Politiquement, que retenir de la saga X-Men ? Heros Politicus #6

Qui pouvait parier sur la réussite d’un film de super-héros s’ouvrant sur un flashback se déroulant à Auschwitz, sur l’une des pires atrocités de l’Histoire, illustrant le côté le plus obscur de l’Homme, le tout avant que le genre ne devienne attrayant ? Certes il y eu de belle réussites : les envolées optimistes du Superman de 1978, le ton gothique du Batman de Tim Burton… Même l’ambiance si particulière de Blade pouvait donner des gages aux super-héros en tant que personnages cinématographiques sur lesquels les producteurs pouvaient miser. Mais qui pouvait imaginer qu’un film comme X-Men allait rapporter quasiment 4 fois sa mise de départ de 75 millions de dollars, donner à Sony la confiance pour sortir Spider-Man et ainsi initier un genre cinématographique monopolisant aujourd’hui le box-office ? Les X-Men, c’est une équipe (à l’époque les récits polysémiotique ce n’était pas vendeur) peu connue du grand public, composée de mutants aux corps par essence non-conventionnels, insistant sur les tentations de nos sociétés à maltraiter ceux qui s’éloignent de la norme : nous sommes bien loin des grandiloquents Superman et Batman censés flatter l’ego des jeunes mâles blancs. Ici, nos héros sont maltraités, cassés, leur leader est en fauteuil roulant, les motivations du méchant sont compréhensibles. Et pourtant ça a marché. Mieux : le public en a redemandé et il y eu au total treize films floqués de ce “X” devenu si symbolique. 

Alors que New Mutants vient clore définitivement cette saga vieille de 20 ans, il est difficile d’établir avec certitude l’héritage X-Men. C’est faisable, mais cela demanderait au moins 3 heures de votre volatile attention. En revanche, deux idées se dégagent toujours de chaque analyse de cette saga : elle a initié une nouvelle façon de concevoir les super-héros au cinéma, et il s’agit de la série de films la plus assumée politiquement. Ce dernier point est communément admis et chacun’e d’entre nous a assimilé le poids de certaines thématiques : la comparaison entre Xavier et Magneto à Martin Luther King et Malcolm X, la fameuse scène de coming-out dans X2, le thème principal des discriminations, la radicalité politique de Magneto… La saga X-Men est ouvertement politique, c’est un fait.
Mais, tout comme les plus grands artistes peuvent, entre deux chefs d’œuvres, pondre d’infâmes croûtes, les X-Men nous ont servi leur lot de déception. Puisque la franchise repose désormais entre les tentacules experts de Marvel Studios qui compte bien en profiter d’ici la phase 5 du MCU, c’est l’occasion parfaite pour s’interroger sur l’héritage politique de la saga et d’en extraire ce qu’il faudrait garder (et peut être amélioré) dans leurs prochaines aventures, ou, au contraire, ce qu’il faudrait jeter dans l’oubli éternel. 
Commençons par le plus évident. 

Un récit d’opprimés, pour les opprimés

Ce n’est pas une grande découverte : X-Men a parlé à nombre de gamin’es et de jeunes adultes qui se sentaient différent’es et qui ont pu trouver dans l’équipe de mutant’es des sortes de camarades qui pouvaient leur ressembler dans leur vécu des discriminations. Des personnes racisées aux LGBT+, en passant par les juif’ves, beaucoup ont pu se dire devant certaines scènes : “J’ai vécu une situation similaire”. Cette allégorie des populations discriminées est flexible, chaque personne l’ayant expérimenté peut s’y retrouver, tandis que les autres y trouveront également un récit de super-héros bien ficelé et pas avare en action. L’attention, le premier film l’a d’abord eu auprès des communautés LGBT+ et juives, puisqu’il a été porté par un réalisateur bi et juif (Bryan Singer) ainsi qu’un acteur gay connu pour son engagement militant (Sir Ian McKellen), confirmant qu’il est bien plus aisé de faire un film s’appuyant sur les logiques de domination lorsque celles-ci sont inscrites dans notre propre vécu. Les X-Men c’est avant tout cela : des personnes se mangeant les rapports de domination du petit-déjeuner au souper et qui doivent tant bien que mal faire bouger le statu quo. Cette proéminence thématique, nous la devons notamment à Singer qui a décidé de mettre l’emphase sur les aspects politiques des comics, tout en allégeant tout ce qui peut faire appel à un registre SF kitsch. Même si aujourd’hui nous pouvons trouver le film de 2000 légèrement ridicule sur certains aspects, notamment lorsque l’on est face à un antagoniste reclus dans une grotte avec sa machine à transformer les gens, le point d’accroche de ce film n’était pas l’action, mais bel et bien ses personnages et leurs affrontements idéologiques sur la question de la discrimination systémique que leur groupe subit.

Bien que l’identification aux personnages et à leur vécu soit flexible, à l’instar des comics, la saga a eu un écho tout particulier auprès de la communauté LGBT+, et c’est le point majeur dont il faudrait se souvenir, et même perfectionner dans les films qui seront développés par Marvel Studios. Bryan Singer avait expliqué que, selon lui, autant de jeunes juif’ves ou de jeunes racisé’es peuvent parler de leur vécu et de discrimination avec les membres de leur famille (puisqu’iels ont eu les mêmes expériences), autant les jeunes gays, par exemple, manquent de ce refuge jusqu’à ce qu’ils puissent trouver un groupe avec qui en discuter, souvent tardivement. Les X-Men peuvent être vus comme un premier groupe d’identification, c’est un réconfort indéniable, d’autant plus lorsqu’un des acteurs principaux est Ian McKellen/Gandalf/Richard III, dont l’investissement pour la communauté n’est plus à prouver. Cette saga est l’une des rares à parler ouvertement, via son corpus métaphorique, de ce que vivent les personnes LGBT+.
Mais la prochaine étape serait de ne plus le faire métaphoriquement, de nous faire enfin bénéficier de super-héros officiellement gays, lesbiennes, trans…

Les comics X-Men regorgent de tels personnages et il serait temps pour les films de ne plus se contenter de vagues métaphores ou d’une romance, théorisée par les fans, entre Xavier et Magneto. Cela a commencé avec New Mutants, mais vu le contexte catastrophique de sa sortie et les critiques légitimes que l’on peut lui porter, il faudra hélas attendre encore quelques années pour espérer voir apparaître un X-Men avec des personnages ouvertement LGBT et ayant le même rayonnement qu’un Black Panther par exemple. 

Le pouvoir en prend (un peu) pour son grade

Que ce soit le gouvernement (le sénateur Kelly, le président McKenna, Richard Nixon…), l’armée (Stryker) ou les industriels (Trask, Essex…), l’immense majorité des méchants de la saga X-Men sont des personnages ayant une quelconque forme de responsabilité les plaçant dans une position de domination. Si Magneto est effectivement un antagoniste en tant que tel, il ne l’est que du fait de son radicalisme, là où des personnages comme Trask ou Stryker obtiennent le statut de méchant par leur le fait qu’ils souhaitent, à cause de leur idéologie, utiliser leur rôle de dominants afin de discriminer, voire éliminer, les mutants. Chez les X-Men, le réel antagoniste est bien souvent le pouvoir qui est soit acteur volontaire d’un agenda réactionnaire, soit involontaire du fait de sa corruption ou de sa fragilité vis-à-vis de forces économiques bien plus puissantes. Dans Logan, les États-Unis sont entièrement engloutis par les corporations comme Essex qui peuvent, sans soucis, mettre en place son programme eugéniste en détruisant la natalité mutante. De même, si le sénateur Kelly n’avait pas été kidnappé (puis malencontreusement tué) par Magneto, sa loi d’identification et d’enfermement des mutants aurait peut-être été adoptée.

Le constat de X-Men est simple : la discrimination n’est pas le seul acte de quelques personnes en marge d’une société vertueuse, mais un fait systémique, impliquant ceux qui ont un pouvoir de loi, d’armée, ou d’argent. Alors, certes, X-Men n’a jamais pointé du doigt directement le capitalisme, le système politique américain et son racisme généralisé, n’appelle pas non plus à la destruction dudit système, et la saga ne le fera jamais sous l’égide de Disney (sauf gros bug dans la matrice). Mais il est bon de voir des super-héros se battre pas seulement contre un individu radical, mais également contre le pouvoir en place. Ce n’est pas un hasard si les moins bons opus de la saga principale sont ceux comportant un antagoniste venu d’ailleurs ou d’il y a fort longtemps (Apocalypse, Vuk) : si vous voulez un bon méchant, vous n’avez pas besoin d’aller le chercher dans l’Égypte ancienne ou sur Mars, il rôde très certainement dans, ou aux abords de la Maison Blanche.
Et puisqu’on en est à parler d’antagonistes… 

Magneto (et sa relation avec Charles Xavier)

Comment peut-on imaginer un film X-Men sans Magneto ? C’est comme un film Avengers sans Tony Stark ! Oh, attendez… [NDLR : la rédaction s’excuse auprès de la famille Stark.]
Alors certes, lorsque l’on est une pourriture communiste comme votre serviteur, on ne peut que ressentir de l’amertume à voir notre bon Erik être tant conspué pour son radicalisme, un peu comme si un habitué de la casse d’abris-busse se retrouvait dans un dîner d’Extinction Rebellion où on lui expliquerait que, quand même, casser une vitrine de McDo et traiter les flics de nazi, ça dessert la cause et ce n’est pas supra Charlie. Donc, pour faire passer la pilule aux bourgeois, le Magneto, on lui trouve des plans machiavéliques à base de massacres et d’idéologie de supériorité des mutants sur les humains. Mais, malgré ses méthodes peu urbaines, on l’aime quand même le Magneto. Non seulement parce que nous pouvons bien comprendre son positionnement radical lorsque l’on connaît son passé (montré dès l’intro de X-Men, c’est dire si Singer voulait qu’on l’ait à la bonne), mais surtout parce que, en définitive, Magneto avait raison : l’holocauste mutant a eu lieu dans Days of Future Past, l’action violente pour éviter le désastre à sa communauté avait donc un fondement parfaitement raisonnable. Comment embrasser la non-violence lorsque l’on est persuadé que les nôtres vont être exterminés et que nous avons déjà un signe avant-coureur quand un sénateur (Kelly) propose une loi de surveillance des mutants ? C’est pour cela que pour chaque action condamnable en soit, la saga fera toujours en sorte de garder Magneto dans le camp des héros, car ses motivations sont profondément bonnes : il a vécu le pire de ce que l’Humanité pouvait produire, et est persuadé que cela va se reproduire.

Si Erik conserve à chaque fois une part de crédit auprès des spectateurices, c’est également parce que Charles Xavier lui pardonne sa manière de procéder à chaque fois. C’est leur relation de frères ennemis qui est le ciment de la saga : malgré le fait que les actions d’Erik sont à l’origine du handicap de Charles, ce dernier sait de quoi son ami est fait réellement. Ils ont tous les deux à cœur la défense de leur peuple, seule la manière de faire diffère. S’ils sont constamment comparés, à juste titre, à Martin Luther King et Malcolm X, Marc Di Paolo a avancé une autre comparaison plutôt intéressante dans son livre War, Politics and Superheroes. Il avance en effet la thèse d’un miroir de l’affrontement idéologique au sujet de la construction d’Israël entre Irving Greenberg et Meir Kahane. Le premier militait pour un avenir pacifiste et ouvert au monde pour le peuple juif, le deuxième soutenait qu’il fallait au contraire défier les persécutions en devenant militariste et isolationnistes. Avec un réalisateur juif à la tête de la saga, cette comparaison devient peut-être même plus solide que celle au sujet de MLK et Malcolm X, même si, en définitive, les deux se valent parfaitement et l’on retiendra le point principal : l’affrontement de deux frères, se battant pour la même cause, mais réfutant la méthode de l’autre. L’appel au mouvement des droits civiques sera probablement plus intéressant si les rumeurs d’un Denzel Washington incarnant Magneto, dans les films prévus par Marvel, venaient à se confirmer.

La ZAD de Magneto

Ici, il s’agit plutôt d’un immense point de frustration qu’il serait bon de développer bien plus dans d’éventuels autres films.
En effet, Dark Phoenix a globalement raté tout ce qu’il entreprenait et il en a résulté un film aussi brouillon politiquement que Justice League (non, celui-là, je ne le lâcherai pas). Lorsque, dans ce film, nous découvrons un Magneto dirigeant la communauté mutante autonome de Genosha, mon sang n’a fait qu’un tour : allions nous avoir droit à un Magneto zadiste, bien décidé à mener son propre refuge sans courber l’échine face au pouvoir ? Élève-t-il des biquettes pour produire du fromage de chèvre bio sans lactose éco-responsable ? Ou bien est-il plutôt du genre à monter des barricades et à gueuler “CRS SS !” ? Sauf que l’on parle de Dark Phoenix, on a pu dire adieu à Genosha dès que Jean s’envola vers on-ne-sait-où pour la 15e fois du film. Pourtant, ce petit point de scénario aurait pu être bien plus intéressant que l’ensemble du métrage.
En effet, Magneto qui décide de fonder sa propre communauté autonome, ce n’est pas anodin. Il s’agit d’un juste-milieu entre sa méthode violente, qui sera constamment contrecarrée par Xavier, et celle de ce dernier qui tente constamment la diplomatie avec le gouvernement américain, une entente fragile qui peut basculer au moindre incident. Genosha, c’est la confirmation, par Magneto, que le contrat social est déséquilibré et qu’il vaut mieux, pour les mutants, vivre isolés mais soudés. Mais cette situation est chancelante puisqu’il suffit d’un incident pour que l’armée fasse à nouveau pression sur Magneto et sa communauté, confirmant que le gouvernement américain estime faire une fleur aux mutants en leur permettant de vivre en paix.
Il serait possible de faire un film entier sur Genosha, espérons que l’idée soit, un jour, envisagée par Marvel. 

Cela fait beaucoup de points à conserver, mais pour tous ceux-là, il en existe autant qui doivent être corrigés ou jetés. 

Le traitement des personnages féminins

C’est simple, quand bien même on peut apprécier nombre de personnages féminins de la saga (Storm, Jean, Mystique, Kitty, X23…), leur traitement à l’écran est catastrophique. Tantôt quasiment invisibles dans les deux premiers films, puis réduites au statut de moteur scénaristique dans The Last Stand, avant d’être vaguement plus présentes dans First Class et Days of Future Past mais toujours relayées au statut de “sœur de” / “amante de”, pour finalement hériter du bon vieux cliché de la femme dans le frigo dans Dark Phoenix : la saga X-Men est restée un récit d’hommes blancs, produit, écrit et réalisé par des hommes blancs. (À l’exception de Jane Goldman qui a participé à l’écriture de Days of Future Past et de Lauren Shuler Donner, co-productrice de la saga.) Pourtant, les comics regorgent d’histoire centrées sur ces personnages, il en existe même un, X-Men: The End, dans lequel Kitty Pride fait campagne pour obtenir le poste de maire de Chicago puis, tout simplement, celui de présidente des États-Unis. Dans les films, cette dernière est quasiment invisible (ironique pour quelqu’un pouvant traverser les murs…), elle se fait même chiper le rôle principal de Days of Future Past, alors qu’elle est l’un des personnages les plus populaire des comics Marvel.

La deuxième moitié de la saga a bien tenté de mettre en avant plus de personnages féminins, principalement avec Raven/Mystique, mais on ne peut pas dire que cette dernière a réellement obtenu un rôle principal : elle était plutôt un moteur narratif censé mettre en mouvement les deux véritables personnages principaux, Magneto et Xavier. Cela atteint le stade du ridicule dans Dark Phoenix dans lequel elle lance d’abord cette fameuse tirade (qui a fait beaucoup couler d’encre) totalement artificielle expliquant à Xavier que les X-Men devraient s’appeler les X-Women, car ce sont les femmes qui font tout dans ce groupe, avant de mourir d’une façon qui ne rend pas vraiment justice à ce personnage pivot de la saga. Ce qui est fait au sein de ces histoires pour les super-héroïnes n’est qu’un artifice marketing : la Fox a utilisé ses personnages féminins sans réelle volonté de faire des récits inspirants et porteurs de sens. L’importance du rôle de Mystique et le film Dark Phoenix ont plus été pensé comme des cookies de validation, se basant sur un réel besoin des spectatrices, plutôt qu’une volonté profonde de construire des histoires de super-héroïnes inspirantes.
C’est, bien évidemment, un problème qui touche l’ensemble du genre, il reste bien du chemin à faire, tout comme ce qui concerne le point suivant… 

L’absence des personnages racisés

Je vais faire très court : pour une saga commentant les phénomènes de discrimination et mettant en avant les opprimés, n’avoir que 4 personnages noirs que l’on peut nommer, pour 24 personnages blancs, sur un total de 39 personnages principaux ou secondaires que j’ai dénombré sur la saga principale, cela relève du niveau absolu du non-sens. Au total, j’ai dénombré 10 personnages racisés, en comptant certains dont la plupart des spectateur’trices seraient bien incapables de retrouver le nom ou qui n’ont qu’une ligne de dialogue.

Le meilleur exemple reste Storm qui, malgré son statut de personnage particulièrement apprécié des fans et surtout de leadeuse de l’équipe dans les comics, n’a qu’un rôle très limité dans la première moitié de la saga, avant d’être absente puis quasi-transparente dans les derniers films. Tous’tes les autres personnages noir’es sont anecdotiques : Darwin meurt quelques minutes après sont apparition dans First Class, Angel, dans le même film, est simplement oubliable (sans compter sa mort hors-champ) et Bishop restera cantonné à sa seule apparition dans Days of Future Past, au grand dam des fans d’Omar Sy et du personnage.

Les choses ne sont guère mieux pour les personnages asiatiques, toutes des femmes, qui sont soit également anecdotiques, soit tributaire d’un rôle plutôt gênant. En effet, comment un’e spectateurice asiatique peut trouver positif le rôle de Lady Deathstrike dans X2, elle qui est tout bonnement muette et relayée au statut d’objet manipulé par l’antagoniste du film ?
Il s’agira sans doute de la tâche la plus colossale de Marvel Studio lorsque la firme devra ré-adapter la saga : donner de vrais rôles aux personnages racisé’es, dans une saga où il serait politiquement logique de les voir au premier plan. 

X-Men: The Last Stand

Ce film est un sujet passionnant lorsqu’il s’agit d’étudier ses implications politiques, mais nous tâcherons de faire court, son taillage de costard sera réservé pour un article à part entière si le sort en décide ainsi.

Outre les questions purement cinématographiques que nous laisserons de côté, X-Men: The Last Stand avait, et fait toujours, couler beaucoup d’encre sur ce qu’il laissait entendre politiquement. En effet, il pourrait être résumable comme tel : un vaccin supprimant le gène mutant a été trouvé, certain’es mutant’es sont contre et s’attaquent donc aux scientifiques et au gouvernement, d’autres aimeraient se le procurer pour ne plus avoir à vivre certains aspects handicapants de leurs pouvoirs, et enfin, des non-mutants voudraient l’imposer à certaines personnes dont les pouvoirs seraient trop dangereux. Forcément, en considérant le fait que la saga est une allégorie de la communauté LGBT+ et de leur vécu, on peut facilement transposer ce récit au sujet des soit-disant “traitements” qui ont été imposés aux gays et lesbiennes au fil de l’histoire, et qui le sont toujours dans certains pays. Là où tout ceci est devenu très gênant, c’est du côté des mutant’es qui souhaitaient se procurer le traitement, Malicia en tête : le film sous-entendait donc clairement que les personnes LGBT+ souhaitant (en sachant qu’ici la question du consentement est parfaitement discutable) accéder au “traitement” devaient y avoir légitimement accès. Évidemment, politiquement c’est non-seulement foireux et scandaleux, mais ça a surtout été très mal fait. En terme d’allégorie politique, j’aurais même tendance à dire que c’est l’une des pires des films de super-héros. Traiter du sujet n’était pas, en soit, totalement dénué de sens, mais cela demande de ne pas placer à la réalisation Brett Ratner : un réalisateur à la subtilité inexistante, accusé de harcèlement, d’agression sexuel et de viol, bref, une infâme raclure dont l’homophobie n’est plus à prouver. (Avec les accusations d’agression sexuelles pédophiles contre Bryan Singer, cela fait beaucoup de problèmes liés à la saga…)
En outre, cette allégorie du “traitement” contre l’homosexualité n’avait dans ce film aucun sens vu qu’elle était notamment portée par Malicia, LE personnage dont on ne peut douter de l’hétérosexualité vu le focus qui a été mis sur son attirance envers Logan puis sur son triangle amoureux impliquant Iceberg et Kitty.

Pour résumer, lorsqu’il est question d’aborder des sujets aussi sérieux et sensibles, il est bon d’embaucher un’e réalisat’trice compétent’e, et de faire de la subtilité le maître-mot lors de l’écriture. The Last Stand est LE film de la saga à placer définitivement à la poubelle et dont il ne faudra jamais réitérer la catastrophe. 

 

Avec cet article pourtant déjà assez long, nous ne faisons qu’effleurer le sujet de l’héritage politique de la saga X-Men. Même si les derniers films sont particulièrement frustrants quant à leurs faiblesses (exception faite de Logan qui est au contraire une perle en la matière), il est bon de se replonger dans tout ce qu’ont apporté ces œuvres au genre super-héroïque. X-Men est, encore aujourd’hui, vu comme la saga cinématographique la plus intéressante politiquement, la plus solide et intelligemment construite dans ses propos hautement et ouvertement politiques.
Il ne reste plus qu’à espérer que Marvel Studio s’attachera à construire une richesse similaire, sans nier sa nature idéologique incontournable. C’est sur ce dernier point que nous pouvons avoir des doutes.
Car, la chose à ne pas oublier avec les super-héros est qu’iels sont toujours politiques. Ce qui change est l’audace avec laquelle ces personnages sont traités. 

Ipemf

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