Les Super-Alpagas Awards – Édition 2018

Bonjour à toutes et à tous !
2018 s’achève doucement, après nous avoir livré une dose impressionnante et hétérogène de films de super-héros, genre cinématographique ô combien marquant cette année n’en déplaise à tous les quidams qui clament sans cesse que la mode des super-héros s'essouffle.
Habituellement, je ne propose qu’une sélection cinéma “généraliste” mais certaines adaptations ont été si marquantes que la frustration de ne pas pouvoir suffisamment en parler pointait le bout de son nez crochu. C’est pourquoi je vous propose ces Alpagas Awards thématiques qui serviront aussi de simili-classement de 9 films.
Sans plus attendre, voici le classement !

Alpagas Award du “C’est possible de se planter à ce point ?” :
Venom

Il est assez impressionnant de voir que Sony est capable de faire la pire purge ultra formatée du genre et, la même année, proposer du véritable caviar d’animation et de narration super-héroïque. À ce niveau on est face à un grand écart modèle Jean-Claude Van Damme.
On ne va pas se mentir, depuis le départ ce projet me laisse totalement indifférent. En effet, j’estime qu’il y a d’une part les fans qui se sont monté le bourrichon sur un personnage qui a été complètement distordu de sa fonction première (servir de part sombre à Spider-Man afin que ce dernier se combatte lui-même pour en ressortir grandi et meilleur), et les producteurs, réalisateurs et scénaristes qui cherchent à satisfaire ces fans et à faire vivre les quelques droits d’adaptation qui leur restent, sur un personnage bien trop morcelé, presque bâtard. Venom n’est pas un anti-héros, encore moins un héros, et ne peut avoir d’existence valable en dehors de sa relation avec l’homme araignée. Forcément, en partant de ce postulat, il y avait peu de chance pour que Sony fasse des miracles.
Cependant, même face à ces problèmes créatifs profonds, je ne pensais pas Sony capable de se planter à ce point en nous proposant une adaptation qui semble ne jamais savoir où aller et plonge à corps perdu dans le mauvais goût digne des pires films de super-héros des années 90. Venom est un film sans subtilité, se plantant sur tout ce qu’il entreprend et qui réussit même à faire passer les pires rôles de la carrière de Tom Hardy pour des moments de grâce intense. J’irai même jusqu’à dire que si on veut un film avec un mec lambda qui se retrouve habité par une créature mauvaise le rendant par moments monstrueux et plus puissant et qui l’amènera à se battre contre une créature encore plus mauvaise, The Incredible Hulk de 2008 est une option bien plus attrayante. C’est dire…

 

Alpaga Award du film osef de l’année :
Deadpool 2

Remettons les choses dans leur contexte : Deadpool premier du nom m’avait ulcéré. Non seulement parce que ce film me semblait bien creux, fainéant et que son humour ne me parlait absolument pas, mais aussi parce qu’il était un succès critique (outre-Atlantique) et économique bien trop fort pour ce qu’il était. Quand un film aussi formaté pour les rentrées d’argent est porté aux nus comme l’œuvre transgressive de l’histoire des super-héros, on se dit qu’il y a un sacré bug dans la matrice.
Face à ce constat, j’ai regardé la suite sans grande conviction. Et, bien que j’ai été un poil plus convaincu par certains aspects comme la super-chanceuse Domino, je dois avouer être assez décontenancé : là où le premier Deadpool m’avait énervé, celui-ci ne déclenche absolument rien en moi, pas de haine profonde (même si elle serait bien placée), pas de satisfaction ni de divertissement. Ce film me laisse froid et c’est plutôt rare. Cela est probablement dû au fait que le film répète la formule de son prédécesseur, sans panache, sans idée nouvelle, même certaines “blagues” sont recyclées.
Et c’est ici que nous avons la différence entre la Fox et Marvel Studios : là où l’univers X-Men / Deadpool utilise une formule, le MCU va au-delà de ça (du moins depuis quelques films) en utilisant avant tout ce qu’on appellerait un ensemble de valeurs qui régissent la construction de leurs films dont la plus importante est “les personnages avant tout” (philosophie qui régit la ligne éditoriale de la Maison des Idées depuis bien longtemps). Ce phénomène était inverse à une époque où le MCU était véritablement une formule répétée en boucle, qui fonctionnait somme toute bien, et où la Fox proposait avec ses X-Men quelque chose qui allait au-delà puisqu’il s’agissait de personnages que l’on suivait depuis 2000. Mais ici, le rapport de force s’est écroulé, désormais Marvel nous permet de ressentir des émotions extrêmement fortes pour ses personnages qui nous sont chers, tandis que la Fox patauge avec un personnage comme Deadpool qui ne nous transmet rien. Un film qui n’inspire même pas le rejet est un échec cuisant.

 

Alpaga Award du “Allez, pour l’effort !” :
Aquaman

Il est assez terrible de se dire que nous en sommes réduit à remettre à DC/Warner des mentions telles que “continuez vos efforts” ou “il y a de l’idée”. Alors que le souvenir de Justice League déclenche encore en moi nombre de cauchemars et de rires nerveux, Aquaman débarque pour tenter de nous rappeler que le DCEU existe encore.
Habituellement, j’aurais classé ce film dans le tier qualitatif inférieur puisqu’il use jusqu’à la corde de codes qui commencent réellement à fatiguer les spectateurs et qui ont plongé DC dans les méandres du cliché comme la fameuse bataille finale qui nous vomis du CGI mal foutu à la tronche tout en nous adressant un doigt d’honneur malicieux. Certes ce film possède des passages forts sympathiques, voire même beaux, et je dois avouer être plutôt conquis par les performances de Willem Dafoe et Patrick Wilson, mais habituellement tout ça ne me suffirait pas à être plus bienveillant.
Mais ici, ce qui joue en la faveur du métrage est le fait que le réalisateur James Wan s’est de toute évidence éclaté et qu’il avait l’envie sincère de porter à l’écran les aventures d’Aquaman.
Evidemment ça ne sauve absolument pas tout, mais j’ai eu l’impression de voir un réalisateur retomber en enfance et avoir la chance de disposer d’un gros budget pour mettre en scène son délire, et parfois ça suffit à attirer ma sympathie. Même si par moments j’ai eu l’impression que le bon James me tenait par les bras en me gueulant “YOLO” à la face, chose que je n’apprécie que très rarement parce que se faire crever les tympans par un réalisateur quarantenaire n’est pas vraiment agréable.
Donc le DCEU n’est clairement pas sauvé, mais au moins cette fois-ci aucune animosité n’a été déclenchée en moi.

 

Alpaga Award du “c’était chouette mais…” : 
Les Indestructibles 2

Alors là je ne vais pas me faire que des amis. Je me suis moi-même étonné de placer Les Indestructibles 2 à cette position, en dessous de Ant-Man and The Wasp, cette année est définitivement étonnante. Attention, je ne dis pas que le film n’a pas ses qualités mais celles-ci sont évidentes pour un film de cette envergure.
On parle tout de même de la suite du film qui parlait parfaitement des super-héros, de leurs antagonistes, un film qui avait marqué nombre d’enfants. Les Indestructibles 2 avance plusieurs thèmes très intéressants : la charge mentale, l’inversion des rôles au sein des familles et la futilité que ceux-ci peuvent avoir, l’emprise que peuvent avoir les grandes firmes sur les super-héros, etc. Mais justement, le film ne fait que les effleurer, s’éparpille et parfois même se plante complètement dans leur traitement. Sa tare principale vient de son antagoniste, dont les motivations et le plan sont tout bonnement ratés quand on fait la comparaison avec Syndrome qui était un concentré d’intelligence dans son écriture.
J’ai le sentiment que Les Indestructibles 2 arrive trop tard dans le paysage des films de super-héros, à une position brinquebalante quant au message qu’il pourrait transmettre puisqu’il est fait par la firme qui a un trust presque absolu dans le genre et qu’il ne s’adresse pas à celles et ceux qui étaient enfants au moment de la sortie du premier.
Heureusement qu’un autre film d’animation était là cette année pour nous marquer…

 

Alpaga Award de la bonne pause qui fait du bien :
Ant-Man And The Wasp

Il m’est assez compliqué d’expliquer la place de ce film “mineur” du MCU dans ce classement. Ant-Man and The Wasp semble en effet bien petit face aux deux autres mastodontes de Marvel sortis cette année, d’autant plus qu’il garde certaines tares de son prédécesseur comme une réalisation très fonctionnelle et une histoire sans grande surprise. Mais cette fois-ci Peyton Reed assume la place de son film dans l’univers immense du MCU en proposant une bonne pause rafraîchissante bien méritée après Infinity War, sans l’allure un peu bâtarde que devait porter le premier Ant-Man.
Première chose frappante : les personnages sont choux. Il y a une espèce de bienveillance qui traverse l’ensemble d’Ant-Man and the Wasp notamment grâce à sa thématique sur la parentalité et son caractère justement bienveillant qu’il est extrêmement dur à mettre en oeuvre. La relation parent/enfant, mentor/élève est un thème omniprésent dans la phase 3 du MCU et ici elle prend une forme attendrissante que ce soit entre Scott Lang et sa fille (qui fait véritablement fondre mon coeur), Hope et Hank ou même Bill Foster et Ava.
Je retiendrai également l’humour qui fait mouche (ce n’est pas le cas pour tout le monde mais pour ma part c’était mon tempo) et qui était grandement aidé par l’ensemble du casting qui a l’air de s’éclater comme jamais, Paul Rudd en tête qui confirme son statut de chouchou dans mon coeur. Je tiens enfin à noter un duo d’antagonistes très étonnant et touchant, ce qui manquait justement cruellement aux Indestructibles 2.
C’est pour tous ces points que ce film gagne cette place, malgré son statut de film de commande bien plus mineur, il est rempli d’honnêteté et toute sa bienveillance m’a véritablement touché. Ant-Man a réussi à trouver une place et un ton qui lui sont propres, c’est tout ce qu’on attendait de lui.

 

Alpaga Award du “ENFIN” :
Avengers: Infinity War

Il m’est très difficile de départager les 3e et 2e places de ce classement, tant Infinity War et Black Panther m’ont marqué et sont des réussites dans leurs domaines. On pourrait presque parler de places ex-aequo pour ces deux films donc il ne faudra pas trop faire attention à leur position.
Cela fait 10 ans que nous suivons les Avengers, que nous voyons certains d’entre eux évoluer profondément comme Tony Stark ou Steve Rogers, que l’on se surprend même par moment à frissonner quand ceux-ci se déchirent ou à laisser couler une petite larmichette quand l’un de ces personnages meurt. Je trépignais d’impatience mais aussi de peur à l’idée de voir cette vingtaine de personnalités partager le même film pour amorcer l’acte final de ces trois premières phases du MCU. La mission des frères Russo était énorme : faire en sorte que Thanos soit l’antagoniste ultime que cet univers méritait, faire aboutir une bonne partie des arcs narratifs des héros originels (notamment le trio de tête Thor, Stark, Rogers), poser des enjeux narratifs clairs et solides tout en nous offrant bien évidemment un spectacle épique qui marquera pour longtemps le genre super héroïque.
Bien qu’il va être difficile de répertorier ici tout ce qui a marché ou non, il est clair que nous pouvons dire sans crainte que c’est un franc succès. Et que les frères Russo vont peut-être devoir prendre des vacances de 30 ans une fois Avengers 4 sorti, parce que réaliser de tels films doit faire entrer le concept de burn-out dans une dimension insoupçonnée…
Ce film n’est pas sans reproche, bien évidemment. On peut par exemple relever le fait que l’arc Nidavellir est très bancal sur bien des aspects ou encore exprimer notre frustration de voir certains personnages presque remisés au rang de figurants comme la team Rogers / Wakanda. Mais selon moi tout cela est bien petit face au fait que Infinity War arrive à dérouler son histoire sans aucun problème et arrive à rendre chaque interaction entre les personnages absolument jouissive. Et comment ne pas évoquer Thanos, la grosse surprise de ce film, pour qui on se prend à ressentir une compassion coupable.
Avec Infinity War, Marvel Studios prouve encore une fois tout son savoir-faire quand il s’agit de suivre son commandement principal : “les personnages avant tout” et arrive même à nous surprendre avec certains choix de narration et d’ambiance.

 

Alpaga Award du film de super-héros le plus classe de l’histoire
Black Panther

Je suis incapable de donner une position plus basse à ce film, malgré un dernier acte clairement plus poussif à la sauce CGI mal finie. Non, Black Panther reste un film qui a une importance capitale dans mon coeur pour tout l’émerveillement qu’il a déclenché en moi.
Il s’agit du film de la classe absolue : costume, musique, casting, maquillage, ambiance générale, antagoniste… Absolument tout transpire le charisme. On pourrait analyser longuement tout ce que Ryan Coogler réussit dans ce film plus personnel qu’il n’y paraît, des longues recherches sur le design de chaque élément et personnage aux nombreux thèmes et messages essentiels qu’il nous transmet, en passant par Killmonger, cet antagoniste qui a troublé et conquis l’ensemble des fans. Mais beaucoup l’ont déjà fait en profondeur et il ne faut pas chercher bien longtemps pour tomber sur une analyse de qualité du film.
Sa plus grande réussite est bien évidemment d’avoir réussi à se tailler une carrure de film iconique en devenant une référence culturelle quasi-instantanée. Cette réussite se résume parfaitement par sa scène finale, celle où T’Challa se retrouve face à un gamin de Oakland et nous cale son petit sourire malicieux comme réponse au “Who are you” du garçon.
De telles scènes me laissent rêveur quant à l’avenir du paysage culturel grand public, c’est tout ce que je demande à un film comme Black Panther.

Alpaga Award du meilleur film de super-héros de l’année :
Spider-Man Into The Spider-verse

Après des films réellement marquants comme les deux précédemment cités, Sony ajoute la cerise finale et ultra jouissive que sont ces nouvelles aventures de Spider-Man.
Beaucoup se sont déjà attardé longuement sur la beauté graphique de ce film d’animation, sur son histoire touchante et inventive, sur l’exploit qu’il accomplit en montant sa narration autour du concept d’univers parallèle tout en restant clair (lui permettant par la même d’être accessible à n’importe qui).  Pour ma part, je retiens deux points principaux.
Tout d’abord, en plus d’être un excellent film DE super-héros avec ses différentes versions de Spider-Man qui collent parfaitement avec l’esprit de base du personnage, il est aussi un excellent film SUR les super-héros, et plus particulièrement sur l’homme araignée et le fait qu’il est désormais passé du statut de personnage à celui de concept et de phénomène culturel majeur. Il possède une véritable maturité dans sa manière de coller au plus près de ce qui fait qu’un personnage devient Spider-Man mais aussi suffisamment de recul pour en saisir toutes les subtilités tout en se permettant une malice assez appuyée pour détourner certains codes non pas pour s’en moquer mais pour les traiter différemment mais toujours correctement (en témoigne Tante May qui est dans ce film une sorte de version Marvel du majordome Alfred). Il y a une affection sincère pour ce personnage qui se ressent tout au long du métrage, affection qui permet de dépasser le simple stade du “lol toutes ces versions du héros c’est du délire” pour arriver à une réflexion assez poussée sur le statut de ce titre d’homme araignée et ce qu’il implique.
L’autre point est celui qui a fait couler de nombreuses larmes chez les fans : il s’agit du film parfait après la mort de Stan Lee. Il est la preuve évidente de l’héritage gigantesque que l’architecte de l’esprit Marvel nous a laissé, et je suis persuadé qu’il aurait adoré Spider-Man into the Spider-verse (même s’il a sûrement dû assister à des projections test). C’est encore plus bouleversant quand on voit que ce film met en avant Miles Morales, incarnation devenue le symbole d’une nouvelle génération de héros mais aussi de lecteurs et lectrices.
Si Sony pouvait se concentrer sur ce film pour nous éblouir à nouveau de la sorte, ce ne serait pas de refus.

Ainsi s’achève ce petit classement des films de super-héros de l’année. C’était sans nul doute une année charnière pour le genre avec d’un côté DC/Warner et la Fox qui n’arrivent toujours pas à sortir la tête de l’eau, de l’autre Sony qui crée la surprise (on est d’accord pour oublier Venom ?) avec le film le plus original et abouti de ces dernières années, et enfin au centre Marvel Sudios qui garde son statut de leader mais cette fois-ci avec un sans-faute.
L’année 2019 va très certainement être une année savoureuse avec tous ces projets majeurs qui se profilent, nous en reparlerons très vite !
Pour ma part, je vous donne rendez-vous pour les Alpagas Awards cinéma 2018 et vous souhaite d’avance d’excellentes fêtes de fin d’année.
Et n’oubliez pas, cultivez-vous !

Ipemf

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