible de confiance en soi, associé au décès de son chien et à sa vie loin de sa famille. Heureusement, par un concours de circonstance, un patineur qu’il admire depuis toujours découvre son talent et décide de devenir son coach afin d’en faire le prochain vainqueur du Grand Prix.
Je pourrais vous parler d’à quel point Yuri est un personnage qui évolue au fil de la série, de la pertinence de ses questionnements, de sa relation avec Victor Nikiforov. Mais, plus honnêtement, ce qui m’a touché le plus c’est sa ressemblance avec moi. Du haut de mes 23 ans, hantæ par les démons qui m’entraînaient toujours plus bas dans la spirale de l’échec scolaire alors même que je fais les études pour lesquelles je me suis battu’e toute ma vie, à des kilomètres de ma famille et de ma chienne et toujours à la recherche d’une confiance en soi qui semble être introuvable chez moi, je regardais ce premier épisode. Et j’y ai contemplé un homme aussi perdu que moi, aussi terrorisé que moi, qui pleurait dans les toilettes de la patinoire en demandant pardon à ses parents pour son échec. Qui ne sait plus ce qu’il doit faire, entre son amour pour son métier et sa peur de ne pas être à la hauteur, entre son amour pour ses proches et sa peur de les décevoir.

Yuri!!! on Ice, c’est l’histoire d’un patineur qui peut vivre sa passion. Grâce à beaucoup de douceur, de la maladresse, de la rivalité constructive et affectueuse. Yuri!!! on Ice nous rappelle que, lorsque l’on est dans un contexte propice et entouræ de bienveillance, alors on est capable d’apprendre, d’évoluer, de se surpasser. C’est, certes, en partie dû à sa multitude de personnages, principaux et secondaires, et à leurs relations passionnantes. Toutefois, pour moi, si cette série a autant de sens, de pertinence, d’importance, c’est avant tout par ce personnage qui me fait tant écho : Yuri Katsuki.

La meilleure des féministes – Elena Alvarez (One Day at a Time)

Je vous ai parlé de sa SuperMaman un peu plus haut, maintenant il est temps de vous parler de ma chouchoute of al times dans cette série qu’est One Day at a Time : Elena Alvarez !

Elena est, basiquement, le personnage que j’aurais voulu voir à la télévision étant enfant. C’est une jeune fille brillante sur le plan scolaire qui passe le plus clair de son temps à militer contre les injustices de cette planète. Qu’il s’agisse de mettre en place un système de compostage à l’école, de protéger une amie dont les parents ont été expulsés du pays ou de préparer des pancartes pour la prochaine manifestation contre les LGBTphobies, elle est toujours disponible et motivée. Et ça, ça parle à la fois à la version enfant de moi qui, dès le primaire, débattait écologie mais également à la personne que je suis aujourd’hui, qui conserve un esprit militant que seul mon manque chronique d’énergie arrive à freiner. Qu’il s’agisse de son enthousiasme à l’idée de faire un monde meilleur, de sa colère qu’elle sait mobiliser afin de faire aboutir ses projets ou de son manque total de compétences sociales qui la rend totalement bizarre socialement, elle a tout pour me plaire. Je dois avouer qu’au début de la série, j’avais très peur qu’elle soit réduite à un cliché de la militante qui se bat «pour n’importe quoi » (comme disent les personnes qui défendent le statu quo des inégalités et qui ne voient donc jamais le problème, quel qu’il soit), et si la série est parfois maladroite sur certains sujets (typiquement le coup des pronoms, qui sont d’ailleurs TRÈS MAL TRADUITS SUR NETFLIX *part hurler dans une autre salle*) elle a su trouver un très bon équilibre. Comme tous les personnages de cette série, elle est capable d’écouter et de se remettre en question, de faire preuve d’empathie, de détermination et de courage, et si jamais j’avais dû avoir un’e adelphe, j’aurai définitivement adoré l’avoir elle.

(Point bonus : sa meilleure amie est géniale ET elle a une relation amoureuse TROP CHOU avec une personne non-binaire aussi adorable et décalæ socialement qu’elle)

L’expérience – Stevonnie (Steven Universe)

Pour rester dans une certaine forme de continuité, il est temps maintenant de parler de Stevonnie. Pour faire simple : Stevonnie est flamboyant’e, Stevonnie est intelligent’e, Stevonnie est badass et, globalement, Stevonnie est parfait’e.
Voilà, c’est bon. Comment ça, ça ne suffit pas ?

Pour celleux qui ne connaissent pas encore Steven Universe, je n’ai qu’un seul conseil à vous donner : prenez-vous une soirée avec un plaid, une boisson chaude, et lancez la série. Si l’intrigue met un peu de temps à se développer en premier plan (parce que, croyez-moi, beaucoup de choses se passent en arrière-plan dès les premiers épisodes, pour celleux qui ont un œil attentif), elle saura vous captiver, le tout dans une ambiance pleine de douceur et sans s’empêcher d’aborder de nombreux sujets sérieux (dont les attentes des parents, le deuil, l’estime de soi, grandir dans l’ombre de quelqu’un d’autre…) avec pertinence et constructivité.

Dans cet univers arrive, telle une étoile flamboyante, le personnage de Stevonnie. Ni gemme, ni humain’e, iel est dès le début accueilli’e positivement, et les autres personnages y font toujours référence avec un pronom neutre (they en anglais). Si je fais partie des individus qui souhaiteraient avoir plus de personnes non-binaire humaines en terme de représentation (plutôt que des robots, extra-terrestres ou créatures fantastiques auxquels, certes, on peut toujours s’identifier mais qui… Ont le grand défaut de ne pas exister dans notre société, quoi), Stevonnie est un peu mon exception qui confirme la règle. Les moments où iel apparaît sont toujours des moments agréables ou intéressants (genre son moment de panique en pleine soirée, tellement compréhensible et tellement peu abordé), iel est certes trop peu présent’e à mon goût dans la série mais son évolution en parallèle des personnages principaux est tout aussi notable. Enfin, l’épisode Jungle Moon est un de mes épisodes coup de cœur, et a achevé de sceller mon amour pour ce personnage dans mon petit organe palpitant.

Le Prince maudit – Ashitaka (Princesse Mononoke)

Je ne m’attarderai pas ici sur l’œuvre dont les deux derniers personnages de ma sélection sont issus. Pas par manque de chose à dire (j’aurais de quoi casser le record de caractères du site sans difficulté) mais parce que ma relation à ce film est bien trop personnelle pour être synthétisée en quelques lignes. A la place, je vais parler d’Ashitaka.

Ashitaka est le dernier prince d’une tribu Emishi et, en voulant protéger son village d’un démon, se retrouve maudit par celui-ci. Cette malédiction est représentée par une blessure physique reçue du démon, une tache violacée sur sa peau qui ne peut que s’agrandir et le faire souffrir jusqu’à la mort. Il choisit alors de quitter son village à jamais, dans l’espoir de comprendre ce qui a pu arriver au démon (autrefois sanglier) qui l’a maudit et, si possible, de sauver sa propre existence. Pour cela, il a pour objectif de porter sur le monde un regard sans haine, car haine et colère ne font que décupler les forces maléfiques contenues dans son bras, à l’origine d’une énorme puissance mais également d’un agrandissement accéléré de la tache.
Ashitaka, comme tout humain, est sujet aux émotions et va donc, par moment, échouer à garder cette position de regard bienveillant, sans jugement. Ce qui est intéressant ce sont les circonstances : il s’agit toujours de moments où il est spectateur de violences et de la souffrance que ces violences engendrent. Par ailleurs, il tente lui-même de réguler cette puissance meurtrière autant que possible, et ce soit en gérant la douleur (donc la gestion de l’émotion elle-même), soit en maîtrisant son propre bras (donc la gestion de sa réaction), ou soit en tentant de calmer la situation (donc la gestion de l’origine de l’émotion). C’est intéressant parce que dans la plupart des œuvres, la colère masculine est effectivement représentée comme une source de puissance, laquelle est valorisée. Ici, certes elle lui permet de survivre et, éventuellement, de protéger autrui, mais elle est associée à une malédiction : si tu ne sais pas gérer ces émotions négatives, tu détruiras autrui et tu te détruiras toi-même.
Toutefois, en dehors de ces rares instants, il fait preuve d’un grand calme et présente un profond respect envers les autres êtres, humain’e’s comme animaux, indépendamment de leur statut social. C’est ce respect qui l’incite à prendre parti au sein du conflit qui oppose la forêt à la forge, non-pas en choisissant l’un des deux camps mais en valorisant le dialogue plutôt que la violence. C’est aussi parce qu’il a ce respect envers autrui qu’il manifeste son regret d’avoir été violent et qu’il fait en sorte d’y avoir recours le moins possible, préférant esquiver, fuir ou prévenir avant d’en arriver aux mains (qu’il sait pourtant fort bien détacher du reste de ses adversaires).

Ashitaka est un des personnages des plus bienveillants qu’il soit, qui tente au mieux de respecter des principes de vie au final extrêmement sains : respecter autrui, ne pas entrer dans le jugement ou la violence. En cela il constitue un exemple que nous serions, je pense, nombreuxses à devoir suivre.

L’enfant-louve – San (Princesse Mononoke)

Pour conclure cette sélection de personnages, je me devais évidemment de parler de San.

San a été élevée par Moro au sein de la tribu de cette dernière et a choisi de lutter contre la destruction de la forêt aux côtés de ses adelphes et de sa mère. Sa proximité avec les autres membres de la tribu est peu évoquée directement dans le film et se limite principalement à Moro faisant référence à San comme sa fille et réciproquement. San semble avoir un statut hiérarchique légèrement supérieur à ces deux adelphes puisqu’elle leur donne certaines consignes et qu’ils lui demandent l’autorisation de faire certaines choses. Il y a également une certaine complicité entre elleux, ses frères cherchant volontairement son contact à plusieurs reprises.
Elle fait preuve d’une détermination forte lorsqu’il s’agit de défendre ses convictions, capable de sacrifier sa propre vie pour protéger la forêt contre l’humanité. Elle est toutefois capable de mettre de côté sa haine des humain’e’s pour Ashitaka lorsqu’il est jugé digne de confiance par le Dieu Cerf, de le protéger et de le soigner le temps que celui-ci ne redevienne autonome. Par ailleurs, si sa détermination pourrait être de prime abord imputée à l’influence de Moro, cette dernière prend toutefois soin de lui rappeler que d’autres options s’offrent à elle si elle souhaite mener une vie différente, et c’est bien San elle-même qui fait ses choix en connaissance de cause.
Enfin, elle a cette spontanéité que l’on pourrait supposer liée à son évolution dans un monde dénué des codes sociaux humains. Cela se voit notamment dans son attaque de la forge où tout dans son comportement est mis en opposition avec les humain’e’s et notamment Dame Eboshi, qu’il s’agisse de sa façon de se tenir, de se battre ou de crier. Là où Dame Eboshi est l’humaine qui semble en permanence dans le contrôle et la technique, San est la louve qui se bat avec tout son corps, ses tripes et ses convictions.

On est loin des discours charismatiques précédant de grandes batailles, des alliances secrètes entremêlées de trahisons pour arriver à ses fins, des stratégies complexes et autres petits jeux de pouvoir. Ce film ne nous présente pas une guerrière, une meneuse ou une stratège, même si elle montre clairement des aptitudes dans ces domaines. Ce film nous montre un personnage qui agit par conviction, pour protéger son monde et celleux qu’elle aime, et qui y met tout son corps et toute son âme. Et même vingt ans après sa sortie en France, c’est toujours aussi percutant émotionnellement.


Je m’arrête ici pour ma part. J’aurais voulu parler de moult autres personnages – certains évoqués, d’autres non -, développer encore davantage d’aspects de ceux présents ici, mais j’ai fait le choix d’écouter cette vieille légende selon laquelle je ne serais pas supposæ faire exploser le score du nombre de mots à chaque nouvel article alors je me contenterai d’infodump une énième fois les personnes qui me sont proches pour compenser. Je ne peux qu’espérer que cet article vous aura permis de voir ces personnages sous un angle nouveau ou, au contraire, fait sourire en constatant la similarité de nos points de vue. Dans tous les cas, je vous remercie de m’avoir lu’e et vous souhaite de passer une agréable journée.

Ah, et n’oubliez pas : si vous le pouvez et que vous le voulez, cultivez-vous !

Hel

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Hel

Notes

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1 La direction tient à certifier qu’aucun animal mythologique n’a été maltraité lors de la réalisation de cet article. Tous nos articles en poil de Jackalope proviennent de trouvailles en forêt lors des périodes de mue

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