[Interview] Cordélia – Princ(ess)e LGBT

Bonjour à toutes et à tous !
L'une de ses chaînes parle des questions de genre, de sexualité et d'identité, l'autre, tout comme son blog, de littérature (principalement LGBT+) et son nouveau livre sort très prochainement.
Bref, son implication sur internet est impressionnante, nous accueillons aujourd'hui Cordélia !

https://www.youtube.com/watch?v=ydcEJggtYCc

Présentation et généralités

Bonjour camarade ! Qui es-tu et que fais-tu dans ce plan astral fabuleux qu’est internet ?
Bonjour ! Je suis Cordélia, j’ai 23 ans et je fais pas mal de trucs sur internet plus ou moins utiles :
- tenir un blog littéraire
- animer une chaîne YouTube sur les bouquins, en mettant particulièrement en avant les livres avec des personnages LGBT
- conseiller des YAOI sur Twitter
- faire des vidéos éducatives sur les genres et sexualités sur YouTube
- partager beaucoup trop de clips de K-pop sur Twitter
- répondre aux questions des gens sur Curious Cat
- écrire des romans
- gérer la Rainbowthèque avec quelques volontaires, un répertoire en ligne de fictions avec des personnages LGBT
- animer une webradio avec des potos dans une Cuisine
- et d’autres trucs… plein d’autres trucs.

Que fais-tu en dehors de ton activité de vidéaste ?
Alors comme je l’ai expliqué plus haut, je ne fais pas que des vidéos sur internet. À la base, je suis écrivain et j’avais créé un blog pour donner des conseils d’écriture et faire des interviews de personnes évoluant dans le monde du livre. Puis, j’ai ouvert une chaîne pour parler de mes lectures, et après les choses se sont enchaînées.

Quand tu t’es mis aux vidéos, qu’est-ce qui t’a donné l’impulsion ? As-tu eu des inspirations ?
Je regardais beaucoup de vidéos Booktube, notamment Margaud Liseuse, les lectures de Nine, Bulledop… Des filles qui m’ont beaucoup inspiré et m’ont donné l’impulsion pour débuter ma propre chaîne alors que je n’avais - soyons honnête - aucune compétence à la base.

Tu as deux chaînes YouTube et un blog, le tout alimenté régulièrement. Quel est ton secret pour tenir le rythme ?
Ne pas beaucoup dormir et hiérarchiser ses priorités. Et ne pas avoir une vie sociale trop active. Après, il faut savoir que mon blog n’est plus alimenté régulièrement du tout. Quand j’ai commencé, je faisais 1 à 2 articles par semaine. Maintenant si j’en publie 4 ou 5 sur toute l’année, c’est la fête.

Quelle est l’étape que tu préfères dans la conception d’une vidéo ? Écriture, tournage ou montage ?
J’aime bien tout faire et ça dépend des moments. Il y a des jours où je vais adorer écrire/préparer les vidéos, d’autres où je vais surkiffer les tournages et d’autres où je vais m’éclater sur le montage. Ça dépend vraiment de mon humeur, mais globalement il n’y a rien que je déteste, à part dérusher les interviews d’une heure x)

As-tu un petit rituel avant de lancer un tournage ?
Non, j’y vais yolo.

La vidéo dont tu es le plus fier ?
Je crois que c’est la première interview sur le nouveau format avec Calvin. Avant je faisais les interviews en étant présente physiquement sur la vidéo, et après réflexion j’ai préféré m’effacer pour mettre plus en avant  les personnes que j’interviewais. C’était mon premier test sur ce format, et franchement, j’ai kiffé : autant le tournage que le montage (même si c’était long).

Les œuvres LGBT+ et son livre

Parlons un peu de ta spécialité et on commence avec la question de base : selon-toi, peut-on parler de littérature LGBT+ quand (vu la faible représentation actuelle) un personnage existant est LGBT+, ou quand il s’agit du thème central du récit ?
Je dis que tout est bon à prendre et que toutes les représentations comptent. Personnages principaux, personnages secondaires, tertiaires… Tant que c’est dit, ça compte. Le père ouvertement bisexuel de l’héroïne dans Perdue et retrouvée compte. Le meilleur ami gay dans Mes Jumelles compte. Les héroïnes lesbiennes du Jardin Arc-en-Ciel comptent. C’est important d’avoir des représentations multiples, plus ou moins importantes. Et c’est aussi important d’avoir des thématiques LGBT+ au cœur du récit, que d’avoir des personnages pas hétéro satellites autour des héros, dont l’orientation sexuelle n’a aucun impact sur l’histoire, mais qui sont présents quand même. J’aimerais que la fiction soit le reflet de la vraie vie.

D’après toi, parmi toutes les questions et problématiques inhérentes au milieu LGBT+, laquelle est la mieux traitée et, au contraire, laquelle est souvent mal traitée ?
Je trouve que les questions de coming-out ou de harcèlement scolaire sont souvent traitées et pas trop mal. Je pense à Moi, Simon, 16 ans, homo-sapiens, à Le Secret de Grayson, Le faire ou mourir, Boys don’t cry... L’homoparentalité commence aussi à se faire une place dans la production littéraire et c’est plutôt cool.
Par contre, la transidentité est clairement laissée de côté, et même si dans les rares bouquins que j’ai lu, c’était pas mal fichu, le fait qu’il y ait 3 ou 4 bouquins qui se battent en duel m’énerve. Même chose avec la bisexualité, qui est parfois traitée… Mais jamais nommée.

simon

À ton avis, comment se placent les productions francophones dans ce milieu ? Plutôt à la ramasse ou au contraire en avance ?
On est à la ramasse de ouf. La quasi-totalité des fictions avec des personnages lesbiennes, gay, bi, trans, etc qui égayent nos librairies nous viennent des États-Unis. La production française destinée au grand public est quasi-inexistante. Par contre, il y a une production française plus confidentielles en auto-édition, ou dans de petites maisons d’édition, qui est très intéressante et plurielle ! Il suffit d’aller à la Y/Con, par exemple, pour voir que les stands sont bourrés à craquer de bouquins, BDs, et fanzines plus ou moins LGBT+. Mais cette production n’est quasi jamais mise en avant, c’est là le cœur du problème et le nerf de la guerre.

Une œuvre LGBT+ doit-elle forcément porter un message fort dans le sens où elle participe peut-être plus que les autres à notre construction et à notre éducation ?
Je pense qu’il faut de tout. Faire tout le temps des bouquins LGBT+ dans le sensationnel et dans le pathos pour avoir un “message fort”, c’est mauvais. Il faut de la variété. La représentation et l’éducation passent aussi par des tout petits pas.

Dans cette optique, comment adapter l’œuvre, le choix des sujets et la profondeur des thèmes en fonction du public ciblé et plus particulièrement en fonction de l’âge de ce public ?
Actuellement tout le monde a besoin d’éducation sur les questions LGBT+. À partir du moment où on dit aux gamines de 3 ans qu’on va les fiancer pour rire avec le petit voisin, ou qu’on achète un body bleu pour son bébé parce que “c’est un garçon”, je considère qu’il n’y a pas d’âge pour aborder des questions relatives à l’homo/bisexualité, à la transidentité, etc. On peut avoir un album pour enfant très “profond” alors qu’il n’y a que 3 lignes de texte. Tous les sujets peuvent être plus ou moins abordés, mais il faut adapter le message en fonction du public, effectivement. C’est pas le message qui doit changer, mais la façon de l’écrire. Et c’est là qu’est le travail de l’écrivain justement.

Y a-t-il des œuvres que tu recommanderais absolument par rapport à d’autres ?
En vrac : Fairyland, Le Secret de Grayson, Le vrai sexe de la vraie vie, Je suis qui je suis, Wandering son, The infinite Loop, Du bout des doigts, Les amies d’Héloïse, Aristote et Dante découvrent les secrets de l’univers, Oh, boy !, A comme aujourd’hui, A kiss in the dark, L’été où papa est devenu gay

Tu as annoncé récemment l’arrivée de ton livre Mon Amie Gabrielle, que peux-tu nous dire sur cette expérience d’écriture ?
C’était cool ! Je sais pas, il n’y a rien de particulier, c’est pas le premier truc que j’écris, que je publie, ni même que je finis. Disons que c’est le premier roman 100% original que je sors et c’est vrai que c’est assez exceptionnel à mes yeux. Mon expérience d’écriture n’a rien de sensationnel, j’ai écrit ça comme d’habitude. Ça faisait 2 ans et demi que je traînais ce truc, je suis surtout soulagé de m’en débarrasser une bonne fois pour toute et de pouvoir enfin passer à autre chose.

Quelles ont été les principales difficultés rencontrées ?
LA CORRECTION.
Écrire, c’est facile. Corriger, c’est horrible. Je pense que j’ai lu ce foutu bouquin une vingtaine de fois, à la fin je le connaissais tellement par cœur que je m’endormais dessus ou que mes yeux n’accrochaient plus sur les lignes. La dernière correction, j’ai été obligé de la faire à l’envers pour ne pas décrocher trop vite.
Ensuite, ça a été super dur de prendre du recul et de rendre le récit le moins oppressif et moralisateur possible. J’ai écrit ce machin y a plus de deux ans, presque trois. Imaginez bien que j’ai grandi depuis, j’ai énormément appris et j’ai reçu une éducation supplémentaire, en particulier sur les questions LGBT+. Quand j’ai relu la première fois, après un an de mise au placard, j’avais envie de tout jeter tellement je trouvais ça dégueulasse. Alors il a fallu travailler, encore et encore, demander conseil, prendre sur soi, etc, pour rendre le récit plus sain et pouvoir envisager de le jeter dans l’arène pour être lu par de parfait-e-s inconnu-e-s.

Finalement, as-tu renforcé ton plancher avec du blindage en prévision des 270Kg de livre que tu va recevoir chez toi ?
Alors, j’ai prévu de les disséminer partout dans l’appart' pour ne pas trop solliciter le plancher. En vrai, 250 kg, c’est à peine 5 personnes ! Ça ira.

Ses œuvres préférées

C'est l'heure de l'enchaînement des questions courtes sur tes œuvres favorites dans chaque domaine culturel ! Premièrement, quel est ton film et ton/ta réalisateur.trice préféré.e ?
Je ne rate pas un seul film avec Ben Whishaw à l’affiche, après je ne m’intéresse pas spécialement aux réal. Et comme par hasard, mes films préférés sont avec Ben Whishaw : Cloud Atlas, Lilting. Et aussi Pride, La leçon de Piano.

cloud_atlas_ben_whishaw

Ta musique du moment ?
En ce moment, j’écoute énormément de playlists de K-Pop.

La série que tu pourrais revoir en boucle ?
Games of Thrones, pour être original (mais moi j’ai lu les bouquins !) (et je connaissais avant que ça soit cool, okay ? xD)

Te souviens-tu de ton premier jeu vidéo et lequel est ton préféré ?
Je ne joue que très peu aux jeux vidéo, juste à Pokémon je crois. Premier jeu : Pokemon rouge. Dernier jeu : Pokemon XY (j’ai pas encore acheté Moon/Sun).

Tu es plutôt BD franco-belge, manga, comics ou les trois sans préférence ?
Plutôt manga (soyons honnête et précis : plutôt YAOI), mais je lis aussi pas mal de BDs diverses à partir du moment où on me les conseille et où je sais que les représentations LGBT+ sont pas dégueu.
Je conseille de façon générale : les manga de Junko, le YAOI Dou Kyu Sei (et la suite), In these Words (TW : viol), les strips de Monsieur Q et sa BD, The Infinite Loop et j’en passe…

Ton roman favori ?
Le Seigneur des Anneaux.

[Food] Passons à la question débile habituelle : que mets-tu dans tes pâtes ?
De la sauce bolognaise ou carbonara.

Des projets futurs dont tu veux nous parler ?
Je n’ai aucun projet secret en ce moment. Le plus gros truc que je prépare, c’est mon second roman. Ça se passe en 2015/2016 dans une classe prépa comme j’en ai fait une moi-même, et on va suivre 4 personnages très différents, venus de milieux sociaux différents, avec des identités différentes et des positions politiques différents, bref vous voyez le genre. Et tout ça, avec de la romance. Je poste pas mal d’extraits sur Twitter, alors ce n’est un secret pour personne.

Un dernier mot pour la fin ?
Abonne-toi, je rends !

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Propos recueillis par Ipemf et Hel
Article corrigé par Koukarus

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