[Cinéma] Les Animaux Fantastiques – L’avis Rapide

Réalisateur : David Yates

Casting : Eddie Redmayne, Katherine Waterston, Dan Fogler

Nationalité : Américain, Britannique

Genre : Fantastique, Aventure

Synopsis : 1926. Newt Scamander (Norbert Dragonneau pour les Français) rentre à peine d'un périple à travers le monde où il a répertorié un bestiaire extraordinaire de créatures fantastiques. Il pense faire une courte halte à New York mais une série d'événements et de rencontres inattendues risquent de prolonger son séjour. C'est désormais le monde de la magie qui est menacé.

TW film : maltraitance d'enfants

Il y a 15 ans jour pour jour sortait Harry Potter and the Philosopher’s Stone et ainsi était lancée l'une des sagas les plus importantes de l'Histoire du cinéma. Harry Potter c’est la preuve du lien qu’entretient le cinéma et la magie. En 2001 sortait également le livre Fantastic Beasts and Where to Find Them, manuel écrit par Newt Scamander (retranscrit par J.K. Rowling, c’est très méta) et qui permet aux jeunes sorciers de tout apprendre sur les espèces d’animaux fantastiques. Ce livre moins connu du grand public est revenu sur les devants de la scène en 2013 quand l’auteure a annoncé qu’elle travaillait sur le scénario pour l’adapter en long-métrage.
La surprise était grande, les fans étaient intenables et pourtant il y avait beaucoup d’incertitudes. En effet le retour de David Yates (Harry Potter 5 à 7.2) à la réalisation, l’annonce du fait qu’il s’agira de trois puis de cinq films, l’apparition de Jonnhy Depp au casting avait de quoi refroidir.
Bref la question était de savoir si J.K. Rowling et David Yates allaient réussir à renouveler la saga fantastique et à faire plus qu’une redite des aventures du jeune héros à la cicatrice.

N’y allons pas par quatre chemins, oui Les Animaux Fantastiques arrive à se détacher de la première saga et à nous proposer quelque-chose de neuf. Le plus évident est l’emplacement et l’époque de l’intrigue : New York dans les années 20. On assiste à une période très sombre dans l’Histoire des sorciers : le mage noir Grindelwald fait de plus en plus de ravage et la société magique est sur le point d’être révélée au monde des non-maj’. Là où Harry Potter était tiré de son placard par ses nouveaux amis sorciers, ici c’est les sorciers qui se forcent à s’isoler et à vivre cachés, allant jusqu’à imposer des lois leur interdisant tout contact avec les non-maj (du moins pour les américains). Le héros, Newt Scamander débarque donc dans cette société sclérosée et a pour seule échappatoire son propre placard, ici sa valise qui abrite un jardin secret rempli de bêtes fabuleuses qui sont de bien meilleurs compagnons que les humains. Le film est basé sur ce thème de l’isolement, en témoigne la menace qui vient de cette obligation de se cacher : à force de mettre les gens au placard et de les martyriser, on court vers l’explosion d’une haine incontrôlable. Rowling tacle vigoureusement les USA au travers de son personnage principal qui critique tout le puritanisme qui y règne. Il est question de construction de la haine et d’acceptation de l’autre et de soi-même, bien que cela aurait mérité plus d’approfondissement c’est un point très intéressant qui parcourra à coup sûr les suites.
Si tout ceci semble très sombre (et ça l’est), la surprise vient de la double ambiance qui rythme le film. D’un côté on a donc une ambiance très sérieuse lorsque Newt est confronté à la société magique américaine et aux menaces qui pèsent sur le monde, et de l’autre une atmosphère beaucoup plus légère et merveilleuse quand il s’agit de la découverte des fameux animaux fantastiques et du fait de les retrouver. Oui on est souvent pris d’un rire franc et Marvel Studios devrait en prendre de la graine puisque cela ne casse jamais le rythme, cette légèreté apparaissant toujours au bon moment, jamais dans des scènes qui nécessitent tension et gravité.
Puisque l’on parle de l’humour, comment ne pas mentionner Jacob, personnage le plus attachant et à l'origine de nombreux fou-rires. Il est justement, avec Scamander, source du dernier point positif important. Dans la saga Harry Potter, le personnage éponyme nous permettait de découvrir un monde nouveau mais cela le mettait souvent dans une position de spectateur et non pas de décisionnaire, les solutions venant souvent de ses alliés. Ici le rôle du personnage à travers qui on découvre le monde magique est attribué à Jacob, tandis que celui qui prend la plupart des décisions et qui amène les résolutions est bel et bien le personnage principal. Ce duo permet à l’histoire de se développer bien plus efficacement, on a enfin un héros valable et bien moins tête à claque que ce benêt d’Harry.

Malgré tous ces points positifs, il serait malhonnête de dire que le film est exempt de défauts, au contraire il en a hélas beaucoup. Pour les moins importants : on constate avec tristesse que David Yates a conservé sa réalisation très académique, malgré quelques audaces comme une scène pleine de grâce vers la fin et des rotations de caméra pour renverser la réalité. Ces rotations servent notamment à jouer sur la 3D mais il faut avouer que, pour le coup, c’est un ratage monumentale fait de flou irritant et de manque de jaillissement. Le plus étonnant se trouve du côté des effets spéciaux qui sont parfois bâclés (souvent quand il s’agit des interactions entre êtres fantastiques et humains), alors qu’il s’agit de la même équipe que les films précédents.
Outre la réalisation, le développement de l’histoire est pour le moins basique, d’un côté les animaux fantastiques s’échappent, de l’autre la ville est en danger et enfin tout se recoupe de manière hasardeuse. On pourrait mettre ça sur le fait qu’il s’agit de la première expérience de scénarisation de Rowling mais on peut moins pardonner certaines incohérences et imprécisions.
Le reproche le plus important que l’on pourrait faire se trouve du côté de la diversité du casting. En effet on sait que la Warner est rarement prompt à travailler sur ce point, c’est encore une fois confirmé avec ce film qui est… très blanc. Autant pour les non-maj c’est assez logique puisque Rowling a visiblement voulu en faire une société dirigée par un cercle restreint d’hommes blancs (ce qui est raccord avec l’époque), autant pour les sorciers ce n’est pas pardonnable puisqu’on nous laisse comprendre qu’ils sont plus diversifiés, en témoigne les dirigeants composés de nombreuses personnes non-blanches. Pourtant il ne s’agit que de personnages terciaires (parfois secondaires mais sans grands intérêts), on nous montre une dizaine de gobelins et d’elfes de maison mais pas plus de deux personnages noirs et aucun asiatique ? De même pour les personnages féminins qui sont certes très attachants mais tout de même mis en retrait. Quand l’auteure nous dit que Dumbledore sera ouvertement gay dans les suites, on a du mal à y croire…

Les Animaux Fantastiques est une réussite pour ce qui est de ratio attentes/résultat. On retrouve ce qui faisait l’intérêt des derniers films de la saga Harry Potter : une alternance constante entre émerveillement et gravité, une invitation au rêve et des pointes d’humour parfois très british. Les fans apprécieront, tout comme les défenseurs des animaux d’ailleurs. Mais Rowling arrive aussi à créer quelque-chose de neuf, les bases de ce monde magique ayant déjà été posées on peut maintenant découvrir plus en profondeur les modes de vies et coutumes qui le composent. Bien que la réalisation soit très classique, le film reste un divertissement très efficace (même si on aurait aimé qu’il soit plus que ça) grâce à un casting attachant et surprenant (même Reydmayne devient appréciable).
On retrouve une charge émotionnelle puissante pour celles et ceux qui ont grandi avec la saga emblématique de notre génération. Pas de doute, la magie et l’émerveillement sont de retour.
Cultivez-vous, par la barbe de Merlin !

Ipemf
Article corrigé par Koukarus

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