Le meilleur de 2020 selon Hel

Salutations, camarades !
Les jours sont de plus en plus courts, les voisin’es décorent leurs fenêtres avec des guirlandes d’un goût parfois questionnable, une boule de Noël s’est nichée sur la lampe de mon bureau, bref : la fin d’année approche à grands pas (comme disait un certain Aragorn).
Habituellement, je découvre assez peu d'œuvres culturelles « en temps réel », donc les listes de fin d’année ce n’est pas mon truc. Toutefois, par un ensemble de circonstances incluant des personnes masquées et un pangolin, j’ai eu un peu plus l’occasion de voir, lire ou écouter des œuvres sorties ou terminées cette année. En voici donc une modeste sélection.

 

La Manette de L’humour Absurde :
Moving Out

Moving Out est un jeu vidéo où vous incarnez un’e déménageureuse, soit en mode solo soit accompagné d’un à trois ami’es. Votre mission consiste, dans le temps imparti, à transporter une liste d’objets et d’animaux de la maison à votre camion (dans lequel vous pourrez, en plus, découvrir les joies d’un Tetris en 3D). Le tout, bien évidemment, en esquivant les quelques dangers plus ou moins surréalistes qui peuvent paver votre route, et avec des objectifs bonus histoire de rajouter un peu de piquant. Moving Out est donc un excellent jeu, avec un bon humour, un fil rouge original et une très bonne rejouabilité, et si vous souhaitez plus de précision je vous explique cela plus en détail ici.

 

La Manette de la Dépression :
The Longing

[TW/CW : Dépression, suicide, décès]
J’ai également déjà parlé de The Longing ici, mais puisque j’ai pu terminer le jeu entre-temps, je peux en parler avec davantage de détails aujourd’hui.
Dans The Longing, vous incarnez une ombre, créature vivant sous terre et qui a reçu l’ordre de son Roi de l’attendre pendant que Monsieur se fait une petite sieste de 400 jours. Vous devez donc… Attendre. Je plaisante, votre ombre a bien quelques idées pour s’occuper, mais ce sera à vous de la diriger dans ses explorations pour trouver comment réaliser ses objectifs.
The Longing a l’intelligence de jouer sur la lenteur des événements : la lenteur de déplacement du protagoniste, la lenteur pour qu’une stalactite ne s’effondre, la lenteur pour qu’une araignée tisse sa toile… Loin des jeux vidéo nécessitant usuellement des réflexes, avec un dynamisme lié à la vitesse des événements, The Longing vous fait réfléchir au temps qui passe, à la solitude, à la dépression, et à la notion même d’espoir.

 

 La Pellicule de la Contemplation :
Dans un Jardin qu’on Dirait Éternel

[TW/CW : Décès]
Connaissez-vous l’art noble de la cérémonie du thé au Japon ? Cette tradition est abordée dans ce superbe film, sorti en 2018 au Japon et cette année en France. Noriko, jeune femme terminant ses études à l’université, accepte d’apprendre cet art en compagnie de sa cousine. Au fil des années et des saisons, elle découvre les variations dans chaque enseignement et, progressivement, comment percevoir différemment son univers.
Le rythme de ce film est très satisfaisant et frustrant à la fois. Satisfaisant car il en appelle à notre esprit contemplatif, celui qui va admirer avec nous chaque geste, chaque détail, écouter chaque goutte de pluie tomber et vibrer avec les saisons qui passent. Frustrant car force est de constater que ce rythme, si rare, nous semble presque contre-nature, autant dans l’enchaînement des scènes, dans les dialogues (dont je ne prétends pas avoir compris toute la subtilité) ou dans la façon dont le temps s’y écoule. Si les us et coutumes des différents pays vous intéressent, que vous aimez les œuvres contemplatives ou que le cinéma japonais vous plaît, n’hésitez pas à prendre le temps de regarder cette œuvre sublime à la fois auditivement et visuellement. Et prévoyez peut-être même un mouchoir ou deux si, comme moi, vous n’aurez pas l’occasion de partager les fêtes de fin d’année avec les personnes qui vous sont proches.

 

La Pellicule Sous-estimée :
En Avant !

[TW/CW : Décès]
Pemf en a déjà parlé : au début d’année, nous avons eu l’occasion d’aller voir En Avant ! Et pour un film que je suis littéralement allæ voir à reculons (je sais, c’est ironique au vu du titre) c’était ul-tra bien !
Ce Pixar, loin de se limiter à ce que j’appelle usuellement un « film de bros » (film dépictant deux hommes, amis ou adelphes, qui vivent des aventures ensemble et renforcent leur amitié en toute hétérosexualité), ne se contente pas de représenter un banal road trip empli de vulgarité, contrairement à ce que la bande-annonce française laisse entendre ou à d’autres exemples cinématographiques, mais aborde la question de la famille, de la paternité, du deuil et de notre relation au passé avec un bon mélange de délicatesse, d’humour et d’émotion. En ressortant de la salle de cinéma, j’ai été ébahi’e de réaliser à quel point ce film d’animation a été mal promu et je vous le conseille d’autant plus chaudement.

 

La Pellicule du Documentaire de Qualité :
Petite Fille

[TW/CW : Transphobie, harcèlement scolaire]
Cette année, j’ai eu l’occasion de découvrir le travail de Sébastien Lifshitz, à travers les Invisibles (dont Pemf a parlé ici), Adolescentes et Petite Fille. Je dois avouer apprécier énormément sa façon de travailler : ses documentaires alternent entre scènes du quotidien des personnes qu’il suit, plans contemplatifs et, éventuellement, scènes où seules les personnes témoignent de leur ressenti. Jamais un seul mot n’est prononcé de la part de l’équipe cinématographique, qui s’efface pour laisser simplement la place au quotidien et aux mots de ceux qu’elle filme.
Petite Fille ne fait pas exception : pendant un an, nous sommes invitæs à rencontrer Sacha et sa famille. Une famille aussi ordinaire qu’aimante, mais qui se retrouve confrontée à la violence de la transphobie de l’école envers Sacha. Nous sommes donc amenæs à suivre la quête de toute cette famille à la recherche de solutions pour permettre à leur petite fille de bénéficier du respect et de la liberté dont tous les enfants de son âge devraient bénéficier : liberté d’exprimer son genre librement, liberté de jouer, liberté d’être insouciante.
Je vous recommande de tout mon cœur ce film. L’amour de la famille de Sacha réchauffe les cœurs et, si j’ai pleuré comme une madeleine devant la violence intolérable que doit affronter cette famille, je pense que voir une enfant obtenir le droit d’être elle-même, aimée et respectée fait beaucoup de bien, autant d’un point de vue militant qu’émotionnel.

 

La Lecture du Gloussement :
Au Fil des Mondes

Ok, j’avoue que sur ce point-là, je ne suis peut-être pas très objectifve : ce webcomic a été écrit par un de mes meilleurs amis, également membre du Porte-Voix, el famoso forky. Toutefois, amitié mise à part… J’aime vraiment beaucoup le contenu !
Au Fil des Mondes raconte l’histoire d’Enka, une jeune fille co-existant entre deux mondes parallèles et passant inexorablement de l’un à l’autre lorsqu’elle s’endort. Un jour, dans le monde de Terra, elle rencontre Cléophée, dont un grand-parent, comme Enka, alternait chaque nuit entre les mondes de Terra et Flow.
J’avoue adorer ce webcomic, et ce pour plusieurs raisons. Déjà, visuellement, le style est attractif, les couleurs sont très travaillées, les scènes d’actions ont du punch et forky a fait le choix (que je n’avais jamais vu sur la plateforme jusque-là) d’animer certaines scènes. Ensuite, d’un point de vue scénaristique, si le nombre d’épisodes est encore trop court pour se prononcer, le rythme est très bon pour le moment, avec une évolution rapide des enjeux et une bonne alternance entre humour et sérieux. Enfin, Au Fil des mondes est truffé de petits détails et de références, dans les propos des personnages comme dans les décors et arrière-plans, qui ajoutent une touche humoristique excellente à l’ensemble de l’œuvre.
Je ne vous en dis pas plus et je vous recommande chaudement d’aller voir son travail vous-même. Bonne lecture !

 

La Lecture de la Hype et de la PLS :
See You in my 19th Life

[TW/CW : Décès, accident de voiture]
Cette année, j’ai fait l’erreur de m’inscrire sur Webtoon et je suis donc actuellement en train de poncer de nombreux webcomics simultanément. L’un d’entre eux, disponible en version anglaise sous le titre See you in my 19th life (et apparemment disponible en français sous le titre J’irai te voir dans ma prochaine vie), vient tout juste de commencer et a directement capté mon attention. Créé par Lee Hey, auteurice de A Good Day to be a dog (en VF Adorablement chien) que j’avais également lu et beaucoup apprécié, ce webcomic nous propose de suivre l’histoire d’une personne qui est capable de se souvenir de chacune de ses réincarnations précédente. Au cours de la 18e d’entre elles, elle finit, pour la première fois depuis longtemps, par s’attacher à quelqu’un d’autre, un enfant de a 3 ans de moins qu’elle et pour qui elle finit par être très importante Toutefois, suite à un accident, elle décède à l’âge de douze ans. Elle se réincarne alors de nouveau dans sa 19e vie, conservant toujours le souvenir de ses vies antérieures et donc, également, le souvenir de cet homme, de désormais 9 ans de plus qu’elle.
Si seuls trois chapitres sont sortis alors que j’écris ces lignes (dans la version anglophone tout du moins), mon enthousiasme est grand. Le style graphique de Lee Hey est très joli, j’aime notamment énormément sa façon de dessiner les expressions et les cheveux (et les petits chiens blancs, aussi). Le thème de la réincarnation/des vies antérieures et celui de l’oubli ou au contraire du souvenir avaient déjà été abordés partiellement dans A Good Day to be a dog et ont beaucoup de potentiel. Le webcomic aborde également la question du deuil, en lien avec les thèmes précédents, de façon plutôt bienveillante même si le sujet n’a pas été approfondi. La narration est également très bonne pour le moment, au point d’invoquer les célèbres ninjas coupeureuses d’oignons à au moins deux reprises (sur 3 épisodes, c’est pas mal). Je vous conseille donc de garder un œil sur ce webcomic, que je vais pour ma part dévorer avec empressement à chaque sortie de chapitre !

 

La Série qui Fait du Bien :
Modern Family

Poster Modern Family

Cette série ne date pas de 2020 puisqu’elle comporte onze saisons. En revanche, elle s’est terminée cette année, ce qui tombe bien car c’est cette année que Pemf et moi l’avons découverte.
Modern Family suit une famille recomposée, divisée en 3 foyers : Le père de famille, Jay Prichett, fraîchement remarié avec Gloria, femme Colombienne bien plus jeune et qui a un enfant issu d’un premier mariage, Manny. La fille de Jay, Claire Dunphy, vivant avec son époux Phil et ses trois enfants, Haley, Alex et Luke. Et enfin mon chouchou le fils de Jay, Mitch Prichett, en couple depuis 5 ans avec Cameron Tucker, et avec lequel il vient d’adopter la petite Lily. La série suit donc leur quotidien, leurs interactions positives comme négatives, leurs préoccupations, rêves et difficultés, et ce avec beaucoup de douceur.
Honnêtement, j’étais très très sceptique quand on a commencé, mais nous nous sommes lançæs dans un bingewatching des onze saisons en un temps record et, à 2-3 épisodes près (ce qui est globalement négligeable pour une série de cette taille) j’ai profondément apprécié cette série. Les relations entre les personnages sont notamment très attachantes et, pour une fois, sont du genre à vous donner sincèrement envie d’avoir une famille de ce genre. Même s' il existe des tensions, leur affection mutuelle est visible et leur permet de garder un lien. C’est l’opposée directe de nombreuses séries, où les seules relations existantes sont constituées de conflits et de jeux de domination, et où la famille n’est qu’une institution que les membres utilisent à tour de rôle comme argument pour rester ensemble malgré la toxicité ambiante ou pour soudainement faire preuve d’une solidarité de cinq minutes avant de redevenir violents les uns envers les autres.
De nombreux sujets sont abordés, comme la parentalité, l’identité culturelle, l’expression de son affection, le droit des personnes LGBT+ ou l’équilibre au sein du couple. La série propose également beaucoup d’humour, rarement oppressif, et qui nous a fait hurler de rire et/ou repasser la scène à de nombreuses reprises. Les seuls reproches que j’ai à lui faire sont, scénaristiquement, une fin trop abrupte et peu satisfaisante, et d’un point de vue militant, une pudeur cinématographique devant le couple de Mitch et Cam que l’on ne trouve nulle part ailleurs. En effet, il faut attendre plusieurs saisons pour les voir s’embrasser, et il n’est suggéré qu’une seule fois à la caméra qu’ils ont eu un rapport sexuel, alors que le nombre de baisers langoureux ou passionnés montrés à l’écran ou d’occurrences de relations sexuelles entre les couples hétérosexuels présents dans la série se comptent à plusieurs par saisons. Toutefois, Modern Family reste une très bonne série, très agréable à regarder, que je ne peux que vous recommander très chaudement pour réchauffer votre cœur en ce début d'hiver.

 

Voilà pour ma sélection de quelques petites perles qui ont parsemé mon année 2020 de petits instants de joie ou de bonheur ! J’espère que, malgré tous les événements qui ont pu changer nos habitudes et notre perception du monde qui nous entoure, la vôtre a su également vous rendre heureuxse par moments, et j’espère que cette sélection vous a plu. Je vous souhaite d’excellentes fêtes de fin d’année, que vous soyez seul’e ou entouræ, et j’espère que l’année 2021 vous apportera du bonheur par canadairs entiers !
En attendant, si vous avez testé une des œuvres que j’ai évoqué, n’hésitez pas à commenter pour discuter ensemble de ce que vous en avez pensé et surtout, prenez bien soin de vous !

Hel

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Hel

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