[Jeux Vidéo] Les Errances de Shark : Good Game Bad Game

Que recherchons-nous dans un jeu ? Question intéressante surtout lorsqu'on est devant le rayon jeux vidéo dans un magasin dont le nom importe peu et qu'on n'a pas l'argent pour acheter tout le rayon. Donc nous sommes là, hésitants, et il faut choisir ! Grande tragédie que cela ! Mais nous sommes raisonnables et savons que si nous prenons un jeu multijoueur celui-ci engloutira les restes fort maigres de notre productivité. Donc on se décide sur un jeu solo pour vivre une histoire extraordinaire. Et là, forcément, on se pose une question essentielle : qu'est-ce qui en fait un bon jeu ? Son scénario ou son gameplay ?

(introduction sponsorisée par les facilités scénaristiques)

Avant de commencer, je tiens à préciser que je ne parle que de certains types de jeux qui ont un aspect narratif très présent et avec du gameplay (Dishonored, Deus Ex), donc cela ne concerne pas ceux qui ont des interactions limitées comme les point and click.

bioshock_boxPour moi, une série de jeux symbolise bien ce que je souhaite démontrer : Bioshock, 1er épisode et Infinite. Bioshock est sorti en 2007 et fut un succès critique incontesté. Salué pour ses qualités artistiques, il nous narre la décadence et l'implosion de la cité sous-marine Rapture où le joueur débarque. Je ne vais pas vous faire toute l'analyse du jeu, cela pourrait faire trente pages assez aisément. Mais c'est un titre qui sait nous raconter une histoire sans avoir recours à des cinématiques, il a l’intelligence de tout nous raconter via son environnement. Les divers enregistrements que nous trouvons nous parlent du passé de la ville, ce que nous voyons nous fait comprendre jusqu'où elle est tombée. Vous avez compris, c'est parfait, il faut y jouer. Enfin parfait, pas vraiment. Étant habitué aux FPS, certaines choses m’ont gêné dans le jeu : le feeling des armes est mou - on tire avec des pistolets à bille -, elles sont déséquilibrées, certaines font autant de dégât qu'un lance-pierre tandis que d'autres One Shot. Les plasmides (pouvoirs) le sont aussi et on ne peut pas équiper ensemble une arme et un pouvoir alors qu'on nous pousse à faire des combos. En bref, même si le jeu est excellent, on ressent une certaine maladresse dans le gameplay.

tcvista_onlineBioshock Infinite lui, a un gameplay parfait : il corrige tous les défauts de son aîné et il utilise intelligemment le fait que Colombia soit une ville dans les airs. Le grappin qui permet de s'accrocher aux monorails et aux crochets donne une verticalité à l'expérience de jeu et les combats sont vraiment dynamiques et funs. Sauf que rien n'est réellement parfait et le jeu pâtit d'un scénario qui nous emmène dans les confins de l'incompréhension et de l'anti-climax. Qui plus est, certaines choses qui pouvaient paraître logiques dans Rapture le sont moins dans Colombia. Par exemple : du fait que Rapture est dans un état lamentable, on n'est pas étonnés de trouver de l'argent et des munitions dans les poubelles et les toilettes. Par contre, la même situation dans Colombia est plus saugrenue car elle censée être bien entretenue. Par ailleurs, dans le premier Bioshock les ennemis font très mal et le protagoniste, grâce aux plasmides, devient lui aussi une espèce de monstre et monte en puissance tandis que dans Bioshock Infinite Booker est dès le début un monstre : il massacre des soldats à la pelle sans problèmes. On notera par ailleurs qu'ils sont, en théorie, plus intelligents que les ennemis du premier jeu car ils ont toutes leurs capacités intellectuelles mais je doute que quelqu'un d’intelligent puisse foncer tout droit vers sa mort.

jaquette-fragile-dreams-wii-cover-avant-gComme vous pouvez le constater Bioshock Infinite a l'énorme défaut d'avoir une écriture assez brouillonne. Malheureusement pour moi, dans la série Bioshock je n'ai pas d'exemple de jeux avec un gameplay réellement atroce car pour le premier, il s'agit plus de maladresse facilement pardonnable qu'autre chose. Donc je sors de ma ludothèque Wii Fragile Dreams sorti en 2009. Nous suivons ici l'aventure du jeune Seto, explorant un monde post-apocalyptique où aucun humain n'a survécu. Il s'agit d'une espèce de jeu d'horreur assez léger puisqu'ici il n'est question que de fantômes et d'apparitions et il n'est pas bien violent. Fragile Dreams avait des idées de gameplay très intéressantes comme l'utilisation du haut-parleurs de la Wiimote pour détecter les fantômes ou le recours à la lampe torche. Après, le reste du gameplay fait mal, notre personnage est lourd et rigide rendant ainsi les combats éprouvants, l'exploration parfois imprécise et certains passages sont foncièrement lents. La gestion de l'inventaire est loin d'être optimisée en plus. Généralement, après un tel speech, vous vous attendez à ce que je dise qu'il faut fuir ce jeu ou bien le brûler avant qu'il ne se reproduise. Ce serait lui faire un bien mauvais procès. Il a une ambiance particulière, il nous plonge dans la solitude immense du personnage. Les bâtiments abandonnés et nos rares compagnons non-humains renforcent le sentiment de mélancolie. C'est un jeu réellement poétique qui nous pousse à réfléchir sur les souvenirs et la solitude. De plus, la rigidité des combats sert malgré elle car on contrôle un garçon pas très fort et qui n'est pas un combattant, donc on finit par avoir peur comme lui de se battre (même si ce n'est pas pour les mêmes raisons).

Nous avons vus ici 3 jeux différents, ce sont tous des très bons titres dans les faits mais avec une approche opposée de leur relation scénario/gameplay. Quand je pose la question à Bioshock Infinite pour savoir si le gameplay est plus important que le scénario, il me répond oui, démontrant que l'histoire se construit autour des interactions données aux joueurs. Fragile Dreams me dit l'inverse : l'expérience narrative doit être au centre de l’œuvre. Enfin, le 1er Bioshock me montre que l'on peut concilier les deux, que le mieux est de lier le fond et la forme. Le fait que le gameplay et la mise en scène forment un tout cohérent est ce qui permet de faire la différence entre un bon jeu et un excellent jeu pour moi.

Ce qui est intéressant à noter aussi c'est que j'ai fait cet article avec ma grille de lecture, mon prisme de réflexion sur un nombre de jeux assez limité : qu'en est-il de Mario ? De Super Meat Boy ? En réalité, il y a une multitude de façons de savoir ce qu'est un bon jeu, le problème principal étant qu'on ne peut pas tous les comparer. Comment suis-je censée juger Doom par rapport à Monkey Island ? Ça n'a aucun sens. On en vient donc à juger un jeu par rapport à ce qu'on attend de lui, rendant la définition du bon jeu multiple. Pour moi, ce qui est important, c'est donc une cohérence entre l'histoire et le gameplay mais pour vous ça peut être bien différent, à l'exact opposé même. Je laisse donc la question ouverte : qu'attendez-vous d'un bon jeu ?

La liste des avertissements de contenu des jeux:

  • Bioshok: Aiguille, Mort, Violence, Mutilation en tout genre, Drogue.
  • Bioshok Infinite: Violence, Mort, Militarisme, Racisme, Colonialisme, Torture psychologique.
  • Fragile Dreams: Mort, Violence.

Sur ce, cultivez-vous!

Sharksymphonie

 

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