[Médias] The end of [N]olife

Dimanche 8 avril 2018, vers très tard du soir. Après une dernière émission d'adieu, le couperet connu depuis le 1er du même mois tombe : la chaîne Nolife diffuse son générique de fin avant de rendre l'antenne. Ou pas en fait, tout du moins pas tout de suite, passant en mode zombie - de la rediffusion - pendant encore quelques jours, le temps que le signal se coupe définitivement. Mais le fait est là : après 11 ans d'existence et probablement autant de fois à sentir passer le vent du (Marcus ze) boulet, c'est le grand final. Et bien que je ne sois pas un spectateur de la première heure ni le plus assidu, j'avais envie de faire un petit mot d'au revoir et de vous parler de quelques émissions que je trouvais cool sur la chaîne.

 

Mais d'abord, Nolife c'est quoi ? Explications pour celleux qui ne connaissent pas.

Nolife, c'était la télé des geeks et des otaku, une sorte d'ovni télévisuel initié par deux anciens de GameOne (Alex Pilot et Sebastien Ruchet) qui revendiquait farouchement son indépendance. Émissions sur le jeu vidéo, sur la culture japonaise, classements hebdomadaires sur la j-musique et plein d'autres programmes étaient le quotidien de cette chaîne. Et ça a tenu presque 11 ans comme cela, ce qui est, pour celles et ceux qui se souviennent, plus que le Club Dorothée (une dizaine d'années) et La Cinq (6 ans). Bref, Nolife c'était une chaîne sans moyens, mais avec beaucoup d'envie et de passion par celleux qui la faisaient tourner. Et il n'y a pas à dire, voir autant d'envie et de passion à la télévision, un média d'ordinaire si lissé et peu enclin à sortir des clous, c'était un vrai bol d'air.
Car oui, Nolife est passée près de la fin pour des raisons financières plus d'une fois. Dès sa première année, elle était censée fermer, mais a été sauvée in-extrémis par Ankama. Par la suite, la  chaîne est passée plusieurs fois à coté du dépôt de bilan, mais avait réussi à tenir, pas sans sacrifices cependant : beaucoup de personnes importantes avaient fini par quitter le navire pour des raisons que l'on devinait financières depuis 3 ans. Sebastien Ruchet a d'ailleurs fait un petit topo des raisons de la fermeture sur le forum de Nolife, résumé ainsi : "la télévision gratuite est devenue trop difficile". Bref, si vous voulez avoir une petite rétrospective, n'hésitez pas à voir le dernier Mode Normal. Les animateurs sont certes un peu tristes, mais cela vous donnera une rétrospective de la chaîne.

Bon, il faut admettre que ce n'était pas non plus parfait. Nolife avait certes un côté fait de bric et de broc, dû à la fois au manque de moyens et au côté artisanal. De plus, la quantité assez grande de clips de j-music - Nolife étant déclarée comme chaîne musicale au CSA - pouvait en décontenancer certains. Cependant, c'était aussi pas mal d'émissions de qualité, des concepts novateurs et des webséries plus qualitatives qu'on pourrait le penser. J'ai donc eu envie de vous proposer une petite sélection, pour la plupart axée jeux vidéo, des émissions que j'appréciais le plus et qui, à mon sens, méritent vraiment le détour.

 

Petite sélection

Chez Marcus

     

Un grand classique, Chez Marcus n'était ni plus ni moins qu'un let's play par... Marcus, animateur et journaliste jeu vidéo bien connu du milieu. S'il n'était clairement pas un dieu du pad (et le revendiquait !), c'était toujours drôle à voir, et Marcus restait souriant en toute circonstance. Un bon petit programme feel good à voir quand on a le cafard.

Les oubliés de la Playhistoire

Créé par Florent Gorges, Les Oubliés de la Playhistoire présente divers jeux et matériels qui sont passés dans l'oubli, mais qui restent intéressants à découvrir. Le tout était présenté dans une ambiance de salle de classe où les élèves étaient... des consoles modernes en dessin animé. Plutôt sympa et instructif, n'hésitez pas à en voir, c'est visible en partie sur YouTube.

Debug Mode

Debug Mode était un peu particulier car c'était le making-of de la fabrication des émissions de la chaîne, généralement sur un programme en particulier. Chose très rare à la télévision, cela permettait donc de découvrir comment on fait de la télé... à la télé. Le genre de concept trouvable uniquement sur des chaînes indépendantes comme Nolife, afin de voir l'envers du décor et d'en apprendre plus sur le travail télévisuel.

Classé 18+

Présenté généralement par le duo Médoc et Moguri, qui ont aussi fait d'autres émission jeu vidéo plutôt cool, Classé 18+ permettait de parler de jeux classés PEGI 16 et 18 sur Nolife. En effet, il faut savoir que le CSA interdit de citer cette tranche de jeu avant 23 heures. Qu'a cela ne tienne, il suffisait alors de faire une émission qui passe après cette heure !

Avertissement : Classé 18+ traite de jeux qui peuvent contenir de la violence, du sexe, du racisme, de la discrimination, de la drogue et de l'alcool.

Japan in Motion / Esprit Japon / Toco Toco / Tokyo Café

Très axée Japon, Nolife avait également pas mal d'émissions qui allaient directement sur le terrain pour présenter des aspects de la culture japonaise, que ce soit un lieu, un artiste, des créateurs ou diverses choses insolites. Chacune de ces quatre émissions avait sa petite spécificité, et ensemble elles étaient le coté culturel japonisant de la chaîne. À voir au moins une fois.

Avertissement : la cuisine japonaise est un sujet qui revient régulièrement dans ces émissions, certaines peuvent donc aborder la nourriture.

Big Bug Hunter

Ici, Slim nous présente un bug dans un jeu vidéo. Ça a l'air bateau dis comme ça, mais les explications étaient parfois tellement poussées qu'il allait jusqu'à nous montrer les origines du bug, pourquoi il faisait ça et comment il était découvert ! C'était extrêmement instructif.

Crunch Time

Présentée par Julien Pirou (encore lui), cette émission présentait à chaque fois un métier ou domaine de la création de jeux vidéo. Travaillant dans cette industrie, je trouvais cela particulièrement bien fait et accessible. Un bon exemple de vulgarisation d'un milieu que le grand public ne connaît finalement pas tant que ça.

Retro & Magic

Là, pas de chichi, c'est une pure émission de retrogaming qui était, comme beaucoup, diffusée dans 101%, le magazine principal de la chaîne. Aujourd'hui rien d’exceptionnel, il y en a des dizaines sur YouTube, mais quand on sait qu'elle a démarré en 2007 avec la chaîne, elle fait un peu office de précurseur. Et puis elle restait très cool avec la voix off de Julien Pirou et des génériques et habillages bien cools dans un style vieux jeux d'antan.

Ecrans.fr, puis 56 Kast

Erwan Cario et Camille Gevandan, journalistes à Libération présentaient ces deux émissions qui traitaient de la culture et de l'actualité numérique. À mi-chemin entre le ton généraliste, le côté geek et l'humour mignon d'internet, c'était aussi bien à voir qu'a écouter, l'émission ayant la spécificité d'être accessible au format podcast. Un bon petit fond sonore comme on les aime.

 

Bon ok, c'est triste tout ça, mais...Il en reste quoi maintenant ?

Au final, "Nolife" ne reste qu'une entité, un mot, une marque qui rassemblait des créateurices, rédacteurices et d'autres gens en -eurices qui faisaient plein de trucs cools, et qui, elleux, existent toujours ! J'ai donc trouvé intéressant de faire une petite liste, qui pourra d'ailleurs évoluer, de projets sympas faits par des gens de Nolife ou qui ont été liés à la chaîne d'une façon ou d'une autre, et qui continuent leur vie sous d'autres formes. Car comme a dit Sebastien Ruchet, même si elle s'arrête, Nolife n'est pas un échec, car elle aura initié ou inspiré nombre de contenus qui continuent leur chemin après ça.

  • Les Oubliés de la Playhistoire ont certains de leurs épisodes sur la chaîne YouTube d'Omake books
  • Davy Mourier, présentateur et créateur de séries a écrit Reboot, une websérie plutôt intéressante dans laquelle des robots se prennent pour des humains dans un futur où ces derniers ont quasiment disparus.  Vous pouvez regarder la saison 1 ici, ainsi que la seconde par là.
  • Le Twitter de Catsuka continue de publier des news sur l'animation, ainsi que sur son site, comme il le fait depuis toujours en fait (l'émission sur Nolife en était une déclinaison télé).
    Avertissement : beaucoup de dessin animés dit "adultes" sont mentionnés sur son Twitter. Donc possible présence de sexe, violence, racisme, drogue et nourriture sur les œuvres présentées.
  • Médoc et Moguri continuent leur duo dans le Cosy Corner, un podcast sur tout et rien qui n'est pas, soyons honnête, le meilleur de la scène, mais qui se laisse bien écouter en fond.
  • J-One prend la continuation de la diffusion de Japan in Motion et Esprit Japon, deux émissions emblématiques de Nolife mais qui n'étaient pas directement produites par la chaîne (d'où leur passage chez la concurrence !). Bon, ça demande d'être abonné à un bouquet câble/satellite particulier, mais si vous avez cela sous le coude, ça peut valoir le coup.
  • Frenchnerd, dont fait parti Slimane (qui a présenté certaines des émissions évoquées plus haut), produit pas mal de séries de qualité (comme Le Visiteur du Futur). Je vous conseille notamment Les Opérateurs, première production des Nouvelles Écritures de France Télévision, qui a quelques années maintenant mais reste très bien menée.
  • Caroline Segarra, qui a présenté le J-top sur Nolife, a désormais une chaîne Twitch, vous pouvez la suivre là-bas.
  • Damdam, qui a beaucoup participé à Superplay, a également une chaîne Twitch ou elle live. Attention, ce n'est pas toujours très safe !
  • Tocotoco continue sur YouTube sur la chaîne Archipel.
  • Le 56Kast reste disponible sur Libération (certes, sur abonnement). Et vous pouvez suivre Erwan Cario sur Twitter (un compte de qualité).
  • Quelques émissions de Nolife sont encore disponibles sur Youtube, et devraient survivre à la chaîne.
  • Et bien sûr Noob, diffusée originellement sur Nolife est encore disponible sur leur site. Alors bon, on aime ou pas et ce n'est pas parfait, mais cela mérite quand même d'être cité, à mon sens.

Ces liens sont non exhaustifs mais ce sont, selon moi, les plus intéressants. Je mettrai probablement la liste à jour si de nouveaux contenus apparaissent ou que j'en trouve d'autres.
Personnellement, j'ai envie de dire merci à cette chaîne, qui s'en va mais qui laisse nombre de bons souvenirs, de jolis concepts ainsi que de gens cools.

 


Thank you for readi[N]g.

Par forky

Images extraites des émissions et du site officiel de Noco.

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