[Anime] Food Wars! – L’excellence sacrifiée sur l’autel du fan service

Il existe des œuvres à propos desquelles nous nous disons “J’aime cette série, mais qu’est ce qu’elle est dérangeante sur certains aspects !”. Par exemple, nous sommes nombreux à apprécier Friends, mais également nombreux à reconnaître le fait que ce n’est pas la série la plus irréprochable, sur la grossophobie notamment. Pareil avec Scrubs, l’une de mes séries d’amour, que je regarde régulièrement pour me remettre d’aplomb, mais dont je reconnais volontiers son homophobie dérangeante. 
Il en est de même avec l’anime dont je vais parler : Shokugeki no Sōma aurait pu être une excellente série, mais se trouve être complètement parasitée par un fan service sexiste et pédophile des plus ahurissants. 

Date de diffusion : Avril 2015 - Avril 2020

Réalisateur : Yoshitomo Yonetani

Genre : Comédie, Nekketsu, Cuisine.

Studio : J. C. Staff

Synopsis : Sôma Yukihira rêve de devenir chef cuisinier dans le restaurant familial et ainsi surpasser les talents culinaires de son père. Alors que Sôma vient juste d'être diplômé au collège, son père Jôichirô Yukihira ferme le restaurant pour partir cuisiner à travers le monde. L'esprit de compétition de Sôma va alors être mis à l'épreuve par son père qui lui conseille de rejoindre une école d'élite culinaire.

Si vous n’êtes pas férus d’anime, ou de cuisine, ou des deux, Food Wars! : Shokugeki no Sōma , est un anime de cinq saisons (même si on aimerait n’en retenir que quatre mais nous en reparlerons plus tard) diffusé à partir de 2015 par le studio J. C. Staff. Il est adapté du manga éponyme écrit par Yuto Tsukuda et publié dans le Shonen Jump à partir de 2012.
Nous y suivons Sōma Yukihira, jeune second dans le restaurant de son père. Ce dernier envoie son fils dans une école culinaire d’élite, où seuls 10 % des élèves ressortent diplômés. Puisque le rêve de Sôma est de devenir chef et de surpasser son génie de père, il relève le défi. Il y fait notamment la rencontre d’Erina (petite-fille du doyen), dont la particularité est d’avoir le “palais divin” qui lui permet de différencier chaque goût présent au sein d’un plat, la provenance des aliments, la façon dont ils ont été utilisés et, ultimement, d’estimer la valeur dudit plat. Sōma va enchaîner les rencontres avec les autres chef’fes apprenti’es ainsi que les duels avec ceux-ci et les épreuves dans lesquelles il devra redoubler d’inventivité pour surpasser les autres élèves. 

Food-Wars-Erina-SomaDe gauche à droite : Erina et Sōma

Pour être parfaitement honnête, sans les immenses problèmes que je relèverai plus tard, Shokugeki no Sōma aurait pu être mon anime favori. (Donc, pour l’heure, Fullmetal Alchemist Brotherhood reste inégalé dans mon cœur.)

Si vous appréciez la cuisine et les affrontements épiques, c’est exactement la série qu’il vous faut. La grande réussite stylistique de Food Wars! est d’avoir réussi à parfaitement jouer sur les codes du shōnen classique, pour rendre son thème principal (la cuisine donc, c’est bien, vous suivez, je suis sûr que vous aviez d’excellentes notes en cours) prenant, passionnant, épique. On y retrouve les classiques affrontements avec une organisation antagoniste pyramidale, les quadruples retournements de situation, le héros passionné et particulièrement doué qui a un père légendaire, les personnages secondaires qui ont chacun’es une spécialité (parfois TRÈS spécifique), etc. Tout ceci fait que les batailles culinaires sont aussi prenantes que n’importe quel affrontement physique de shōnen. Personnellement, lorsque je cuisine pour un quelconque enjeu, ça se résume plus en un “QUI A PLANQUÉ LE FOUTU SEL ?!” qu’en un “無駄だ, j’ai encore une botte secrète, bouffe une hallucination gustative dans ta tronche, manant !”.
D’autant plus que, dans la série, le travail graphique des plats et aliments est tout simplement sublime, et a demandé un long travail acharné de la part de l’équipe artistique. Je vous invite d’ailleurs à visionner ce making of de la série qui détaille notamment le processus artistique employé, ainsi que son évolution. De plus, Food Wars! revêt également un aspect didactique passionnant : l’immense majorité des plats, leur préparation, les saveurs impliquées, ainsi que leur mariage, est expliqué, si bien qu’à terme il ne nous reste que l’envie de nous-même essayer ces recettes. (Puis pleurer sur notre incompétence notoire face à des personnages de fiction qui bénéficient de certains coups de pouce scénaristiques.) 

Shokugeki no Sōma se démarque des autres shōnens classiques par son ingéniosité à mêler la cuisine, thème certes intéressant mais pas forcément particulièrement épique, à une ambiance prenante parfaitement maîtrisée. 

Il me faut également évoquer les personnages qui sont tous’tes particulièrement attachant’es, même les plus secondaires. Il y a bien évidemment Sōma, qui a le mérite notable de ne pas être un héros de shōnen couillon, grande-gueule ou insupportable. Il est juste un gars, plutôt doué en cuisine, mais qui prend très vite conscience qu’il a énormément de progrès à faire et beaucoup à apprendre s’il veut un jour atteindre son but, qui ne se résume pas seulement à une simple question d’ego, mais relève aussi d’une simple passion absolue pour la cuisine et la joie de découvrir d’autres horizons culinaires.
Les personnages secondaires ne sont pas en reste, et iels écopent notamment de l’aspect “burlesque” (c’est comme ça qu’on dit “WTF” chez les boomers) que la série maîtrise parfaitement. Entre Ryo qui passe de petit chien docile à berserk déchaîné en un simple port de bandana, le chef Dojima qui pourrait avoir sa place dans JoJo’s Bizarre Adventure, ou encore Subaru le maître-espion, Food Wars! offre une palette variée de personnages dont la plupart bénéficient d’un développement plutôt acceptable. 

Nakiri Senzaemon, le doyen que tout le monde aimerait avoir.

Tout ceci est formidable, et je n’ai même pas parlé des thèmes passionnants abordés par la série (je vous laisse les découvrir par vous-même), mais, hélas, chaque point appréciable se voit éclipser par l’entêtement des créateurs de Food Wars! à placer du fan service infect. 

Je m’explique : dans l’univers de la série, manger un bon plat vous fait entrer dans un “foodgasm”, un orgasme culinaire. Parfois, c’est très amusant, notamment lorsque les personnages s’imaginent dans des situations en rapport avec les saveurs qu’iels ont encaissées. (Exemple : un personnage se voit dans une forêt enchantée apaisante.) Tout ceci est très drôle oui. Sauf que, l’immense majorité du temps, lorsqu’un personnage (féminin le plus souvent évidemment…) a un foodgasm, iel se retrouve dévêtu. (Avec à chaque fois les parties les plus “Pegi 18” cachées par un élément) Je rappelle que les personnages de la série sont des lycéens. Des mineurs. Donc, les créateurs de Food Wars! s’amusent à coller des orgasmes (il n’y a pas d’autres mots pour ça.) à des enfants, dans le plus simple appareil. Parfois, il s’agit même de filles extrêmement jeunes. Et je vous l’annonce directement : si cela ne vous pose aucun problème, j’espère sincèrement que vous n’aurez jamais à approcher un enfant. Il n’est pas normal de trouver divertissantes des scènes de mineur’es nu’es ayant des orgasmes, même dans une fiction.

Autant si la série s’était contenté d’une seule scène de la sorte, avec une personne adulte, pour jouer sur les codes du hentai, je pourrai éventuellement comprendre l’idée (et encore…). Mais ici, ces scènes sont présentes dans chaque foutu épisode, pour chaque foutu personnage, dans la moindre foutue situation. Et je trouve cette pratique honteuse. La série aurait été tout aussi parfaite si les créateurs s’étaient contenté de placer les hallucinations que j’ai évoqué plus haut. Mais, évidemment, cela aurait demandé beaucoup plus de travail et d’ingéniosité que de simplement mettre des gosses à poil. Les créateurs ont juste cherché à faire leur beurre en attirant un public malveillant qui ne cache pas son plaisir d'assister à ces scènes relevant de la pédophilie. 

Ceci, par exemple, est une hallucination très drôle.

Évidemment, trop occupée à dévêtir les personnages féminins, la série oublie de les développer ou de leur donner des enjeux originaux. Nous pouvons notamment penser à Megumi qui n’aura droit qu’à un vague développement, alors qu’elle aurait pu facilement prendre une place bien plus importante au sein du récit, de même pour Nikumi qui perd tout intérêt une fois son épisode attitré passé. Mais le plus gênant se trouve du côté d’Erina qui écope du bon vieux statut de demoiselle en détresse, non pas une, mais deux fois. Tout d’abord dans l’arc de la Centrale, bien qu’ici ce soit moins marqué puisque la cheffe arrive globalement à se sortir de cette situation d’elle-même (bien qu’influencée par Soma), et que cela permette également d’introduire un thème intéressant, celui des relations toxiques parents/enfant (dans une série qui joue sur le fan service évoqué plus tôt, c’est gonflé). En revanche, la deuxième occurrence de ce trope, dans la saison 5, est un véritable retour en arrière pour le personnage : c’est gratuit et exaspérant, à l’image de cette ultime saison. Sacrifiant les personnages secondaires qui avaient été développés jusque-là, s’enfonçant toujours trop loin dans l’absurde (un personnage prépare ses plats avec une tronçonneuse…), se basant sur une évolution narrative éculée, cette saison 5 n’a pour seul but que de resservir les fameuses scènes fan service à un rythme aberrant. Ce cinquième service laisse un goût absolument amer à un plat déjà bien gâché par les mauvaises intentions de ses créateurs. 

Une autre hallucination qui arrive à être hilarante sans avoir recours au fan service.

Pour résumer, je ne sais même pas si j’ai envie de recommander cette série. Pourtant elle a tout pour être excellente et j’ai passé d’excellent moment à l’engloutir. Mais lorsque l’on est un minimum sain dans notre rapport aux images et aux représentations des enfants dans la fiction, on ne peut simplement pas adhérer à ce qui est fait dans Food Wars!
Sans ces scènes scandaleuses, il s'agirait d’un anime solidement mené, passionnant, amenant des thèmes intéressants comme l’importance des échecs dans notre évolution personnelle ou les ravages de l’élitisme gastronomique, et rempli de personnages attachants et hilarants. Mais, en définitive, il s’agit toujours d’une série jouant sur une imagerie au mieux dérangeante, au pire criminelle. 
Vous pouvez éventuellement découvrir la série en essayant de passer toutes les scènes fan service (en s’arrêtant à la saison 4). Mais je ne peux décemment pas recommander Shokugeki no Sōma. Et cela me fend le cœur. 

Ipemf
Article corrigé par Mahikan

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