Fourchette Awards 2018 – Que du bon !

Jamais deux sans trois qu’il paraît...Nous voici donc reparti pour un petit bilan sélectif de l’année 2018 côté culture. Cette fois-ci, pas de “ouais c’est génial” ou “bouh c’est nul”, j’ai décidé de me concentrer sur les trucs qui m’ont vraiment marqué, ou qui à défaut valent le détour selon moi. Je n’ai bien sûr pas tout vu/lu/joué de ce qui est sorti cette année, vu que j'ai aussi pas mal rattrapé de retard des années précédentes. Ne criez donc pas si vous ne voyez pas Spider-Man, je ne suis toujours pas allé le voir à l’heure où j’écris cet article (sinon il y aurait probablement été aussi). Je précise également que tout ce que je cite existe en Français, c'est donc disponible dans toutes les bonnes crèmeries. Bref, place à ma sélection de trucs de 2018 qui méritent le détour.

 

Gris

Sorti récemment, Gris est un jeu indépendant fait par les Espagnols de Nomada Studio et propulsé par l’éditeur Devolver Digital (Hotline Miami, Broforce, The Talos Principle). Ce dernier ayant mis le paquet, la sortie n’est alors pas passée inaperçue, et à juste titre : Gris est certainement l’un des plus beaux jeux en 2D de l’année, avec un style visuel unique.

Assez court (comptez 5-7 heures de jeu) et à la difficulté peu relevée, Gris tiens plus de la balade onirique que du véritable jeu de plate-forme à challenge. Il n’y a d’ailleurs pas de combat, le but du jeu tient en deux choses simples : trouver des objets et avancer dans le niveau. Cette simplicité, qui peut faire croire à un jeu où il n’y a rien à faire, est clairement la force du titre : tout est raconté par l’environnement, tout y est affordant : on devine où et comment passer à la simple vision des lieux : arbres, cascades, vases, etc. Il en est de même pour l’histoire, racontée par le visuel, l’animation mais également la musique. Cette dernière, signée par le groupe Berlinist, est tout aussi superbe que le visuel et se marie parfaitement avec la patte graphique de Conrad Roset, l’illustrateur à l’origine du jeu.

C’est disponible sur Switch et PC (Steam), ça tourne en 1080p et 60 images par seconde sur les deux (même si la Switch a quelques très légères saccades sur la fin) et coûte 16 euros. N’hésitez pas au pire à attendre quelques promotions si le prix vous parait épicé pour quelques heures de jeu, mais personnellement je pense que ça les vaut bien.

Pas d’avertissement particuliers.

 

Astérix et le secret de la Potion magique

Astérix est un, si ce n’est le pilier de la bande dessinée humoristique française. Passé par du très très haut (Astérix et Cléopâtre, Les 12 Travaux d’Astérix) comme du très très bas (Le Ciel lui est tombé sur la tête…), ces personnages ont fini par entrer dans la mémoire collective française. Donc quand Alexandre Astier, créateur de Kaamelott, l’une des meilleures séries de genre de notre beau pays reprend le personnage, je peux vous dire qu’il a définitivement mon attention.

Celles et ceux qui ont vu son premier film sur le sujet, Le domaine des dieux, vont peut-être voir de quoi je parle : la grande force de l’écriture d’Astier est d’avoir réussi à garder l’essence des personnages, l’ambiance, bref la magie, tout en faisant une histoire moderne. Le Domaine des Dieux était d’ailleurs une adaptation, mais une excellente adaptation : point de volonté de coller case par case à l’album des années 70, mais une réécriture intelligente qui parlera aux gens de notre époque, le tout avec une équipe au top, que ce soit Louis Clichy, co-réalisateur apportant son expertise en animation, ou les excellents comédiens de doublage allant du légendaire Roger Carel à plusieurs anciens acteurs de Kaamelott.

Du coup, pourquoi je vous parle de tout ça ? Car ce nouveau film, Le Secret de la Potion magique, garde toutes ces qualités, mais avec une chose majeure en plus : cette histoire est inédite, écrite pour l’occasion par Alexandre Astier. Il peut alors se permettre, encore plus que le premier film, de jouer avec les personnages, voire de remettre en questions certains immuables de l’univers, mais toujours avec un respect total et sans jamais trahir le matériau d’origine.

Bref, si on pourra regretter l’absence de Roger Carel, désormais retraité mais remplacé par un Christian Clavier excellent dans le rôle (choix logique, vu qu’il a joué Astérix dans les films en prises de vues réelles), le film est excellent, moderne, rythmé et drôle. Vous avez aimé le premier, ou plus globalement Astérix de la grande époque ? C'est encore dans tous les bons cinémas à l'heure où sort cet article, allez-y, c’est du bon.

Pas d’avertissements particulier, c’est tout public.

 

L’île aux Chiens

L’île aux Chiens est le dernier film en date de Wes Anderson, le réalisateur du Grand Budapest Hotel notamment. Réalisé intégralement en stop-motion (animation image par image avec des figurines réelles), il se passe dans un Japon moderne ou tous les chiens ont été envoyés dans “l’île poubelle” suite à une épidémie de grippe. Cette décision n’est pas du goût de tous, et notamment d’Atari, petit garçon qui va partir à la recherche de son compagnon, accompagné de 5 autres chiens qui sont bien décidés à en finir avec le maire Kobayashi, qui a artificiellement poussé cet exil.

Là où le film est intéressant, c’est avec la réalisation typique d'Anderson : des plans d'ensemble, une symétrie omniprésente et des mouvements très axés sur la mécanique donnent une patte très particulière à un film où les personnages en stop-motion paraissent presque comme des marionnettes. Ajoutez à cela une esthétique rétro (bien que le film se déroule dans une époque moderne) et un goût des situations et retournements absurdes, et on a ici l’un des films les plus originaux de l’année.

Bien sûr, cela reste une vision occidentale du Japon, comme l’était Kubo des studios Laika, avec quelques clichés ou concepts dommageables, comme l’étudiante en échange forcément américaine qui va être celle qui mène la révolte, mais l’ambiance est globalement bien rendue. La musique, principalement à base de Taïko (tambours japonais) y est pour beaucoup, et on note même un usage intéressant du langage : les humains parlant japonais, et les chiens anglais, ce qui donne lieu à des situations rocambolesques comme des traducteurs humains-chiens, ou une difficulté de compréhension au début entre Atari (japonais) et les chiens (anglais).

Bref, c’est une expérience de cinéma marquante, disponible en Bluray et DVD, et à voir si possible en VO pour les histoires de langage (bien que j’imagine que la VF ne double que l’anglais).

Avertissements : mutilation et mort, notamment animale.

 

Elya Police Investigation

La BD numérique en France reste encore quelque chose de très confidentiel, très peu d’auteurs y ont une visibilité importante, et la plupart l’ont eu après un passage au livre papier (Maliki, Laurel, Boulet notamment). Autant vous dire que quand un projet qui sort un peu des clous fait un peu de bruit dans notre beau pays on a tendance à tendre l’oreille.

L’un de ces projets est Elya Police Investigation, une BD au format webtoon (à défilement vertical, comme le blog de Boulet) et publiée sur Facebook par Vidu. L’histoire est un polar futuriste, où Elya, une détective plus proche de Rick Deckart que de Sherlock Holmes, cherche à trouver les raisons de la mort brutale de son mentor, raisons qui vont l’amener à en apprendre beaucoup sur la ville séparée entre riches et pauvres dans laquelle elle habite.

Le gros plus de cette histoire est que, lors de sa publication, elle laissait le choix aux gens de voter pour la suite de l’épisode, à la manière des histoires dont vous êtes le héros mais de manière collective. Ainsi, il était possible de voter pour des choix comme “laisser fuir le méchant” ou “l’arrêter”, et de voir l’histoire continuer comme ça.

Bien sûr, un des défauts de cette BD est le support de diffusion, Facebook, qui n’est pas toujours très tendre avec ses contenus. L’auteur semble cependant étudier d’autres possibilités, et si une première saison est dors et déjà bouclée et lisible, bien sûr sans l’aspect choix qui se fait sur le moment, d’autres sont prévues. C’est en tout cas une belle série qui exploite les possibilités de la BD sur écran, comme il y en a encore trop peu en France. N'hésitez pas à aller lire sur le site de l'auteur : vidu.fr

Avertissements : mort et mutilations seront présentes.

 

Super Smash Bros. Ultimate

Super Smash Bros. est une sorte d’institution à part chez Nintendo. Jeu de combat maison mélangeant différents personnages de Nintendo, et d’autres éditeurs depuis son épisode Wii, il jouit de sa petite communauté solide et expérimentée, qui attend avec une hype sidérale chaque épisode. Personnellement, je suis assez noob à ce jeu, je n’ai pas connu à leurs époques les versions Gamecube et Wii, et les versions WiiU et 3DS ne m’ont pas accrochées : il faut dire qu’elles restaient ennuyantes à jouer en solo, et jouer avec des amis qui connaissent le jeu à fond ne sera que sources de défaites gratuites et frustrantes.

C’est alors que, poussé par la hype générale, j’ai décidé de donner une nouvelle chance à ce Smash Bros. Ultimate sur Switch. J’avais déjà l’adaptateur de manette Gamecube sous la main donc autant rentabiliser. Et le moins que je puisse dire, c’est que la différence de ressenti est totale vu du noob que je suis.

Déjà, en termes de mécanique pure, le jeu est plus rapide, plus nerveux et semble moins mou que son prédécesseur. Le nombre de personnages est hallucinant (il m’en reste une vingtaine à débloquer à l’heure où j’écris ces lignes) et le contenu est dantesque. Mais surtout, ce qui fait la force de ce titre pour moi, c’est le mode Aventure. Celui-ci est une sorte de mini-rpg dans le jeu, avec un petit scénario, une carte, de la progression, des esprits à collectionner, etc. En gros, tout ce qu’il faut pour qu’un débutant, comme moi, arrive à entrer dans le jeu et assimiler ses bases, le tout sans l’ennui d’un bête mode arcade ou on enchaînerait caisse sur caisse. La difficulté est d’ailleurs progressive, on commence avec un personnage simple et on débloque petit à petit les suivants, pour finir sur des adversaires 4 étoiles qui vous forceront à utiliser des techniques avancées sans se reposer sur les attaques de base.

Bref, pour moi c’est un grand oui et une vraie bonne surprise. Un jeu qui laisse une porte royale pour s'entraîner de manière fun à son système de jeu, pour au final enfin pouvoir profiter des parties avec des amis plus rodés sans se prendre une rouste sèche marrante pour personne. Disponible uniquement sur Switch en boite et dématérialisé.

Pas d’avertissement particuliers, comme beaucoup de jeu Nintendo c’est familial et grand public.

 

Mirai ma petite sœur (Mirai no Mirai)

Prochain film du réalisateur Mamoru Osoda (Le Garçon et la Bête, Summer Wars), j’ai eu la chance de pouvoir le voir en avant-première courant novembre (sortie nationale le 26 décembre), qui plus est en présence d’Osoda. Et je peux vous dire que c’est encore une perle que je vous recommande chaudement.

Comme beaucoup d’œuvres du réalisateur, ce métrage s’axe autour de deux concepts : la famille, et l’intrusion du fantastique dans la vie quotidienne. Le premier est présent dès le début, avec cette famille dont le fils, Kun, va vivre difficilement l'arrivée de sa petite sœur Mirai, qui forcément prend une part de l’attention de ses parents qui lui était dévouée. C’est alors que le côté imaginaire va amener Kun à voir (ou imaginer ?) des choses extraordinaires et voir des lieux et personnes du passé et de l’avenir, dont une version adolescente de sa petite sœur (d’où le nom original du film “Mirai no Mirai”, littéralement “Mirai du futur”).

Je n'en dirai pas plus pour le scénario. La rencontre avec le réalisateur a par ailleurs été très enrichissante, il insistait notamment sur le fait que beaucoup de ce film était inspiré de près ou de loin par son propre vécu (pour la partie réaliste tout du moins), ce qui donne ce côté très crédible et vivant à la vie de famille. Ajoutez à ça une réalisation, musique et animation impeccable, et on a clairement l’un des grands films d’animation de l’année.

Bref, courez le voir en salle.

Pas d’avertissements particuliers.

 

Bojack Horseman saison 5

J’avais déjà évoqué cette série par le passé, la 5e saison est sortie cette année, et pour le coup, c’est à nouveau un carton plein.

Cette nouvelle saison voit BoJack renouer en partie avec le succès, via une nouvelle série télévisée plutôt populaire. Mais les cicatrices du passé restent encore vivaces, et les problèmes de BoJack plus présents que jamais. C’est également l’occasion de mettre l’accent sur d’autres personnages, comme Diane ou Princess Carolyn. Avec une fin dure mais touchante, cette nouvelle saison fait mouche comme les quatre précédentes.

J’imagine que toutes celles et ceux qui ont déjà vu les 4 premières saisons n’ont pas grand chose de plus à apprendre ici, et ont certainement déjà vu cette saison 5 mais pour tous les autres, ou même si vous êtes passé-es au travers, n’hésitez pas, c'est dispo sur Netflix !

Attention : cette saison aborde les thématiques de la mort, de l’alcoolisme, de la drogue, du sexe et des violences sexistes !

 

Nous voici donc arrivés à la fin de la liste, mais il reste encore une oeuvre à relever, qui restera pour moi le jeu de l’année, et de loin mon plus gros coup de cœur de toute cette sélection :

 

 

Céleste, c’est un jeu de plateforme de type "Die and Retry", qui devient de plus en plus dur au fil des niveaux, avec même des alternatives “B” voir “C” à la difficulté incroyable des niveaux de base “A”. Mais là où ce jeu fait fort, c’est qu’il est d’une bienveillance rarement vue dans ce genre de jeu habituellement porté sur la performance : messages d’encouragements incitant à persévérer, à ne pas avoir honte de ses multiples essais, level design travaillé pour être dur mais motivant, et même un mode assistance réglable pour les gens qui auraient des difficultés physiques à jouer. Tout dans ce jeu pousse la personne aux manettes à se dépasser, ou plutôt à surmonter les obstacles sans jugement. Pour ma part, je n’ai abandonné vers la fin des niveaux les plus durs que parce que la manette Joycon de la Switch y montrait ses limites, mais je suis bien décidé à reprendre le jeu sur PS4 une fois sorti en boite.

Cet élément du jeu se retrouve également dans l’histoire : Madeline, l'héroïne sujette à la dépression va se lancer dans le défi de l’escalade du mont Céleste, en découvrant que son plus gros obstacle, c’est parfois elle-même. La traversée des différents tableaux fait alors écho au cheminement personnel de Madeline, dans un voyage qui rarement dans un jeu de plateforme aura raconté une histoire aussi forte et en phase avec son gameplay. De plus, les graphismes en pixel art et la musique superbement exécutés portent le tout au sommet.

Bref, ça vient d'être élu jeu indépendant de l’année aux Games Awards, va sortir en boite sur Switch et PS4 chez Limited Run Games bientôt, disponible partout en dématérialisé et des niveaux supplémentaires bien difficiles sont promis pour 2019. Bref, allez-y !

Avertissement : thème de la dépression abordé.

 

Voilà pour cette année. J'aurais pu rajouter pas mal d'autres œuvres, mais comme je l'ai dit il me manque encore beaucoup de cette année à rattraper. En attendant n'hésitez pas à dire en commentaires ou sur twitter/facebook les œuvres qui vous ont marquées en 2018. Qui sait, ça peut faire de belles découvertes ou des débats enflammés. Et en attendant, cultivez-vous.

 

Forky

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