Bonjour à toutes et à tous !
L'année 2016 touche à sa fin et vient donc le temps de la sacro-sainte tradition du Top de fin d'année, période fabuleuse pendant laquelle tout le monde se fout sur la gueule avec joie et allégresse pour des raisons de divergences artistiques. C'est aussi l'aboutissement de jours entiers de dilemmes moraux pour savoir quels films seront sélectionnés. Parce qu'après tout, savoir si tel film underground serbo-croate était mieux que tel film d'auteur suédois, ça vaut bien des migraines atroces. Bref, j'aime les Top de fin d'année.
Fort heureusement, ayant eu l'intelligence d'éviter les purges évidentes (big up aux comédies françaises), je vais me contenter des films qui m'ont apporté satisfaction et félicité en mon petit cœur.
En 2014 il s'agissait d'un Top 14, en 2015 c'était un Top 15, cette année ce sera donc... un Top 15... Cela aurait été légèrement coton en 2036 donc autant cesser les fariboles dès maintenant.
Rappel important qui nécessite l'usage hasardeux de Capslock : IL S'AGIT D'UNE SÉLECTION TOUT À FAIT SUBJECTIVE TU TE CALMES TOUT DE SUITE. Amicalement.
Ces quelques formalités cordiales étant terminées, nous pouvons commencer !
15. AN
CW pour le paragraphe à venir : Nourriture
Date de sortie : 27 Janvier 2016
Réalisatrice : Naomi Kawase
Casting : Kirin Kiki, Masatoshi Nagase, Kyara Uchida
Genre : Drame, Comédie
Nationalités : Japonais, Français, Allemand
Synopsis : Les Dorayakis sont des pâtisseries traditionnelles japonaises qui se composent de deux pancakes fourrés de pâte de haricots rouges confits, "AN". Tokue, une femme de 70 ans, va tenter de convaincre Sentaro, le vendeur de Dorayakis, de l'embaucher. Tokue a le secret d'une pâte exquise et la petite échoppe devient un endroit incontournable...
Avis : On commence cette sélection avec un film doux. Oui AN équivaut à ces moments passés au coin du feu en étant enroulés dans une grosse couverture et en sirotant un chocolat chaud (avec de la chantilly oui). Plus sérieusement, il s'agit d'un film sensoriel, on déguste avec les yeux (en assistant à la préparation des fameux Dorayakis) et avec les oreilles (grâce au son du vent passant doucement dans les cerisiers en fleur). On apprécie d'autant plus grâce à l'histoire touchante de trois personnages (représentant trois générations) qui se complètent magnifiquement bien. C'est beau, malicieux mais aussi bouleversant par moment puisque le film repose sur un fond social peu connu mais que je révélerai pas ici. Naomi Kawase livre ici son œuvre la plus accessible, ce n'est certes pas sa plus grande réussite mais Les Délices de Tokyo reste un beau petit film.
14. La Sociale
Date de Sortie : 09 Novembre 2016
Réalisateur : Gilles Perret
Casting : C'est un documentaire... par contre il y a Bernard Friot !
Genre : Documentaire
Nationalité : Français
Synopsis : En racontant l'étonnante histoire de la Sécu, La Sociale rend justice à ses héros oubliés, mais aussi à une utopie toujours en marche, et dont bénéficient 66 millions de Français.
Avis : Premier documentaire de ce Top avec un retour sur les fondements de cette œuvre essentielle qu'est la Sécu et sur ces personnes presque oubliées qui se sont battus pour sa création. La Sociale nous rappelle à quel point notre protection sociale est menacée par ceux qui la méprisent et par les assurances privées. Comble de la satisfaction : il y a Bernard Friot (économiste et sociologue, grand penseur du salaire à vie). Il s'agit donc d'un film essentiel mais il aurait mérité plus de travail de mise en forme pour sortir de son côté très didactique, point souvent handicapant pour nombre de documentaires. On va justement rester sur cette question avec le film suivant.
13. La Sociologue et L'Ourson
Date de sortie : 06 Avril 2016
Réalisateurs : Étienne Chaillou, Mathias Théry
Genre : Documentaire
Nationalité : Français
Synopsis : De septembre 2012 à mai 2013, la France s'enflamme sur le projet de loi du Mariage pour tous. Pendant ces neuf mois de gestation législative, la sociologue Irène Théry raconte à son fils les enjeux du débat. De ces récits naît un cinéma d'ours en peluches, de jouets, de bouts de cartons. Portrait intime et feuilleton national, ce film nous fait redécouvrir ce que nous pensions tout connaitre parfaitement : la famille.
TW dans le film : Homophobie
Avis : Autre documentaire, La Sociologue et L'Ourson est imprégné d'une créativité étonnante. Ce dispositif, très bien pensé au demeurant, qui consiste à mettre en scène les débats et discussions plus intimes entre le réalisateur et sa mère, la sociologue Irène Théry, avec des peluches, jouets et autres marionnettes permet d'en dégager une malice rafraîchissante mais qui ne dénature pas pour autant le propos : décortiquer les évolutions des modèles familiaux et sa place en tant que structure sociale. Mathias Théry livre ici une œuvre profondément pédagogique où l'on se délecte de voir Madame Théry rembarrer Frigide Barjot.
12. Captain America : Civil War
Date de Sortie : 27 avril 2016
Réalisateurs : Joe et Anthony Russo
Casting : Chris Evans, Robert Downey Jr., Sebastian Stan
Genre : Action, Super-héros
Nationalité : Américain
Synopsis : Steve Rogers est désormais à la tête des Avengers. À la suite d'une de leurs interventions qui a causé d'importants dégâts collatéraux, le gouvernement décide de mettre en place un organisme de commandement et de supervision. Cette nouvelle donne provoque une scission au sein de l'équipe : Steve Rogers reste attaché à sa liberté de s'engager sans ingérence gouvernementale, tandis que d'autres se rangent derrière Tony Stark, qui contre toute attente, décide de se soumettre au gouvernement...
TW : Mort, sang
Avis : Bon, celui-là j'en ai déjà parlé, mais en remettre une couche ça ne fait jamais de mal. Je me suis longuement demandé en quoi Civil War avait réussi à mieux me marquer que Batman v Superman (la Director's Cut évidemment) outre les scènes de combat qui ont ravi mon cœur de fan. C'est simple : il est profondément touchant. Là où, dans BvS, il ne s'agissait que d'un affrontement idéologique, Civil War abandonne progressivement les débats pour se cantonner aux questions purement humaines. L'apogée se trouve sur ce plan extraordinaire où Rogers se protège de Stark avec son bouclier (qui représente tout ce en quoi il croyait) pour ensuite le planter dans l'armure de son ancien ami et finalement l'abandonner car il ne le mérite pas. Les héros ont oublié leurs principes pour se laisser emporter par leurs émotions. Stark est, selon moi, le plus troublant/touchant : il a définitivement sombré, devient fou de rage et la performance de Downey Jr. rend tout cela parfait. Malgré tous ses défauts, Civil War est un des films de super-héros les plus humains que j'ai pu voir et rien que pour cela il mérite sa place dans le classement.
11. Kubo and the two strings
Réalisateur : Travis Knight
Casting : Charlize Theron, Art Parkinson, Ralph Fiennes
Genre : Animation, Fantastique, Aventure
Nationalité : Américain
Synopsis : Kubo est un être aussi intelligent que généreux, qui gagne chichement sa vie en sa qualité de conteur, dans un village de bord de mer. Cette petite vie tranquille, ainsi que celle de ses compagnons Hosato, Hashi et Kamekichi va être bouleversée quand, par erreur, il invoque un démon du passé. Surgissant des nues cet esprit malfaisant va abattre son courroux sur le village afin d’appliquer une vindicte ancestrale.
TW : Mort
Avis : Quand on parle de cinéma d’animation, beaucoup citent les studios les plus connus mais presque personne n’évoquera le studio Laïka. Avec Kubo, ça va sûrement changer. À l’ère de l'omniprésence de la création numérique, ils ont décidé de rester fidèles à la stop motion (utilisée dans leurs trois films précédents). C’est sur ce point que le film fédère les avis : il est d’une beauté sans nom et je vous mets au défi de trouver une scène ratée (bon, j’en ai noté une… mais ça n’en fait qu’une !). Sur le plan scénaristique c’est également bien pensé : des conteurs (le studio Laïka) nous racontent les aventures d’une enfant conteur (Kubo) dans un film construit sur le modèle campebellien classique. Le film arrive à se détacher de ce modèle par moment, notamment dans le traitement des « alliés » mais surtout au niveau de l’humilité générale qui en découle. C’est un œuvre emprunt de spiritualité qui se démarque de ce qui est fait habituellement outre-atlantique mais qui ne le revendique pas avec de gros sabots. À part quelques grosses ficelles prévisibles et un final un peu pressé, on arrive à en tirer une belle expérience, accessible à tous.tes.
10. Steve Jobs
Date de sortie : 03 Février 2016
Réalisateur : Danny Boyle
Casting : Michael Fassbender, Kate Winslet, Seth Rogen
Genre : Biopic, Drame
Nationalité : Américain
Synopsis : Dans les coulisses, quelques instants avant le lancement de trois produits emblématiques ayant ponctué la carrière de Steve Jobs, du Macintosh en 1984 à l’iMac en 1998, le film nous entraîne dans les rouages de la révolution numérique pour dresser un portrait intime de l’homme de génie qui y a tenu une place centrale.
Avis : En 2013, nous avions eu le déplaisir de découvrir le Jobs de J-M Stern avec Ashton Kutcher. Ayant été visiblement soudoyé par Apple pour faire une hagiographie (à ce niveau de léchage de séant c’est la seule explication possible), le film n’avait pas convaincu. Nous avons finalement pu nous rattraper avec un nouveau biopic écrit par Aaron Sorkin, réalisé par Danny Boyle et avec Michael Fassbender dans le rôle-titre. Le film se détache d’un genre extrêmement codifié pour se former une identité unique. Pour commencer, il est composé de trois actes qui correspondent aux lancements de trois produits Apple à différentes époques. De plus, à chaque époque a été attribuée des formats différents (16mm, 35mm et numérique) qui correspondent parfaitement à l’ambiance et à l’état d’esprit de la firme et de son patron. Enfin, il s’agit principalement de "Walk and Talk" très dynamiques, un enchaînement de dialogues qui ont déjà fait la célébrité de Aaron Sorkin. Il ne s’agit pas de glorifier Jobs, on le montre comme le salaud qu’il est et Fassbender accomplit une performance démentielle. Il ne s’agit pas d’un cosplay, il ne lui ressemble absolument pas, mais il a parfaitement intégré l’essence de son personnage. Sorkin excelle dans le biopic tout en ayant compris qu’il ne s’agit pas d’une simple biographie.
9. The BFG
Date de sortie : 20 juillet 2016
Réalisateur : Steven Spielberg
Casting : Mark Rylance, Ruby Barnhill, Penelope Wilton
Genre : Aventure, Fantastique
Nationalités : Américain, Britannique, Canadien
Synopsis : Le Bon Gros Géant ne ressemble pas du tout aux autres habitants du Pays des Géants. Il n'est pas très malin mais tout à fait adorable, et assez secret. À son arrivée au Pays des Géants, la petite Sophie, une enfant précoce de 10 ans qui habite à Londres, a d'abord peur de ce mystérieux géant qui l'a emmenée dans sa grotte, mais elle va vite se rendre compte qu'il est très gentil.
Avis : Qu’on se le dise, oui c’est un Spielberg mineur et il a des défauts incontestables, comme les interactions entre les personnages en performance capture et les autres. Mais ce n’est pas l’enjeu pour moi. Si je place The BFG en si bonne position c’est parce que j'ai une affection inconditionnelle pour Spielberg. Or, ce qui fait la force de ce film, c’est son statut d’auto-portrait du réalisateur. À l’instar de son BFG, tonton Steven a été harcelé dans sa jeunesse et est aujourd'hui un créateur de rêves, souvent incompris. Le film vaut le détour ne serait-ce que pour cette part intime, presque mélancolique. Et puis il y a les corgis de la reine propulsés par leur pets donc faites pas chier, ça fait rire le gamin que je suis.
8. Boo-San-Haeng
Réalisateur : Sang-Ho Yeon
Casting : Gong Yoo, Yumi Jung, Dong-seok
Genre : Horreur, Action
Nationalité : Sud-Coréen
Synopsis : Un virus inconnu se répand en Corée du Sud, l’état d’urgence est décrété. Les passagers du train KTX se livrent à une lutte sans merci afin de survivre jusqu’à Busan, l’unique ville où ils seront en sécurité…
TW : en bon film de zombie qu'il est, c'est la fête à l'hémoglobine.
Avis : Quand le cinéma hollywoodien n’arrive plus à convaincre dans certains genres, on peut compter sur les coréens ! Eh oui Last Train to Busan est bien l’un des meilleurs films de zombie de ces dix dernières années, ni plus ni moins. Sang-Ho Yeon, qui jusqu’à maintenant s’était cantonné à l’animation (The King of Pigs qui n'est pas à mettre entre toutes les mains), crée ici une œuvre d’un rythme éprouvant en jouant sur la combinaison de la vitesse du train (huis clos parfait) et des zombies qui courent à toute berzingue pour mâchonner nos héros avec délectation. Ces héros sont justement le deuxième point fort du film : à l’instar des meilleurs Romero, Busan recrée le lien entre films de zombie et fond politique. Ici le groupe de survivant s’organise en micro-société représentant différentes classes sociales et où le choix entre solidarité et individualisme sera déterminant. Pour les détails sur ce fond politique je vous laisse (re)lire l’article de l’ami Forky qui résume très bien tous les enjeux. Last Train to Busan a marqué les esprits, peut-être pourrait-on espérer que le cinéma coréen arrive à en profiter pour se faire une place de plus en plus grande dans nos salles obscures.
7. The Witch
Réalisateur : Robert Eggers
Casting : Anya Taylor-Joy, Ralph Ineson, Kate Dickie
Genre : Horreur
Nationalités : Américain, Canadien
Synopsis : 1630, En Nouvelle-Angleterre. William et Katherine, un couple dévot, s’établit à la limite de la civilisation, menant une vie pieuse avec leurs cinq enfants et cultivant leur lopin de terre au milieu d’une étendue encore sauvage. la mystérieuse disparition de leur nouveau-né et la perte soudaine de leurs récoltes vont rapidement les amener à se dresser les uns contre les autres…
TW : sang
Avis : On continue dans le genre de l’horreur mais cette fois-ci on atteint le paroxysme de l’épouvante, encore un peu et un meeting de Fillon serait une promenade de santé à côté ! En effet, The Witch enterre facilement toutes les productions du genre de cette année. Le réalisateur Robert Eggers a beau en être à son premier film projeté en salle, il arrive à faire un sans-faute, que ce soit en terme de réalisation, d’écriture, de casting ou encore de musique. Il faut dire qu’il a pensé le tout avec créativité, il a d’ailleurs commencé par travailler l’immersion de son équipe avec un lieu de tournage coupé de la civilisation, un décor reconstitué avec des matériaux de l’époque et un gros travail sur la lumière naturelle. Le public en tire ainsi toute l’ambiance glaçante nécessaire, la forêt devient un personnage à part entière en nous aspirant dans son inconnu profond et on se surprendra même a ne plus vouloir croiser le regard d’une chèvre. Eggers a définitivement compris l’épouvante, genre dans lequel la peur se joue en hors-champ, faisant ainsi de notre imagination la plus grande menace.
6. Ma Vie de Courgette
Date de sortie : 19 octobre 2016
Réalisateur : Claude Barras
Casting : Gaspard Schlatter, Sixtine Murat, Paulin Jaccoud
Genre : Animation, Drame
Nationalités : Suisse, Français
Synopsis : Courgette n’a rien d’un légume, c’est un vaillant petit garçon. Il croit qu’il est seul au monde quand il perd sa mère. Mais c’est sans compter sur les rencontres qu’il va faire dans sa nouvelle vie au foyer pour enfants. Simon, Ahmed, Jujube, Alice et Béatrice : ils ont tous leurs histoires et elles sont aussi dures qu’ils sont tendres. Et puis il y a cette fille, Camille. Quand on a 10 ans, avoir une bande de copains, tomber amoureux, il y en des choses à découvrir et à apprendre. Et pourquoi pas même, être heureux.
Avis : Au premier abord on pourrait croire qu’il s’agit simplement d’un petit film bien mignon mais Ma Vie de Courgette est bien plus que ça. Ce film d’animation en stop motion (définitivement un procédé qui fonctionne bien en ce moment) se base sur une problématique de l’aide sociale à l’enfance mais arrive à ne pas tomber dans le misérabilisme. C’est un subtil mélange entre mélancolie et humanisme, on ressort bouleversés par ce petit bonhomme qui se reconstruit petit à petit. Le savoir-faire de Céline Sciamma et de Claude Barras mérite d’emporter les plus grands trophées (le film est pré-sélectionnés pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère).
5. Divines
Réalisateur : Houda Benyamina
Casting : Oulaya Amamra, Kevin Mischel, Jisca Kalvanda
Genre : Drame
Nationalités : Français, Qatarien
Synopsis : Dans un ghetto où se côtoient trafics et religion, Dounia a soif de pouvoir et de réussite. Soutenue par Maimouna, sa meilleure amie, elle décide de suivre les traces de Rebecca, une dealeuse respectée. Sa rencontre avec Djigui, un jeune danseur troublant de sensualité, va bouleverser son quotidien.
TW : Drogue
Avis : Seul film français (hors documentaire et animation) de cette sélection, Divines surprend d’autant plus qu’il est le premier long-métrage de la réalisatrice Houda Benyamina. Drame humaniste et féministe, le film ne tombe pas dans le piège du cliché sur les cités. Je retrouve en ces deux héroïnes profondément touchantes les gosses avec qui j’ai travaillé : le modèle ultra-libéral leur a vendu l’idolâtrie de l’argent comme seul moyen d’élévation sociale et elles se débrouillent à leur manière pour atteindre cet idéal. On en sort donc éblouis par la performance de ces jeunes actrices emportées par leur authenticité ainsi que par le savoir-faire de Benyamina. Plus qu’une réussite cinématographique, c’est une victoire pour la réalisatrice et son association Mille Visages qui forme des jeunes de banlieue aux métiers du cinéma. Des films français de cette trempe il en faudrait plus régulièrement et j’espère revoir cette petite équipe très bientôt.
4. Creed
Date de sortie : 13 Janvier 2016
Réalisateur : Ryan Coogler
Casting : Michael B. Jordan, Sylvester Stallone, Tessa Thompson
Genre : Drame
Nationalité : Américain
Synopsis : Adonis Johnson n’a jamais connu son père, le célèbre champion du monde poids lourd Apollo Creed décédé avant sa naissance. Pourtant, il a la boxe dans le sang et décide d’être entraîné par le meilleur de sa catégorie. À Philadelphie, il retrouve la trace de Rocky Balboa, que son père avait affronté autrefois, et lui demande de devenir son entraîneur. D’abord réticent, l’ancien champion décèle une force inébranlable chez Adonis et finit par accepter…
TW : Mort, sang, cancer
Avis : Il faudrait créer un genre du « film d’héritage », Creed en serait l’un des portes étendard. À l’instar de Star Wars VII l’année dernière, le film de Ryan Coogler a conscience de la place qu’il occupe dans sa saga : il rend hommage à tout ce qui l’a façonné et propose/construit dans le même temps une nouvelle icône en la personne de Adonis (Michael B. Jordan est une belle surprise). Ainsi, on se met à verser une larme lors d’une certaine scène dans un vestiaire grâce à un Sylvester Stallone réellement touchant qui laisse sa place à la nouvelle génération tout en confirmant son statut de monument du cinéma. Il faut aussi noter la réalisation solide de Coogler qui réutilise la steadicam (système stabilisateur de prise de vue portatif) du premier Rocky pour se l’approprier entièrement et nous proposer des scènes de combat intenses. La relève est assurée et il ne nous reste plus qu’à remercier M. Stallone pour toutes ces années à incarner ce bon vieux Rocky.
3. Arrival
Date de sortie : 07 décembre 2016
Réalisateur : Denis Villeneuve
Casting : Amy Adams, Jeremy Renner, Forest Whitaker
Genre : SF
Nationalité : Américain
Synopsis : Lorsque de mystérieux vaisseaux venus du fond de l’espace surgissent un peu partout sur Terre, une équipe d’experts est rassemblée sous la direction de la linguiste Louise Banks afin de tenter de comprendre leurs intentions. Face à l’énigme que constituent leur présence et leurs messages mystérieux, les réactions dans le monde sont extrêmes et l’humanité se retrouve bientôt au bord d’une guerre absolue.
TW : Mort
Avis : Denis Villeneuve il est un peu blagueur : il nous vend un film de SF mais il ne nous prévient pas qu’en plus c’est un drame bien profond, le vil gredin. Mais on l’aime bien Villeneuve, surtout quand il renouvelle les invasions d’alien. Tout ce qu’on a eu à côté d’un peu « solide » était Independance Day Resurgence donc autant dire que Arrival avait un boulevard devant lui. Oubliez la réflexion militariste basique, ici il est avant tout question de comprendre qui sont ces nouveaux arrivants portés sur le tentacle. Loin de vouloir tout faire péter, Villeneuve construit toute une réflexion sur le langage et les pièges qui en découlent grâce à son héroïne, Louise, campée par une Amy Adams qui arrive à nous faire oublier sa quasi-absence de Batman v Superman. Le film nous permet de nous questionner sur notre rapport à l’inconnu, à cet autre si proche et pourtant si lointain, à la mort et au refus de la fatalité grâce à une petite pirouette scénaristique qui est certes un peu bancale mais tout de même étonnante. Côté réalisation, le cinéaste s’est fait un malin plaisir à jouer sur nos sens. La vue tout d’abord, avec ces aliens qui sont pourtant dans le cadre mais que l'on n’arrive pas à percevoir, on les distingue tantôt comme ayant des tentacules puis comme des araignées jusqu’au climax où ils se révèlent être…quelque chose que je ne vais pas spoiler. Notons aussi le travail sur les couleurs : entre le ton glacial des camps militaires, celui bien plus chaud des « flashback » mais surtout le noir profond du mode de communication des aliens, c’est un pur plaisir pour les yeux. Enfin, Villeneuve a également fait un gros travail sur le design sonore, de la musique au mixage avec certaines trouvailles de spacialisation troublantes, le réalisateur arrive à nous faire perdre tout repère. Arrival est donc une grande réussite en matière de SF et de drame psychologique et j’ai hâte de revoir le réalisateur à l’œuvre dans Blade Runner 2049.
2. Bakemono no Ko
Date de sortie : 13 janvier 2016
Réalisateur : Mamoru Hosoda
Avec : Koji Yakusho, Aoi Miyazaki, Shôta Sometani
Genre : Animation, Aventure
Nationalité : Japonais
Synopsis : Shibuya, le monde des humains, et Jutengai, le monde des Bêtes… C’est l’histoire d’un garçon solitaire et d’une Bête seule, qui vivent chacun dans deux mondes séparés. Un jour, le garçon se perd dans le monde des Bêtes où il devient le disciple de la Bête Kumatetsu qui lui donne le nom de Kyuta. Cette rencontre fortuite est le début d’une aventure qui dépasse l’imaginaire…
TW : Mort, sang
Avis : Bakemono no Ko est mon petit chouchou de l’année qui aurait pu être n°1 s’il n’avait pas un mastodonte en face de lui. Vous pouvez retrouver une critique complète ici donc on va synthétiser. Il n’est ni un succès immense en salle, ni un succès critique, ni même le meilleur dans la filmographie de Hosoda. Pourtant, il a réussi à me marquer tout au long de l’année, peut-être parce qu’il est le premier film que j’ai vu en 2016 ou le sujet de mon premier article cette année ou tout simplement parce qu’il est de ces films sincèrement beau et bouleversant. Là encore, il s’agit d’un film qui parle d’héritage et qu’est-ce qu’il le fait bien ! Tenant un propos humain sur la filiation et la transmission, il émerveille par l’univers qu’il construit et par ses couleurs soignées. Bakemono no Ko est une belle petite pépite faite d’humanité, de poésie et d’affrontements épiques. Bref, de la grande animation.
1. Rogue One : A Star Wars Story
Date de sortie : 14 décembre 2016
Réalisateur : Gareth Edwards
Casting : Felicity Jones, Diego Luna, Ben Mendelsohn
Genre : Aventure, SF, Action
Nationalité : Américain
Synopsis : Situé entre les épisodes III et IV de la saga Star Wars, le film nous entraîne aux cités d’individus ordinaires qui, pour rester fidèles à leurs valeurs, vont tenter l’impossible au péril de leur vie. Ils n’avaient pas prévu de devenir des héros, mais dans une époque de plus en plus sombre, ils vont devoir dérober les plans de l’Étoile de la Mort, l’arme de destruction ultime de l’Empire.
TW : Mort
Avis : Quand je vous disais que c’était un choix purement subjectif… Voici donc ma surprise de l’année et le grand gagnant dans mon cœur. En effet, les bandes-annonces ne m’avaient pas fait rêver et je n’avais que des craintes pour ce projet audacieux. Si beaucoup s’accordent à mettre ce spin-off dans leur sélection, nous sommes peu à le classer aussi bien. Malgré tous ses bons points qui ont déjà été énumérés en boucle (héroïne classe, travail sur les échelles, retour de certains personnages qui nous avaient manqués, troisième acte qui nous colle au siège, etc.) il faut reconnaitre que Rogue One a certains défauts frustrants, le principal étant pour moi le manque de développement de certains personnages. Alors pourquoi est-il 1er malgré tout ? Pour ce que Disney a osé faire. On s’est farci toute l’année des blockbusters qui n’osaient pas, qui restaient cloîtrés dans leurs cahiers des charges édités il y a une dizaine d’années et qui n’arrivaient pas à nous proposer quelque chose de renversant et de neuf. Et c’est là qu’arrive Rogue One, un film conscient de toute la saga historique qu’il a derrière lui et qui pourtant tranche radicalement avec cet héritage (sans le renier pour autant). Rogue One nous présente un monde sans Jedi, sans dieux, où des anonymes unis dans leurs diversités et composés en partie de radicaux en puissance vont se confronter à un empire tout-puissant qui n’est fait que d’hommes blancs. Mais il ne s’agit pas non plus de glorifier la résistance puisqu’elle a aussi en son sein des salopards finis, tout comme l’empire emploie des innocents. Je n’ai pas grandi avec la saga, je ne l’ai vue que sur le tard (j’avais facilement 15 ans, c’est pour dire) et je ne peux être qu’heureux de voir un spin-off être autant en harmonie avec son temps alors que son histoire se place avant un film de 1977. D’ailleurs, les défauts s’oublient facilement au deuxième visionnage, on en tire alors toute l’audace et la beauté épique de ce film de guerre SF qui, je l’espère, pourra inspirer les prochains films Star Wars « numérotés ». Il n’est peut-être pas le plus réussi des films de 2016 mais il est celui qui m’a le plus étonné, un film Disney avec un fond politique aussi concret audacieux, ça mérite une médaille.
Pour conclure...
Ainsi s’achève ce Top 15 de 2016. Globalement, c’est une année très positive même si je ne peux que regretter certaines déceptions (coucou Star Trek Beyond et Warcraft qui auraient pu être des films hors du commun). Je tenais à faire une mention spéciale à certains films qui ont failli trouver leur place dans ce classement : The Revenant (si seulement j'en avais eu quelque chose à faire des personnages...), Hateful Eight (je n'arrive définitivement pas avec Tarantino), Moana (que je n'ai pas pu voir), Hail Cæsar! et Carol (de justesse pour ces derniers). J'espère que 2017 sera un aussi bon cru, les choses s'annoncent plutôt bien mais on aura le temps d'en reparler une fois que j'aurai pris un peu de repos !
Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter d’excellentes fêtes de fin d’année, on se retrouve très vite pour de nouveaux articles et en attendant, cultivez-vous !
Ipemf
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