Réalisatrice : Jodie Foster (Le Complexe du Castor, Week-en en famille)
Nationalité : Américain
Casting : George Clooney, Julia Roberts, Jack O'Connell
Synopsis : Lee Gates est une personnalité influente de la télévision et un gourou de la finance à Wall Street. Les choses se gâtent lorsque Kyle, un spectateur ayant perdu tout son argent en suivant les conseils de Gates, décide de le prendre en otage pendant son émission, devant des millions de téléspectateurs.
TW : Mort, sang, séquestration
Jodie Foster - D'actrice à réalisatrice
Jodie Foster débute sa carrière d'actrice à 10 ans avec quelques rôles secondaires. C'est avec Alice n'est plus ici (1974) de Scorsese qu'elle se fait remarquer par ce dernier qui l'engage pour jouer aux côtés de Robert De Niro dans Taxi Driver deux ans plus tard. Ce rôle lui permet de recevoir sa première nomination aux Oscars, première d'une longue liste. On la retrouve en 88 dans Les Accusés avec lequel elle remporte son premier Oscar (meilleure actrice) et en 91 c'est la renommée internationale : Le Silence des Agneaux qui lui permet de remporter une nouvelle statuette mais surtout d'être mondialement connue. La même année elle passe également derrière la caméra en réalisant Petit Homme puis Week-end en famille en 95. Après de rares apparitions, on la retrouve au Festival de Cannes en 2011 pour son film Le Complexe du Castor. Jusque-là Jodie Foster n'avait réalisé que deux drames et une comédie dramatique. Petit Homme et Week-end en Famille traitaient en grande partie des relations familiales, l'un au travers du prisme de la nostalgie de la relation mère/fils, l'autre en exposant la crainte d'être dans la même pièce que ses proches. Le Complexe du Castor traitait quant à lui la question de la dépression tout en gardant cette thématique de la famille citée précédemment.
Si la carrière d'actrice de Jodie Foster a été riche et lui a permis de marquer les esprits, ce n'est cependant pas le cas pour les films qu'elle a réalisé qui ne sont pas restés dans les mémoires collectives. Avec Money Monster elle passe à un tout autre registre... verdict ?
Money Monster, satire à tout-va !
Il y avait donc ce qui semblait évident : le duo Clooney/Roberts marche à merveille, c'est d'autant plus le cas pour cette dernière que l'on avait rarement vu dans ce genre de rôle (on pensera principalement à Erin Brokovitch). Puis il y a tout le reste. On ne savait pas si Jodie Foster allait nous proposer une critique acerbe du système, on ne savait pas ce qu'allait donner sa mise en scène, elle qui nous avait délivré uniquement des drames jusqu'à présent. Finalement, le pari est réussi !
Ce qui fait l'essence de la qualité de ce film est son scénario. On suit donc Lee Gates (Clooney), présentateur TV détestable, gourou de la finance que sa réalisatrice, Patty Fenn (Roberts), tente de contenir. Le présentateur va cependant déchanter lorsqu'il est pris en otage lors de son émission par Kyle Budwell (O'Connell) qui a tout perdu après avoir suivit les conseils spéculatifs de Lee. Ce dernier va donc petit à petit chercher à faire la lumière sur un "glitch" (il faut le dire en gueulant bien fort, ce qui ont vu le film comprendront) qui a plongé dans la misère nombre de personnes qui ont misé sur une entreprise dont le patron est introuvable. Le monde entier va suivre la prise d'otage, certains soutiendront Kyle pendant que d'autres élaboreront des memes sur le funeste événement. Ainsi nous avons fait la liste de tout ce qui va se prendre une bonne claque tout au long du film. en effet, Money Monster est avant tout une satire qui va tirer sur bon nombre de choses : le libéralisme, la spéculation, les profiteurs du systèmes, la police pas très maligne, la télé qui fait de l'infotainment, les réseaux sociaux, etc. On pourrait penser que Money Monster va se laisser aller à de bons sentiments mielleux sur le bien et la moralité, mais il n'en est rien. À chaque fois que la morale pourrait pointer le bout de son nez, à chaque fois qu'on s'en approche, le scénario l'envoie valdinguer dans l'oubli pour nous mettre face à quelque chose de bien plus terre à terre. On pense qu'un grand discours va apaiser les choses ? Raté. On n'est plus dans une émission scénarisée après tout ! Le film ne fait pas de cadeau et ce jusqu'à la fin où nous nous retrouvons sans réelle réponse rassurante sur un possible triomphe de la justice sur le profit.
Nous sommes encore moins épargnés par toute la face Thriller de Money Monster. Si le film ne fait certes que 1h39, c'est 9 minutes de calme pour 1h30 de tension servie par un montage très dynamique où nous sommes constamment proches du visage des protagonistes pour être au plus près de leur stress, leur peur, leur angoisse. Jodie Foster fait preuve d'ingéniosité dans le choix de ses plans, on passe régulièrement de caméras intradiégétiques (sur le plateau télé) en caméras extradiégétiques. Le procédé n'est pas évident puisque cela demande souvent de tourner la scène deux fois tout en faisant en sorte qu'il n'y ait aucune différence. Tout ce que peut nous offrir le décor du plateau télé est parfaitement utilisé et nous permet d'assister à une sorte de huis-clos (retransmis des millions de personnes certes) où l'équipe technique a toute sa place et nous permet d'en apprendre plus sur la réalisation des émissions en direct. Le thriller prend par moment des accents d'investigation : l'équipe d'une émission qui laisse de côté le journalisme va renouer avec les valeurs et l'adrénaline de la profession en cherchant à faire la lumière sur l'affaire. Là encore le montage et la réalisation permettent de rendre ces passages particulièrement haletants.
Y a t-il un défaut majeur ? Peut-être le fait qu'à la fin le peuple ne décide pas de détruire Wall Street, renverser l'ordre établit et péter la gueule aux grands patrons. *j'ai bien cru que cela allait arriver* Plus sérieusement, le film n'est évidement pas exempt de défauts mais lorsque l'on sort de la salle, on retient surtout l'excellent moment de tension que l'on vient de voir. Car Money Monster c'est ça : un très bon thriller avec un casting investit et une réalisatrice ingénieuse au service d'une satire qui fait plaisir à voir, surtout de la part d'un studio qui aurait pu tomber dans la consensualité.
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