Bonjour à toutes et à tous !
La fin d’année approche et il est temps de faire un bilan des œuvres qui m'ont marquées.
Cette fois-ci, je ne me prêterai pas à l’exercice traditionnel du top/flop des films afin de suivre le même modèle que le sieur Forkmotion et ses Fourchettes Awards de 2016.
Ma sélection, qui se renouvellera sûrement chaque année, aura le doux nom des Alpagas Awards, en hommage à ces nobles créatures que nous aimons tous’tes à la Colonie Du Web. Il y aura du cinéma, bien sûr, mais aussi d’autres arts, des récompenses uniques, des Top 3, et ces statuettes récompenseront autant la qualité que la médiocrité.
Dernier rappel : il s'agit d’œuvres sorties en 2017 en France et c'est un classement purement personnel (n'hésites pas à partager le vôtre dans les commentaires).
Maintenant que les bases sont posées, commençons tout de suite la remise des prix !
Alpaga Awards du film de super héros
Alpaga de bronze : Wonder Woman
J’ai écrit, avec Hel, un article (très) complet sur ce film et je vais rester sur ma position. Wonder Woman est une des meilleures origin story qui existe. Patty Jenkins aime son personnage et ça se ressent durant tout le film, au point de faire une scène d’iconisation extraordinaire : celle du No Man's Land. On peut aussi applaudir la performance de Gal Gadot qui incarne l’Amazone avec un naturel et une classe absolue. Même si ses défauts (bonjour les méchants en carton) ne lui permettent pas une meilleure place, il s’agit avant tout d’un film important, rempli de messages forts et qui doit rester dans les mémoires et engendrer d’autres films du même acabit.
Alpaga d'argent : Logan
L’épopée du Wolverine interprété par Hugh Jackman prend fin avec ce film sans concession. En sortant de la salle, j’étais assommé, rien ne nous a été épargné. Même s’il n’est pas exempt de défauts indéniables, on ne peut nier le caractère unique de cet opus de la saga X-Men. D’une violence rare, Logan ne cède pourtant pas à la facilité du gore décérébré à la Deadpool. Elle est viscérale, à l’image de cet univers dans lequel il est difficile de prendre le moindre appui. Tout est pourrissant, vieux, en perdition absolue. Logan est un aboutissement bien mené des aventures de Wolverine avec un Hugh Jackman au sommet de son interprétation et qui transmet le flambeau à une X-23 très prometteuse. James Mangold et Jackman voulaient une fin unique pour ce héros, c’est une réussite.
Alpaga d’or : Thor Ragnarok
Parfois vous pouvez démonter une cabane miteuse pour la rebâtir une immense villa, c’est ce qui est arrivé à Thor (et ce fut la pire métaphore de ma carrière). Certes, la villa en question a quelques craquelures (promis j’arrête) mais c’est fort peu en comparaison de tout ce que le film a accompli. Si on m’avait dit un jour qu’un film Thor parlerait d’immigration et d’anticolonialisme, j’aurai ri aux éclats ! Et pourtant il le fait, entre trois blagues de cul très appuyées et deux scènes de combats parfaitement rythmées et chorégraphiées sur Immigrant Song. Thor Ragnarok est le grand délire explosif et kitsch qu’on nous avait promis avec un auteur de talent qui pouvait se laisser aller sans être constamment ralenti par un cahier des charges trop lourd. Grâce au courage qu’ont eu Waititi et Hemsworth pour entièrement recréer le héros Asgardien, on peut enfin dire que Thor est un personnage intéressant, il accède à son statut de héros sage et puissant. Si ce n’est pas le meilleur film de Waititi, Thor Ragnarok est sans aucun doute un des meilleurs opus du MCU. Tous les choix qui sont faits sont assumés et ont un sens, que ce soit pour la réalisation, la narration et l’évolution des personnages. C’est tout ce qu’on demande à Marvel : laisser faire les réalisateurs pour qu’ils laissent leurs empreintes uniques dans ce vaste ensemble qui a encore pas mal d’années devant lui.
Alpaga Award de la catastrophe industrielle
Justice League
Justice League ne pouvait pas être un ratage, c’était impossible, la Warner avait un boulevard devant elle, il fallait juste éviter d’être des incompétents notoires. Certes, le départ de Snyder n’a pas aidé mais le remplacer par Joss Whedon était sûrement la pire idée du siècle. Ajoutez à cela l’ingérence totale de la production, Kevin Tsujihara en tête, et vous avez une des plus grandes catastrophes industrielles de l’histoire du genre. [Attention : spoilers dans le paragraphe qui suit]
C’est simple, il manque toutes les bases : aucune iconisation, aucun moment de pure équipe, même dans la bataille finale, la bande originale ne reste pas en tête, les conflits sont réglés en deux secondes, etc. Quand on voit un film DC/Warner, on s’attend à un minimum de réflexion sur des thématiques profondes comme la place d’un dieu sur terre (Man of Steel) ou l’affrontement entre un dieu en plein doute et un athée qui veut l’abattre (Batman v Superman). Ici il n’y a rien, le vide total. Pourtant, il y avait clairement quelque chose à faire : la possibilité pour un monde de fonctionner sans un dieu, la réussite du groupe composé d’individualités (la Justice League) face à une horde d’êtres décérébrés dirigés par un monstre (Steppenwolf et ses Parademons) ou même la difficulté de créer une équipe (le film Justice League) alors que tout le monde a encore en tête Superman (le Marvel Cinematic Universe). Tiens, parlons-en de Superman ! Il n’aurait jamais dû revenir en plein milieu du film, il décrédibilise la capacité de l’équipe à gérer la situation, c’est un cheat code vivant : à partir du moment où il arrive au combat, tout est plié et on n'a plus aucune crainte à avoir. Il aurait été intéressant de montrer que le monde pouvait encore avoir de l’espoir, même après la mort de Superman, puisque la Justice League avait pleinement intégré l’héritage du Kryptonien. Le plus désolant est que j’apprécie ces acteurs, j’ai envie de les voir plus à l’œuvre et on aurait dû les découvrir avant ce film. Le plan où toute l’équipe est réunie me fait dire que, oui, cette équipe est classe, qu’un film de qualité aurait pu créer l’événement et mettre à mal Marvel.
Un beau gâchis que cet univers DC.
Alpaga Award de la lente agonie d’une série
The Walking Dead - Saison 8
La première partie de la saison 8 de The Walking Dead devait être le point d’orgue de l’affrontement entre l’alliance Alexandria-Hilltop-Kingdom et les Saviors. Problème : huit épisodes pour un affrontement qui ne se termine même pas, c’est quelque peu indigeste. Certes, il aurait été étrange que tout soit réglé en une heure, mais il faut alors que l’on ait suffisamment à se mettre sous la dent. Or, ce n’est pas le cas. L’action est faiblarde, une simple fusillade entre deux équipes prend un épisode entier et la tension est rarement au rendez-vous. D’autant plus qu’on pourrait s’attendre à un minimum de réflexion, après tout certains passages pourraient le permettre comme la réapparition de Morales. Sauf que tout tourne autour du fait que Rick et ses camarades tombent dans le côté obscur, or ça, on le sait depuis au moins trois saisons ! Rien de neuf sous les tropiques ! Plusieurs axes intéressants font leur apparition et sont aussitôt jetés à la poubelle, ça n'a aucune cohérence narrative. Je regrette réellement certaines saisons où l’évolution psychologique et les dilemmes moraux étaient primordiaux. Ici, à part quelques scènes touchantes nous n’avons absolument rien. 8 épisodes d’échanges de coups de feux et de groupes qui attendent que le temps passe. L’épisode final était tout en tension mais c’est symptomatique d’une formule qui ne marche plus, AMC devrait peut-être arrêter avec ce système qui veut que seuls les 1ers, 8e, 9e et derniers épisodes d’une saison soient réellement marquants (et encore ce n’est pas toujours le cas). On peut néanmoins se consoler avec la performance de Jeffrey Dean Morgan qui est toujours en pleine forme.
J’espère sincèrement que la deuxième partie de saison va remonter la barre car The Walking Dead n’a jamais été autant en danger vu la baisse d’audimat.
Alpaga Award du bon jeu qui nous prend pour des vaches à lait
Sid Meier's Civilization VI
128 euros. C'est le prix total de Civilization VI avec tous les DLC (sans promotion) lorsque l'extension Rise and Fall sortira. Dans l'article que nous avons écrit avec Sharksymphonie nous expliquions que le jeu était d'une excellente facture malgré certains points à améliorer/développer. Nous reprochions surtout le grand nombre de DLC qui étaient déjà sortis alors que les patchs se faisaient attendre. Quelques semaines après, l'extension Rise and Fall a été annoncée pour 30 euros. C'est de cette façon (deux extensions par épisode) que la saga fonctionne depuis le 4e opus avec en complément les petits DLC disponibles depuis le 5 (merci Steam). Mais on atteint un tout autre niveau. Civilization V avait un prix total, tout compris, de 138 euros. Ici on approche presque de ce chiffre avec une seule extension. Certes, cette dernière va apporter des nouveautés très intéressantes et apporter un renouveau mais le goût reste amer. Ce modèle économique sera peut-être un jour la ruine de la saga lancée par Sid Meier.
Alpaga Award du Soufflé Retombé
Star Trek Discovery
La série Netflix démarrait plutôt bien, l’esthétique me plaisait, Sonequa Martin-Green semblait être un très bon choix de casting et le pilot faisait même l’effort de ne pas représenter les Klingons comme des brutes basiques très très méchantes.
Et tout à coup, c’est le drame, la série se pète la gueule dans les escaliers. Tout d’abord le côté “Discovery” on peut l’oublier, vous comprenez, c’est la guerre ! Bon soit, la guerre dans l’univers Star Trek ça peut être intéressant. Mais ladite guerre, nous n’en verrons rien pendant un bon bout de temps, aucune emphase, presque pas d’impact sur des membres d’équipages, etc. Les showrunners n’avaient visiblement pas non plus envie de nous faire un peu réfléchir : il n’y a aucun thème un poil développé à se mettre sous la dent.
Pour résumer : pas d’exploration, pas de réflexion, aucune originalité. Pour une œuvre Star Trek, c’est un peu fâcheux…
Alpaga Award du “vous nous avez manqué”
U2 - Songs of Experience
Ah il m’avaient manqué ceux-là ! Après un Songs of Innocence qui avait bercé mes heures de travail en 2014, U2 est enfin revenu début décembre avec leur nouvel album : Songs of Experience. Force est de constater que c’est une réussite partielle. Certains titres ne font pas mouche, trop mièvre : le groupe voulait faire un appel à la paix et donc à l’amour mais les paroles à la Sunday Bloody Sunday leur réussissent définitivement mieux. Mais à côté de ça, il y a ces titres qui nous rappellent la gloire de U2 : l’aspect aérien de la guitare, la voix de Bono, des intros magnifiques, etc. On retiendra donc avant tout You’re The Best Thing About Me ou The Little things That Give You Away et encore Red Flag Day.
Même s’ils ne signent pas leur meilleur album, les quatre compères sont toujours au rendez-vous !
Alpaga Award du coup de cœur islamo-gauchiste
Ouvrez les Guillemets - Usul
Après avoir couvert la campagne présidentielle avec L’air de la Campagne, Usul revient sur Mediapart avec une nouvelle émission d’une grande qualité. Ici notre bobo gauchiste favoris traite de sujets divers tel que l’écologie, l’islamophobie ou encore la sélection à l’université avec un humour bien dosé. Et c’est peut-être ça le point le plus important : tout en avançant des pistes de réflexion assez poussées, il a un usage de l’humour parfaitement équilibré qui tournera souvent en dérision son propre personnage tout en restant le plus correct possible.
Quand les vidéastes parlent politique c’est bien, quand ils le font avec un humour recherché, c’est encore mieux !
Alpaga Award du film pas assez médiatisé
Tunnel
J’en avais déjà parlé au moment de sa sortie en mai, mais j’en remets une couche puisque je constate avec tristesse le peu de couverture médiatique qu’a eu le film, n’ayant pas eu la chance de sortir en France l’année dernière alors que deux films coréens avaient fait un carton (Mademoiselle et Dernier Train pour Busan).
Je réitère tout ce que je dis dans l’article sauf pour les reproches que je lui avais fait à l’époque quant à l’aspect politique qui me semblait un peu désamorcé par l’humour : après un re-visionnage, force est de constater que ce n’est pas aussi important que ce que j’avais estimé.
Bref, regardez Tunnel, il vaut largement le détour, tout comme le cinéma coréen contemporain qui ne me déçoit que très rarement.
Alpaga Award des chaudes larmes
Coco
En vérité, mon avis sur le film est assez mitigé mais c’est sûrement dû aux conditions compliquées de mon visionnage (merci les parents qui n’ont aucune envie de gérer leurs gamins insupportables). En revanche, il est évident que Coco est un des films Pixar les plus bouleversants. Les scènes qui tournent autour de mama Coco m’ont particulièrement mises à mal et c’est sûrement le cas pour toute personne qui est confronté’e aux problèmes de mémoire de ses parents/grands-parents.
Les meilleurs Pixar sont toujours ceux qui parlent autant aux enfants qu’aux adultes, Coco le fait magnifiquement bien.
Alpaga Award du rachat qui nous a fait voir flou
Disney / Fox
Internet était en feu, certain'e's ont tellement serré les fesses qu'iels ont développé un nouveau muscle, bref, on ne savait pas quoi en penser.
Le rachat de la Fox par Disney pour plus de 50 milliards de dollars (ça en fait des kebabs) a à la fois de quoi inquiéter et réjouir. Inquiéter car Disney augmente encore une fois son monopole du marché et on se demande bien ce qu'ils pourraient faire de certaines saga qui ne correspondent pas forcément à leur manière de faire. Réjouir car cela veut dire que le Marvel Cinematic Universe a enfin son catalogue (presque) au complet avec le retour à la maison des X-Men et des 4 Fantastiques. Évidemment je retiens surtout ce dernier point tant l'idée de voir toutes les équipes fonctionner ensemble me remplit de joie. Si on voulait prendre un peu de recul, on se dirait que cela fait près d'un siècle que Disney déploie ses tentacules à travers l'ensemble de l'industrie du divertissement et qu'il n'y a donc rien de bien neuf. Après tout, il reste encore des productions telles que la Warner, Paramount ou Sony pour faire tampon (si tant est qu'ils ne sortent pas des catastrophes sans nom comme Justice League).
Impossible de savoir ce qu'il en sera, nous pouvons uniquement nous rappeler qu'il y a eu des précédents avec Miramax, Marvel et LucasFilm. Déjà à l'époque beaucoup étaient alarmistes et pourtant l'apocalypse n'est pas arrivée, bien au contraire.
Alpaga Award du “le message politique ne fais pas tout”
Moonlight
Hollywood était en feu, Moonlight était présenté comme un immense chef d’œuvre bouleversant qui allait faire bouger les choses. Un an après, on attend encore que les choses bougent ne serait-ce que d’un millimètre. Qu’on se le dise, j’applaudis le film de Barry Jenkins pour son message politique. Mais pour le reste, on n'est pas loin d’une arnaque. C’est au mieux joli, le casting est sûrement la meilleure chose que l’on puisse en tirer (Mahershala Ali reste mon petit chouchou) mais c’est surtout d’un plat abyssal. Le pire est sûrement qu’avec ses nombreuses victoires aux Oscars, il est devenu une caution pour les vieux décideurs blancs hétéros d'Hollywood : sûrement la pire chose qui peut arriver à ce genre de film.
Alpaga Award du “c’est fort agréable pour mes esgourdes”
Dunkirk
Le travail de Hans Zimmer sur le dernier film de Christopher Nolan est certainement l’une de ses meilleures créations de sa carrière. La musique est présente dès le début et ne s’arrête que quelques secondes avant la fin. Elle fait office de dialogue, aide au passage entre les scènes non-linéaires, elle est un mouvement perpétuel qui nous ancre dans ce purgatoire infernal. Pour une analyse plus complète de ce travail, je vous invite à lire cet article de Jérôme Nicod.
Avec Dunkirk, Nolan et Zimmer signent une de leur meilleure collaboration.
Alpaga Award de la meilleur scène
La La Land - Scène d’ouverture
Magistral. Il n’y a pas d’autres mots pour cette scène (et même pour le film mais ça on va en reparler plus tard). Il y a tout d’abord ce que beaucoup ont relevé : l’incroyable technicité de ce passage en presque plan séquence (avec deux coupes invisibles aux yeux non-entraînés), d’autant plus qu’il n’y a, à première vue, pas de réelle utilité directe par rapport à la narration. Donc on se dit d’abord “ok, Chazelle a voulu se faire un petit kiffe sans pression pour nous mettre dans l’ambiance”, après tout, il pourrait être important de nous rappeler que nous regardons une comédie musicale, quelle belle introduction ! Mais une fois que l’on se penche un peu plus sur les paroles, après avoir vu le film, tout s’éclaire : le mec nous a spoilé le film dans sa scène d’introduction ! Les personnages nous expliquent en chantant qu’il va être question de rêve, de dureté du milieu hollywoodien, du choix que Mia et Sebastian vont devoir faire entre leur amour et leur passion.
Ainsi, en plus de la prouesse technique qu’elle est, la scène d’introduction de La La Land représente parfaite la dichotomie constante qu’est le film : tout est coloré, chantant, fantasmé et pourtant dans un embouteillage sans fin.
Même au bout d’un an, cette scène est un pur délice à voir (tout comme Another Day of Sun est un pur plaisir à écouter).
Alpaga Award du meilleur film froooooonçais
120 Battements par Minutes
Pour cette récompense, je vais laisser Hel diriger le navire !
Mesdames, non-binaires et messieurs, bien le bonjour !
Grâce au sieur Ipemf, votre humble serviteurice est ici pour vous parler DU film qui m'a marqué le plus cette année : il s'agit évidemment de 120 Battements par Minutes (que j'abrégerais dès maintenant en 120bpm) !
Le film se déroule dans les années 90 et suit l'association Act Up, qui lutte contre le VIH. Pour cela, les scénaristes ont très bien géré, et ont décidé de nous faire suivre le personnage de Nathan, un jeune homme qui se rend pour la première fois à une réunion d'Act Up : il découvre avec les spectateurices les règles de prise de parole, les membres, la façon dont l’association fonctionne, et ça marche du tonnerre !
De plus, il faut savoir que le réalisateur du film, Robin Campillo, est lui-même gay et ancien membre d'Act-Up, ce qui rend son film criant d'authenticité de par les questionnements qu'il aborde, ses dilemmes, ses colères, son humour, sa tristesse. Cela explique également le fait qu'une grande partie du casting est composée de personnes LGBT+, et que 120bpm prend soin de donner un maximum de visibilité à l'immense diversité des personnes concernées par le VIH, le tout dans une infinie bienveillance.
Bref, ce film est une claque, visuellement, scénaristiquement et émotionnellement : il vous prend par la gorge et vous secoue jusqu'à ce que tout votre corps épuisé entre en résonance. Ce qui constitue à mes yeux, une de ses plus grandes forces.
Nous arrivons à la dernière remise de prix, la plus importante :
Alpaga des trois films de l’année
Alpaga de bronze : Star Wars: The Last Jedi
Je suis très bon public quand il s’agit d’un film de la saga Star Wars (ce qui demande donc quelques jours de réflexion à la sortie de la salle pour éviter d'esquiver les éventuels défauts). Même si je ne m’y suis mis que tardivement, il s’agit d’un univers qui me passionne alors forcément, un opus qui ose à ce point prendre certains chemins de traverse, ça me ravit ! Des défauts, ce nouvel épisode en contient et ils sont même assez importants, mais ils ne suffisent pas à éventrer l’audace, la profonde humanité, l’originalité esthétique de The Last Jedi. Rian Johnson ose l’iconoclasme : les livres anciens devraient brûler, les héros sont propulsés hors de leur légende, l’hubris des anciens personnages est pointée du doigt. Il est question de laisser mourir le passé mais aussi de prendre appui sur les vieilles branches qui ont encore du répondant. Ces axes permettent des envolées émotionnelles incroyables : comment ne pas vibrer lorsque Luke apparaît en vieux sage combattant ? Comment ne pas verser une larme quand on se dit que c’est la dernière performance magistrale de Carrie Fisher ? Comment ne pas être perturbés par les liens entre Rey et Kylo Ren ? Les vieux mecs blancs sont hors courses au profit d’une nouvelle génération avec certains personnages qui viennent de nul part. Il n’est plus question d’enfant de la prophétie mais d’individualités diverses qui s’unissent pour faire avancer quelque chose de bien plus grand, nous faisant comprendre qu'il y a un'e héro'ïne en chacun'e de nous et c’est sûrement la plus belle réussite de ce film.
Alors oui, on peut lui reprocher de nombreuses choses, mais au moins Star Wars: The Last Jedi s’est adressé à nous avec douce bienveillance pour nous expliquer qu’il nous fallait à la fois prendre du recul sur cet héritage, sans pour autant tout envoyer valser. On finit donc bouleversés par le plan final, si tenté que nous daignons écouter ce que Johnson avait à nous dire. Pour ma part le message est reçu et je le trouve magnifique.
Alpaga d’argent : Dunkirk
Nolan nous invite à entrer dans un chaos absolu, à nous laisser perdre dans un abîme temporel. On retrouve ici un des grands amours de l’auteur : la notion de temps. Il nous propose une expérience de narration unique pour ce genre : en un seul présent nous devons suivre les soldats sur la plage pendant une semaine, les civils qui traversent la mer en une journée et le pilote qui n’a qu’une heure pour accomplir sa mission. Cette non-linéarité et ce compte à rebours omniprésent nous plongent dans une tension permanente, d’autant plus que nous ne verrons jamais l’ennemi, ce qui rend la thématique de la survie encore plus forte. L’autre grande réussite de Nolan réside dans le fait que ce film, qui est pourtant très avare en dialogue et en exposition, est l’une de ses créations où l’on ressent le plus une profonde humanité.
S’il ne s’agit pas de sa plus grande œuvre, il n’en reste pas moins un des films les plus originaux et marquants de l’année, comme souvent avec ce cher Christopher.
Alpaga d’or : La La Land
Premier film vu cette année, jamais détrôné. Difficile de ne pas employer de superlatifs à son sujet, tant La La Land s’est inscrit dans l’inconscient collectif comme ce qui pourrait être une œuvre majeure de ces dernières années (décennies ?). Je ne vais pas réitérer les nombreux éloges au sujet du génie de la réalisation, de la réflexion profonde dans le choix des couleurs, des thématiques abordées, etc. Tout ça a déjà été fait maintes fois et après tout ce n’est peut-être même pas le plus important. La La Land est un film qui se ressent, pas besoin de réfléchir des lustres à toutes ses richesses (tout ça on peut le faire après-coup), il suffit de se laisser porter et on est déjà bouleversés. C’est peut-être l’essence des grands films : nous n'avons pas besoin de les comprendre directement pour être conquis, ils s’adressent directement à nos émotions, en toute simplicité. Damien Chazelle s’est magnifiquement adressé à tous’tes les passionné’e’s, à celles et ceux qui rêvent et désormais nous rêvons de le revoir bientôt à l’œuvre.
Cette sélection est à présent terminée. J'aurais voulu parler plus longuement des œuvres évoquées ici ou même en inclure d'autres (comme les géniaux The Lost City of Z et Get Out) mais le but n'est pas de faire un article aussi long qu'une cérémonie des Césars.
Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une excellente nouvelle année, puisse-t-elle être riche en réussites, remplie de bonheur et bourrée de sorties culturelles aussi bonnes (ou mieux) que cette année !
A très bientôt et n'oubliez pas, cultivez-vous !
Ipemf