[Cinéma] Bakemono no ko – Le Garçon et la bête

Le_Garcon_et_la_BeteDate de sortie : 13 janvier 2016

Réalisateur : Mamoru Hosoda

Nationalité : Japonais 

Titre original : Bakemono No Ko 

Synopsis : Ayant décidé de refuser son placement après la mort de sa mère, Ren erre dans les rues de Tokyo jusqu'à sa rencontre inattendue avec un ours humanoïde doué de parole : Kumatetsu. Ce dernier emmène le garçon dans le royaume des bêtes, Jurendai, où il va le former pour devenir un grand combattant. S'engage alors une éducation bilatérale entre la bête et le jeune humain, tous deux mal léchés.

TW : Sang

 

Sa carrière ayant pourtant mal débuté, Mamoru Hosoda, avec Le Garçon et la bête, se confirme aujourd'hui comme génie de l'animation japonaise. 

L'ascension d'un réalisateur talentueux et humble 

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Né le 19 septembre 1967, Mamoru Hosoda débute sa carrière d'animateur chez Toei Animation en 91 après avoir été recalé à la formation du Studio Ghibli. En 2001 il sort son premier film : Digimon, Le film (dont la qualité est... des plus discutables). Il est par la suite approché par les Studio Ghibli pour s'occuper du Château Ambulant mais est finalement évincé du projet après une mésentente (autant dire que le Studio n'occupe pas une place de rêve dans son cœur). En 2005 il est chargé de réaliser le 6e film One Piece, l'un des meilleurs succès critiques de la saga. Cela lui permet de se lancer enfin en free-lance. Il enchaine les réussites : La Traversée du temps (2006), Summer wars (2009) et Les Enfants loups, Ame et Yuki (2012). Ces trois films détonent complètement avec ses deux premières réalisations de par leur maturité. 

En effet, Hosoda c'est avant tout une sensibilité au service de la narration. Par exemple Les Enfants Loups était un cadeau pour sa femme alors qu'ils avaient appris qu'ils ne pouvaient avoir d'enfants. Hosoda c'est aussi l'irruption de l'extraordinaire dans le réel avec toujours un pont narratif reliant deux mondes, deux genres (le réel et l'irréel donc). 

Tout cela, il le réutilise dans Le Garçon et la bête, cette fois-ci au sommet de son art. 

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Un récit initiatique débordant de thèmes forts 

On va reprendre depuis le début. Un garçon (Ren) qui refuse ce que la société veut lui imposer, emprunt d'émancipation, est sorti de la masse informe de la population de Tokyo par ce qui lui semble être un monstre (Kumatetsu). Ce dernier vient d'un monde (Jurendaï) où ce sont les humains qui sont vu comme des monstres tant ils sont facilement sensibles aux ténèbres. Jurendaï, qui semble pourtant être un monde prospère et idyllique, est régi par un système rigide où il faut littéralement se battre pour accéder aux plus hautes strates de la société. Kumatetsu, malgré son statut d'outsider souhaite accéder à cette élévation sociale et, parce que la règle l'impose, décide de prendre Ren comme disciple qui, rappelons le, n'a plus de famille. Le jeune garçon se trouve donc élevé dans une famille non-normative (en plus dans une sorte de couple à trois, de même sexe, dans ta gueule Boutin).

Dans ce résumé de quelques lignes se trouve une multitude de thèmes riches, la filmographie de Hosoda, c'est ça.

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Si dans Les enfants loups le cinéaste rendait compte de sa difficulté pour avoir des enfants, ici il traite des difficiles rapports parent/enfant, sujet incarné évidemment par l'attachant duo Kumatetsu/Ren. Hosoda appuie dessus fortement : la famille est formée de ceux qui nous éduquent, nous font grandir, peut importe sa composition. Et c'est bilatéral : l'enfant apprend du parent (ici le père) et inversement (là où dans notre société il s'agit encore d'une tradition unilatérale). Cette thématique apporte également une question très souvent traitée mais peu aisée à aborder : comment grandissons-nous ? En apprenant des autres, en s'inspirant. Ce n'est pas pour rien que ce film regorge de références : des fables de La Fontaine au Livre de la jungle en passant par Moby Dick et le Chōjū-giga, le film d'Hosoda s'inspire des plus grands pour réaliser quelque chose d'unique, à l'image du duo qui apprend l'un de l'autre de la même manière. 

Cette chose unique, cette singularité est également un thème omniprésent dans la mise en scène. Un simple exemple avec les caméras de sécurité de Tokyo qui ne filment que l'apparence d'un personnage, sans montrer ce qu'il y a au fond de lui, intériorité que Ren apprend à distinguer au fur et à mesure de son apprentissage.

Enfin, Hosoda traite assez durement la société humaine, inversant les rôles bêtes/humains, montrant que l'Homme cultive sa propre destruction.

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Tous ces thèmes sont évidemment sérieux mais Bakemono no Ko fait également preuve d'une grande légèreté surtout grâce au duo formé par Kumatetsu et Ren, qui passent leur temps à se chamailler, se crier dessus, se courir après et toujours sous le regard interloqué de leurs compagnons : le singe Tatara et le porc bonze *oui* Hyakushuubou. De plus, même dans les moments les plus sombres, Hosoda arrive à nous fasciner de par les dessins féériques du film notamment dans les scènes de combat qui sont absolument dantesques et les décors extrêmement riches. 

Conclusion 

Bakemono no ko est sans aucun doute une oeuvre majeure de l'animation, un film à plusieurs niveaux de lecture et donc accessible à tous, même ceux qui ne sont pas toujours habitués à l'animation japonaise (comme votre serviteur). Laissez-vous tenter par sa beauté, sa malice, ses messages et penchez-vous sur la filmographie de Mamoru Hosoda !

Et n'oubliez pas, cultivez-vous !

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